Quels sont les objectifs du collectif AESH/AVS en action ?

Le collectif a été monté en 2015. Nos membres sont des AESH, des parents et des enseignants, mais aussi des membres d’associations liées au handicap. Ses objectifs sont d’abord l’information, le partage et les échanges entre membres, car beaucoup d’AESH sont particulièrement isolés. Au-delà, le but est également de communiquer avec les politiques et les médias.

Nous tenons à jour depuis septembre dernier un dossier de témoignages d’AESH sur différents aspects de leur métier. Ces témoignages sont édifiants et se recoupent sur plusieurs points : précarité, absence de reconnaissance et de considération, entre autres. A la rentrée de septembre, par exemple, un grand nombre d’AESH s’est retrouvé sans salaire, et ne pouvait plus payer ni loyer ni moyen de transport pour venir au travail…

« Nous sommes le 1er octobre et ma paie n’est toujours pas là personne ne répond au mail ni au téléphone. Ma banque a bloqué mon compte le temps que ma paye arrive pour éviter que je dépasse mon rouge. Impossible pour moi de faire ma carte de bus et donc d’aller travailler…. mes factures commence à tomber je fais quoi? »

Témoignage anonyme d’AESH

Avez-vous rencontré de telles difficultés pour la rentrée de mai ?

Nous n’apparaissions nulle part dans le protocole sanitaire pour la réouverture des établissements scolaires. Il n’y avait eu aucune anticipation pour les AESH. Nous avons repris le 11 sans protocole adapté pour les élèves en situation de handicap et les accompagnants. Les syndicats l’ont pointé tout de suite, et le ministère a accepté de sortir un protocole spécifique AESH, le 11 en fin d’après-midi. Mais nous avions déjà eu la réunion de pré-reprise, donc niveau matériel de protection par exemple, rien n’avait été prévu pour nous ! Les livraisons faites dans les établissements ne tenaient pas forcément compte des AESH, par exemple pour les masques. Alors que pour nous, il est souvent impossible de respecter la distanciation d’un mètre avec l’élève que l’on suit. Beaucoup d’AESH ont donc dû, avec leur petit salaire, acheter elles-mêmes visières, blouses ou gants !

Il n’y a eu aucune anticipation non plus pour la reprise des élèves en situation de handicap. Cela a mis en souffrance un grand nombre d’entre eux, les élèves autistes par exemple. Du coup, beaucoup de parents n’ont pas souhaité remettre leurs enfants à l’école dans un contexte aussi flou, et ils n’ont pas repris.

Enfin, depuis la reprise, nous assistons à un bond en arrière au niveau des tâches demandées aux AESH dans les écoles. Certaines ont dû participer à l’entretien des locaux ou faire les cantinières, par exemple.

Un communiqué intersyndical portant les revendications des AESH est sorti il y a quelques jours. Que dénonce-t-il ?

De façon unitaire, les syndicats dénoncent un statut quo inacceptable pour les AESH. Ils relèvent qu’il n’y a pas de respect de l’intégralité des notifications des accompagnements. Tout cela est purement budgétaire bien sûr, mais on traduit cela en crachant sur le travail effectué par les AESH en prétendant que plus ils sont présents, moins l’enfant peut devenir autonome, ce qui est complètement contraire au bon sens. On devrait plutôt, dès le plus jeune âge, leur donner l’accompagnement maximum.

Ils relèvent également que malgré leur demande, les AESH restent majoritairement en temps incomplet. D’après le bilan social du ministère de l’Education nationale, 1% des CDD des AESH sont à temps plein. Sur les CDI, il y a 4% de temps plein. A mettre en parallèle avec les annonces publiques faites par le ministère, prétendant qu’il a contribué à déprécariser la profession ! Notons qu’à temps plein, un AESH, après 18 à 21 ans de carrière, sera à environ 1 381 euros net par mois pour 41h par semaine… Sachant que 84 % sont de niveau Bac et plus, dont 24 % Master à Master 2 ! Nous n’avons même pas la rémunération d’une personne ayant arrêté ses études en fin de 3e. Personnellement, au bout de 12 ans, je gagne 830€ par mois en faisant 29h par semaine en présentiel.

« Une grande majorité des personnes a choisi ce métier pour aider les enfants des autres, et non pas pour les vacances qu’elle passe bien souvent à essayer de trouver des boulots annexes pour ne pas crever de faim. »

Témoignage anonyme d’AESH

Que faudrait-il selon vous pour améliorer la situation et la reconnaissance envers les AESH ?

Avant tout, un statut au sein de la Fonction publique. Ça représente la base de la reconnaissance de notre valeur professionnelle. Rien n’évoluera tant que nous serons dans des contrats faits de bricolage, avec une grille à part, avec des conditions à part. Le statut Fonction publique est un cadre. Il permet les formations qualifiantes, les concours et l’accès à la formation continue. Cela nous promet également de nous faire entrer dans une grille salariale sérieuse et fiable.

Cela évitera aussi que les AESH soient mis face aux élèves sans expérience ni formation sur les types de handicap. Certains viennent de la restauration et on leur attribue des élèves ayant des troubles du comportement, parfois suicidaires ! Sans aucune proposition de formation. Personnellement j’ai dû me payer, avec mon propre argent, ma formation sur les troubles du spectre de l’autisme !

« Je vis un enfer depuis la rentrée et aujourd’hui je suis en arrêt. A bout de force psychologique… J’apprends que mon affectation a changé depuis 2 semaines au sein du PIAL pour me soulager.. Sauf que je n’étais pas au courant. La directrice ne m’a rien dit.. J’ai subi les coups les morsures les crachats… 2 accidents de travail… Alors que je n’aurai pas dû être avec cet enfant. »

Témoignage anonyme d’AESH