Élisabeth Borne a rappelé que sur les trois dernières années, « plus d’un million d’enfants ont subi du harcèlement. » Image : Getty

« L’Éducation nationale est en première ligne, mais combattre le harcèlement dépasse les frontières de l’école » , a expliqué Élisabeth Borne au moment de présenter le nouveau plan interministériel de lutte contre le harcèlement à l’école mercredi 27 septembre 2023. Accompagnée des ministres qui ont participé à son élaboration, associant par ailleurs de manière inédite l’Éducation nationale, le Numérique, la Justice, l’Intérieur, la Santé, le Sport et les Solidarités sur la question du harcèlement, la première ministre a tenu à rappeler que « plus d’un million d’enfants ont subi du harcèlement ces trois dernières années. » Elle a également tenu à adresser un message de soutien aux victimes de harcèlement scolaire en leur affirmant qu’elles « ne sont pas responsables. »

Élisabeth Borne a ensuite dévoilé le slogan de ce nouveau plan interministériel dont certaines mesures avaient déjà fuité depuis quelques jours  : « 100% prévention, 100% détection, 100% solutions. »

Chaque signalement de fait de harcèlement fera désormais l’objet d’une saisine du procureur

Sur le volet prévention, la Première ministre explique qu’il faut « sensibiliser, expliquer, prévenir. » Ce plan prévoit par ailleurs la formation de toute la communauté éducative autour des sujets liés au harcèlement d’ici la fin du quinquennat. 

Elle a également annoncé que chaque signalement de fait de harcèlement fera désormais l’objet d’une saisine du procureur. La saisine sera « systématique » , selon les mots de la Première ministre, notamment grâce à une plateforme dédiée pour faire le lien entre l’Éducation nationale et la Justice. « Je souhaite également une saisine systématique des procureurs pour les plaintes » a précisé Élisabeth Borne.

Elle a ensuite laissé sa place au ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal qui a détaillé les mesures à venir. Il a officialisé le lancement des « cours d’empathie » , à l’image de ce qui se fait au Danemark où il s’est récemment rendu.  Dès janvier, « il y aura chaque semaine des cours d’empathie dans au moins une école pilote par département » a déclaré le ministre, avant de préciser que « ces cours seront ensuite généralisés dans toutes les écoles à la rentrée de septembre 2024. »

Il a également confirmé l’instauration d’une « grille d’autoévaluation » du harcèlement, qui sera proposée à tous les élèves dès le CE2 et qui sera adaptée à l’âge des répondants.

De nouvelles mesures contre le cyberharcèlement

Annoncée depuis plusieurs jours, l’exclusion des élèves harceleurs des réseaux sociaux a aussi été officialisée pendant cette conférence de presse. Pour les faits les plus graves, le téléphone portable du harceleur pourra être confisqué. Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti  a précisé que cette peine sera « décidée par la juridiction des mineurs. » Pour les faits les moins graves, un stage de citoyenneté avec un module spécialement orienté sur le harcèlement sera rendu obligatoire, dans une « visée réparatrice » , a ajouté le ministre de la Justice.

Par ailleurs, le gouvernement compte sur les plateformes comme Snapchat et TikTok pour « renvoyer les enfants et les adultes qui signalent des faits de harcèlement vers le 3018. » Ce numéro d’aide d’urgence sera à partir d’aujourd’hui dédié au cyberharcèlement. « Signaler est un geste civique » , a insisté le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, qui « invite les enfants, mais aussi tous les parents à télécharger » l’application 3018, qui existe déjà.

« Nous assistons ces derniers jours et ces dernières semaines à un tsunami de témoignages » , a affirmé Gabriel Attal. « Les témoignages de harcèlement, les alertes venant du terrain (…) ont été multipliés par trois ces dernières semaines par rapport à ce que nous connaissions en septembre 2022 […] Nous allons généraliser et simplifier la libération de la parole » a promis le ministre de l’Éducation nationale.