La dernière conférence T’éduc d’Universcience porte sur la transmission des savoirs dans les pratiques de culture populaire. Des vidéos de vulgarisation aux programmes de sciences participatives, plusieurs intervenants ont analysé ces formes de médiation qui tendent à rendre accessible au grand public les connaissances scientifiques.

Sur YouTube, un ton décalé

Sur YouTube, dès 2014, un certain nombre de « vulgarisateurs culturels » et scientifiques sont apparus. En France, on peut par exemple citer la chaîne DirtyBiology, ou – pour les sciences humaines et sociales – la chaîne C’est une autre histoire de l’historienne et vidéaste Manon Bril.

En 2017, le CNRS lui-même a créé sa chaîne, Zeste de science, avec une volonté : proposer du contenu scientifique rigoureux en s’adaptant aux codes de la culture populaire et de la plateforme YouTube.

Travaillant pour cette chaîne, Sébastien Chavigner explique avoir fait appel à l’expertise des chercheurs et à celle de professionnels de la médiation scientifique (comme des vidéastes expérimentés). Il insiste sur l’importance de donner une image plus légère au monde scientifique : en montrant les « coulisses » de la recherche grâce à des reconstitutions d’expériences, ou encore en adoptant un ton humoristique.

« Le CNRS a une image un peu institutionnelle qui nécessitait d’aller sur le terrain de l’humour »

Sébastien Chavigner, rédacteur en chef multimédia de CNRS Images

Bars scientifiques

Pint of Science est un festival de communication scientifique qui organise des rencontres entre public et chercheurs, dans un cadre informel – à savoir dans les bars du monde entier (en ligne depuis la crise sanitaire). Pour Elodie Chabrol, fondatrice de Pint of Science France, il s’agit également de démystifier la figure du scientifique :

« Faire discuter le public et les chercheurs d’égal à égal sur leur parcours, leurs conditions de travail… Cela permet de montrer l’humain derrière le chercheur »

Elodie Chabrol

Elodie Chabrol a également présenté On the Moon Again, un évènement mondial qui a lieu chaque année, et qui a pour but de proposer au grand public d’observer la Lune à travers des télescopes – parfois directement dans la rue. Ce dispositif permet d’aller à la rencontre d’un public très hétérogène et de relier la pratique des sciences au réel.

https://twitter.com/pintofscienceFR/status/1373932114412994560

Les sciences partipatives

Les sciences participatives, quant à elles, consistent à impliquer tous ceux qui le souhaitent dans la production de connaissances scientifiques. Parmi les programmes évoqués lors du webinaire, on retrouve l’Observatoire des saisons ou Vigie-nature, qui invitent les participants à observer la biodiversité et ses évolutions, notamment face au changement climatique.

Vigie-ciel est un autre programme de sciences participatives, qui s’intéresse aux étoiles filantes, de l’astronomie à la géologie. Lors de l’apparition d’un bolide atmosphérique le 27 février dernier, les participants Vigie-ciel ont pu partir à la recherche de la météorite dans la zone qui avait été calculée comme son point de chute.

Pour Anne Dozières, qui travaille chez Vigie-nature, les sciences participatives font évoluer les compétences des participants, qui ont alors un regard plus attentif sur leur environnement et adoptent souvent un comportement plus éco-responsable.

Et pour la classe ?

Ces nouvelles formes de transmission peuvent servir de supports à l’enseignement. C’est l’une des ambitions de Vigie-nature, qui reçoit environ 400 classes chaque année pour sensibiliser à la démarche scientifique. Pour les enseignants, souligne Anne Dozières, le fait d’emmener les élèves sur le terrain grâce aux sciences participatives peut rendre l’enseignement scientifique plus concret.

Concernant la vulgarisation, Antoine Fournier, professeur de SVT en lycée et YouTubeur scientifique via sa chaîne Biosfear, encourage ses élèves à se cultiver par eux-mêmes, en dehors des cours, à travers ces contenus. Une autre enseignante présente lors du webinaire témoigne : elle a créé un blog pour ses élèves, qu’elle alimente en vidéos de vulgarisation.

Certains contenus de médiation scientifique s’adressent par ailleurs aux enseignants : c’est le cas des Billes de sciences de la fondation La main à la pâte.

Le compte-rendu complet du webinaire sera bientôt disponible sur le site de la Cité des Sciences.

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