Pauline Brionne

Quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire sur la situation des organisateurs de voyage scolaire ?

Pour les organisateurs de voyages scolaires et éducatifs, la crise a véritablement commencé le 1er mars, lorsque le gouvernement français a interdit tout voyage scolaire à l’étranger. Ce dimanche-là, nous avons même dû faire revenir des groupes qui étaient déjà en route, et dont les professeurs nous appelaient, affolés, pour savoir quoi faire l’interdiction du gouvernement venant de tomber. 

Au départ nous pensions que ce serait de courte durée. Mais le confinement a été décrété à partir du 17 mars, et tout le reste des voyages s’est annulé également. C’était d’autant plus grave que pour les organismes de voyages scolaires, les mois de mars, avril et mai sont les plus importants. 

Avec la situation, nous avons ensuite dû annuler les voyages reportés sur les mois de mai et juin, ainsi que les quelques séjours prévus début juillet ou fin août. Pour Envol espace, cela représentait 700 voyages annulés, du 1er mars jusqu’à fin août, c’est-à-dire les quatre cinquièmes de notre année.  Certains groupes avaient demandé à reporter leur voyage entre septembre et décembre. Nous espérions qu’en septembre, l’épidémie serait quasiment finie. Or ce n’est pas le cas…

Vous avez récemment écrit une lettre au ministre de l’Education nationale. Que lui reprochiez-vous ?

À partir du 1er mars, tous les voyages scolaires à l’étranger ont été interdits ou suspendus, sans date de reprise indiquée par le ministère. Même en juin et juillet, où nous sentions une amélioration, nous n’avions toujours pas de réponse claire de la part du gouvernement, pour savoir à quelle date les voyages allaient à nouveau être autorisés. Il a fallu que nous attendions fin août/début septembre pour que le ministère, dans sa FAQ de rentrée, indique que la mobilité était de nouveau possible. Mais en discutant avec les chefs d’établissements, que nous avons eus au téléphone à partir de la rentrée, nous nous sommes aperçus que beaucoup pensaient que les voyages étaient encore interdits. La communication de la part du ministère de l’Education nationale a été très mauvaise. De plus, encore aujourd’hui, beaucoup de rectorats informent les établissements, de façon officieuse, que les voyages scolaires ne seront pas validés cette année.

L’Office a publié une vidéo pour inciter les jeunes à repartir en séjour long à l’étranger. La situation sanitaire touche-t-elle également ces derniers ?

Les séjours longs sont des voyages lors desquels les jeunes partent faire un trimestre, un semestre ou une année scolaire à l’étranger. Même si le pays de destination impose une quatorzaine, ce n’est pas un problème. Le jeune peut quand même partir, effectuer sa quatorzaine et ensuite intégrer les cours dans l’établissement scolaire d’affectation.

Dans le Groupe CEI auquel appartient Envol Espace, nous avons une branche dédiée aux séjours longs qui a ainsi réussi à assurer 50 % des voyages prévus. Nous avons même pu envoyer des jeunes aux États-Unis ou en Irlande, malgré les difficultés. 

Quel impact aurait un nouveau confinement sur votre activité ?

Un nouveau confinement nous obligerait à reprendre le télétravail que nous avions abandonné en septembre dernier, le contact avec l’équipe étant primordial pour soutenir le moral et avancer.

Ce nouveau confinement ne serait pas une gêne en soi puisque jusqu’à fin décembre, il ne va plus se passer grand chose pour les voyages scolaires. Cela ne nous empêchera pas non plus de continuer à envoyer des propositions de devis et programmes, de réserver des prestations pour des voyages à partir de mars 2021. Des voyages sont possibles, notamment en France, en respectant les consignes sanitaires, le couvre-feu et en voyageant sur les jours de semaine, puisque les établissements scolaires devraient rester ouverts.

En Normandie, par exemple qui est beaucoup moins touchée par l’épidémie que la région parisienne, et où il y a beaucoup de sites en extérieur. Des rallyes-jeux y sont organisés. Nous rencontrions récemment l’une des guides conférencières de la région, qui propose de faire une randonnée sur les sites du Débarquement. Il existe également de plus en plus de programmes de retour vers la nature. Revisiter simplement les sites naturels de sa région, avec ses élèves, peut aussi être une très bonne idée !

Nous espérons tous qu’au printemps, cette épidémie de la Covid 19 ne dissuade plus les recteurs d’académie de laisser sortir les élèves des établissements scolaires et d’apprendre au travers de visites éducatives tournées vers l’environnement entre autre. Il en irait de la survie de nos organismes si nous devions faire une seconde année avec une activité quasi nulle.