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Cela fait maintenant quelques années que la précarité étudiante ne cesse d’augmenter. Pour lutter contre ce phénomène, Jean-Christophe Combe (Ministre des Solidarités) et Sylvie Retailleau (Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche), ont annoncé dans un communiqué publié mardi soir, débloquer une enveloppe de 10 millions d’euros pour l’aide alimentaire aux étudiants, soit l’équivalent selon le gouvernement, de 300 000 colis alimentaires.

Avec l’inflation, cette situation ne devrait pas s’arranger à court terme. Aujourd’hui, ce sont des milliers de jeunes qui se retrouvent chaque soir dans de longues files d’attente pour un panier repas. Une situation que Jean-Christophe Combe ne souhaite pas voir se banaliser. « Il est indispensable de répondre à la situation de détresse rencontrée par de trop nombreux étudiants, à qui nous devons apporter le soutien nécessaire pour qu’ils puissent se concentrer sur leurs études« .

Cette enveloppe d’urgence est à destination des organisations qui agissent en faveur des étudiants les plus précaires. Dans le communiqué, Sylvie Retailleau explique que l’objectif est de « compléter l’offre alimentaire au plus près de leurs besoins, et de structurer les réseaux de distribution » , « en complément des mesures que nous avons mises en place dès la rentrée […] nous renforçons aujourd’hui le soutien aux associations pour amplifier la distribution de colis alimentaires« .

Une nouvelle aide en plus de celles de la rentrée…

Cette enveloppe de 10 millions d’euros « vient compléter les mesures déjà prises depuis l’été 2022 pour renforcer l’aide alimentaire d’une part, et le pouvoir d’achat des étudiants, d’autre part« . En effet, depuis la rentrée, l’État a déjà mis en place de nombreuses aides pour les étudiants en situation de précarité :

  • Une enveloppe complémentaire de 55 M€ déployée au début de l’automne pour l’ensemble des associations soit une multiplication par deux des crédits initialement prévus pour l’ensemble de l’année ;
  • La création d’un nouveau Fonds pour une aide alimentaire durable, inscrit dans le projet de loi de finances 2023 et doté de 60 M€, qui permettra de soutenir des achats de produits frais durables et sous labels de qualité pour les 4 millions de bénéficiaires de l’action des associations.
  • Le maintien de la tarification sociale des repas aux CROUS à 1€ pour les étudiants boursiers et précaires, et à 3,30€ pour tous les autres étudiants ;
  • La hausse de 4 % des bourses sur critères sociaux à la rentrée 2022, le versement d’une aide exceptionnelle de 100€ à plus d’1,5 million d’étudiants, ainsi que la revalorisation des APL de 3,5 % et le gel des loyers dans les résidences étudiantes.

Le gouvernement qui a tenu à rappeler dans son communiqué les aides déjà mises en place depuis l’été dernier, fait face à des retours plutôt mitigés de la part des associations étudiantes.

…mais malheureusement insuffisante

Les syndicats universitaires qui organisent certaines de ces distributions alimentaires jugent les ressources allouées bien trop insuffisantes. Le syndicat Alternative ESR déclare par exemple dans un communiqué : « Les distributions alimentaires ne sont pas autre chose qu’un moyen de pallier le désengagement d’un État défaillant« .

Interrogé par France Inter, un étudiant se confiait ainsi face à la précarité étudiante : « C’était d’abord une aide. C’est devenu indispensable. Ça ne devrait pas être normal de faire ça quand on fait des études. Mais sinon… Je ne peux pas payer mon loyer« . Une situation contre laquelle se bat Syvie Retailleau : « Aucun étudiant en situation de précarité ne doit se trouver sans réponse, c’est ma priorité depuis mon arrivée. »

Dans le communiqué du gouvernement, la ministre de l’Enseignement Supérieur et Jean-Christophe Combe annoncent qu’ils « réuniront les associations d’aide alimentaire et le CNOUS la semaine prochaine afin de préciser avec eux les modalités de déploiement de cette enveloppe exceptionnelle. »