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Article publié le 8 septembre, mis à jour le 7 octobre
Article du 8 septembre
Les fermetures en cascade des complexes aquatiques de la société privée “Vert Marine” ont beaucoup fait réagir. Politiques, associations, collectivités publiques et parents d’élèves condamnent tous une rupture du service public. Selon eux, ces fermetures auront « des conséquences directes pour l’ensemble des enfants et adultes qui ne pourront pas apprendre à nager », prévient la Fédération française de natation (FFN) ce mardi. Elle demande leur réouverture « immédiate ».

Quelles conséquences ?

Avec les fermetures des lieux et activités non essentielles pendant les confinements liés au Covid en 2020 et 2021, “une génération de 800 000 élèves n’a pas pu apprendre à nager” déplorent les professeurs d’EPS. Ces chiffres sont d’autant plus alarmants que selon la dernière enquête de Santé Publique France, entre juin et septembre 2021, on dénombre pas moins de 1480 noyades accidentelles en France, dont 27% mortelles. 
Une situation que le Syndicat National de l’Éducation Physique déplore dans un communiqué publié le 6 septembre. “Plus de 25 % des élèves entrant en 6ème ne savaient pas nager” en 2019 dénonce-t-il ainsi.

Des fermetures pas au programme…

Dans la circulaire de rentrée 2022, le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Sports ont pourtant mis un point d’honneur à intégrer davantage le sport dans le cursus scolaire. En particulier le “savoir-nager”, une compétence fondamentale définie dans les programmes. L’objectif est clair : prévenir les risques d’accidents et de noyade chez les moins de 15 ans.
Pour permettre aux élèves de construire les compétences attendues, l’Éducation nationale recommande 12 séquences d’apprentissage à l’école primaire, réparties sur un trimestre. Chaque séance doit correspondre à une durée optimale de 40 à 45 min de pratique effective dans l’eau. Dans le contexte actuel, cette mesure semble difficilement applicable.

Quelle suite ?

Les collectivités préparent désormais une riposte juridique. Le maire de Nogent le Rotrou, Harold Huwart était l’invité de l’émission TPMP mardi 6 septembre. Il a annoncé sur le plateau porter l’affaire en justice, et d’autres collectivités devraient bientôt suivre. La société “Vert Marine” assure quant à elle ne plus pouvoir payer les factures d’énergie et demande aux collectivités de désormais prendre en charge les coûts des infrastructures. Dans un communiqué publié le 5 septembre, la société explique que la facture est passée de “15 à 100 millions d’euros”, soit “la totalité du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise” et avoir placé “pour une durée temporaire […] les personnels en chômage partiel”. Le patron de l’entreprise “Vert Marine” Thierry Chaix a également déclaré à France Info : « Les piscines sont-elles vraiment essentielles dans un moment où l’énergie est si chère ? De toute façon, nous n’avons pas trouvé de meilleure défense que la fermeture. »

Pour le moment, et malgré des discussions qui durent depuis juin, aucune solution n’a été trouvée entre la société et les collectivités. Vert Marine affirme sur Facebook ne pas vouloir procéder à une multiplication des tarifs par trois.” et en appelle “aux instances locales et gouvernementales afin de prendre les décisions nécessaires et inédites pour revenir à des coûts supportables de l’énergie et permettre d’assumer les obligations de service public, et en premier lieu l’apprentissage de la natation notamment en milieu scolaire”. Parmi les solutions envisagées, la rénovation de vieux complexes permettrait d’optimiser la dépense d’énergie dans ces derniers. Mais certaines municipalités tentent de s’adapter.

Mise à jour du 7 octobre

Alors que plusieurs piscines publiques restent à ce jour fermées, la mairie de Nogent-sur-Marne a pris une décision radicale, indique TF1info : « La piscine olympique extérieure n’est plus chauffée et le port d’une combinaison thermique devient obligatoire. » L’eau est en effet à 19 degrés – au lieu de 26 antérieurement.