Pouvez-vous présenter le CNED en quelques mots ?

Le CNED est connu comme un établissement d’enseignement à distance qui a deux missions :

  • la scolarisation, de la maternelle à la terminale, des élèves « empêchés » : malades, porteurs d’un handicap, enfants du voyage, enfants artiste ou sportifs de haut niveau.
  • la formation des adultes et des jeunes, et notamment la formation professionnelle continue.

En ce qui concerne sa mission de scolarisation, le CNED, traditionnellement « à côté » de l’école, est passé ces dernières années « aux côtés » de l’école. Par exemple, cette année, le ministre a souhaité que les lycéens dont l’établissement ne propose pas la spécialité qu’ils souhaitent puissent la suivre à distance avec le CNED.

Pouvez-vous parler de Ma classe à la maison, le dispositif mis en place pour assurer la continuité pendant la fermeture des écoles ?

Ma classe a la maison n’a pas du tout été prévu dans le cadre du coronavirus. Depuis plusieurs années, nous réfléchissons à des solutions d’accompagnement de situations de crise car nous sommes ponctuellement sollicités dans ce cadre. Cela s’est produit par exemple au moment de l’ouragan Irma, ou lorsqu’un lycée de l’académie de Créteil a fermé parce qu’il contenait de l’amiante. Nous avons donc réfléchi à la mise en place d’une plate-forme qui pourrait être activée dans les 24h en cas de besoin. C’est comme ça qu’est née Ma classe à la maison. Nous l’avons montée en 4 semaines en janvier et nous avons été rattrapés par l’actualité, puisque le 4 février, les établissements français de Chine nous demandaient une solution pour assurer la continuité pédagogique pendant leur confinement.

Le 2 mars, quand le ministre nous a annoncé la fermeture des établissements scolaires de l’Oise, nous leur avons ouvert cette plate-forme. Et le 16 mars, nous avons généralisé à la France entière.

Que propose la plate-forme ?

Ma classe a la maison propose quatre semaines d’activités pédagogiques pour les élèves de la petite section à la terminale, dans pratiquement toutes les filières, dont l’enseignement professionnel et les Segpa. Les activités proposées sont centrées sur le premier et second trimestre. Il s’agit donc davantage de révision et de renforcement de compétences, car nous pensons que l’acteur majeur de la continuité pédagogique est l’enseignant.

Nous avons également doublé la plate-forme d’un dispositif de classe virtuelle. Nous commençons d’ailleurs à voir émerger des usages très diversifiés : certains l’utilisent comme une classe en présentiel avec des cours, des interactions avec les élèves. D’autres, surtout dans le premier degré, l’utilisent pour recréer le lien social avec leurs élèves. Afin que dans cette période anxiogène pour eux, ils puissent voir leur maîtresse, leur maître ou leurs camarades de classe, et constater que l’école est toujours là, près d’eux.

L’enseignant peut très bien utiliser les parcours Ma classe a la maison et la classe virtuelle complétés par ses ressources à lui : ENT, ressources proposées par les académies… c’est cette créativité et cette inventivité qui aujourd’hui sont importantes !

Qu’est-il prévu pour les enfants qui n’ont pas de connexion internet ?

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Tous nos supports sont téléchargeables, les PDF comme les activités interactives, de manière à pouvoir travailler hors-ligne. Nous avons aussi rendu nos parcours imprimables, afin que localement, les parents puissent s’organiser pour imprimer les supports quand c’est nécessaire, et que l’élève puisse travailler dessus sans être en permanence devant l’écran.

La plupart de nos supports sont également responsive et peuvent donc être consultés sur téléphone ou tablette. Même quand des familles n’ont pas de connexion internet, elles disposent souvent d’un smartphone avec un forfait.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux enseignants et familles ont signalé des problèmes techniques sur les outils en ligne. Qu’en est-il ?

Nos deux plateformes (Ma classe à la maison et Classe virtuelle) n’ont jamais connu de rupture de service depuis le début. Le seul désagrément que l’on a connu a été le temps de retour du mail de confirmation d’inscription. Il fallait parfois attendre quelques heures pour que le lien arrive dans les boîtes mail. Aujourd’hui, ce problème est réglé.

On nous a aussi reproché de ne pas respecter les règles RGPD. C’est totalement faux. Sur la plate-forme, les élèves ne laissent pas de données personnelles et sur la classe virtuelle, aucune donnée personnelle n’est échangée. De plus, tous nos serveurs sont hébergés en Europe, donc nous sommes parfaitement conformes au RGPD.

étudiante sur un ordinateur
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Pensez-vous que les profs ont été suffisamment formés à ces outils ?

Enseigner à distance est totalement différent d’enseigner en présentiel. Dès que nous avons proposé la classe virtuelle, nous avons mis à disposition des tutoriels, à la fois techniques pour qu’il n’y ait pas de problème de prise en main, mais aussi pédagogiques. Par exemple, pour éviter le « chahut numérique » (des personnes extérieures qui s’invitent dans une classe virtuelle), nous conseillons à l’enseignant d’envoyer le lien de la classe virtuelle uniquement par l’ENT. Pour éviter que les élèves ne diffusent le lien sur les réseaux sociaux, il existe une fonction qui permet à l’enseignant de réinitialiser le lien, juste avant le début de la classe virtuelle.

Ces tutoriels sont disponibles sur l’interface de l’enseignant dans Ma classe à la maison, sous l’onglet Classe virtuelle. Des documents d’accompagnement sont également disponibles sur le site Eduscol.