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« Un geste d’apaisement » : c’est ainsi que Sophie Vénétitay, secrétaire générale Snes-FSU, décrit pour 20 minutes la nomination de Pap Ndiaye à la tête du ministère de l’Education Nationale. Après cinq années de relations difficiles avec l’ex-ministre Jean-Michel Blanquer, les enseignants espèrent de cet universitaire une meilleure (re)connaissance de leur métier. L’enseignement : « un monde qui est le mien », a par ailleurs déclaré le nouveau ministre lors de la passation des pouvoirs ce vendredi 20 mai. Mais alors, qui exactement est Pap Ndiaye ?

Un spécialiste des minorités

Formé à l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, Pap Ndiaye est agrégé d’histoire. Il enseigne à l’l’EHESS (où il a réalisé son doctorat) ainsi qu’à Sciences Po Paris. Il est spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis – où il a étudié pendant plusieurs années – et des minorités. Frère de l’écrivaine Marie Ndiaye, il est l’auteur d’ouvrages dont l’essai « La condition noire, essai sur une minorité française » paru en 2008.

Le profil de Pap Ndiaye semble ainsi en rupture avec celui de Jean-Michel Blanquer, qui avait fait de la pensée « woke » une ennemie de la pensée républicaine. Pourtant, Pap Ndiaye se dit « plus cool que woke » lors d’une interview accordée à M le mag. Il dit néanmoins partager « la plupart de leurs causes. »

Directeur général de la Porte-Dorée

L’année dernière, Emmanuel Macron choisissait déjà Pap Ndiaye pour prendre la tête du Palais de la Porte-Dorée, et par le même coup du Musée national de l’histoire de l’immigration. Un poste qui permet à l’historien de « faire de l’immigration un élément central de l’histoire nationale », avait-il confié au Monde.

Quelle politique pour l’école ?

Socialiste et « pur produit de la méritocratie républicaine » selon ses mots, on peut s’attendre à ce que Pap Ndiaye oeuvre pour une école publique forte, et revienne sur les « dysfonctionnements introduits par Blanquer » comme l’espère le SNEP-FSU. Parmi les sujets sur lesquels le ministre est le plus attendu : la revalorisation des salaires, le recrutement des enseignants, mais aussi des sujets plus spécifiques comme la réintroduction des mathématiques dans le tronc commun des lycéens ou l’augmentation des heures d’EPS.

Néanmoins, syndicats et enseignants craignent une politique dans la lignée de ce qu’a commencé Jean-Michel Blanquer, souvent jugée trop libérale par la communauté éducative.

 « Le programme électoral d’Emmanuel Macron en matière d’Education a suscité beaucoup de réactions négatives chez les enseignants. Notamment les mesures concernant l’autonomie des établissements ou le travailler plus pour gagner plus. Va-t-il l’appliquer à la lettre ou aura-t-il des marges de manœuvre pour imprimer sa patte ? »

Sophie Vénétitay, secrétaire générale Snes-FSU, pour 20 minutes

Cette crainte est renforcée par la nomination de Jean-Marc Huart, de la Dgesco, comme directeur de cabinet.