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Parmi les webinaires T’éduc organisés par Universciences, celui du 20 janvier posait la question de l’enseignement du changement climatique et de ses enjeux.

La discussion, animée par une journaliste scientifique, faisait notamment intervenir Mathilde Tricoire, responsable pédagogique de l’Office for Climate Education (OCE) et Nicolas Demarthe de l’association La main à la pâte, ainsi que plusieurs enseignants.

Les deux organisations œuvrent pour l’enseignement des sciences, et en particulier pour l’éducation au changement climatique par la pédagogie active. Pour cela, l’OCE produit des activités et des ressources utilisables par les enseignants, comme des rapports du GIEC synthétisés et simplifiés.

Action concrète et pédagogie active

La notion de pédagogie active a été centrale au cours du webinaire : plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de sensibiliser les élèves en les impliquant dans des actions concrètes.

C’est le cas par exemple de Guillaume Chevallier, professeur de physique-chimie au lycée franco- allemand de Fribourg-en-Brisgau, qui a mis en place une newsletter et un forum pour faire découvrir à ses élèves des projets de « citoyenneté terrestre » menés dans d’autres établissements. Il insiste sur l’importance du temps accordé aux élèves pour réaliser leurs propres initiatives.

The schools challenge, un projet des Savanturiers, a pour but de travailler sur des actions de développement durable, avec les établissements scolaires locaux et les collectivités.

Nicolas Demarthe, lui, vante les mérites de l’action et du débat pour lutter contre l’éco-anxiété, angoisse liée au changement climatique qui affecte beaucoup de jeunes. Mener des projets concrets et collectifs permet pour lui de ne pas intérioriser et individualiser le problème, et d’avoir un cadre pour agir – et donc éviter de subir.

Sur ce sujet, Mathilde Tricoire précise qu’il est nécessaire de laisser les élèves exprimer leurs émotions face à la question climatique. La responsable pédagogique de l’OCE conclut : l’éducation au changement climatique consiste en grande partie à enseigner aux élèves leurs propres champs d’action face au phénomène (y compris juridiques, sociaux, politiques) et se rapproche en cela de l’éducation morale et civique.

L’importance de la pluridisciplinarité

Plusieurs intervenants rappellent que le changement climatique est un sujet pluridisciplinaire par nature : les sciences, le droit, l’éducation civique, mais aussi la philosophie ou la littérature peuvent en faire un objet pédagogique.

Noémie Garrigoux, de l’association Notre affaire à tous, coordonne des groupes de travail sur la justice climatique. L’association sensibilise les plus jeunes aux pans sociaux et juridiques du changement climatique, en les initiant notamment au droit des entreprises, au droit international, à la notion de « droit à la vie »… et en développant leur esprit critique par des débats mouvants, par exemple.

Le professeur de français et rédacteur aux Cahiers pédagogiques Jean-Michel Zakhartchouk invite les professeurs de sa discipline à travailler sur le récit du changement climatique, à se servir de l’imaginaire pour sensibiliser les élèves à la question.

Former les enseignants

Le travail de l’OCE et de La main à la pâte comprend aussi la formation des enseignants. Pour que les ceux-ci puissent eux-mêmes intégrer la question climatique dans leur programme, et pour éviter une fracture générationnelle – comme l’indique Benoît Marienval, de l’association La fresque du climat – il est nécessaire de leur donner les outils nécessaires à ce nouvel enseignement.

Pour cela, les professeurs de toutes disciplines peuvent s’appuyer sur les ressources scientifiques de l’OCE pour se former et sensibiliser à leur tour leurs classes.

L’action des éco-délégués dans les établissements scolaires a également été évoquée, et reste à exploiter pour approfondir l’engagement des lycéens pour le climat.