Le CNRS a lancé en mars dernier une grande consultation nationale afin de comprendre le rapport qu’entretiennent les Français avec les mathématiques. Au total, entre mars et juillet 2025, ce sont plus de 33 000 personnes qui ont participé à une consultation en ligne, complétée par 40 ateliers organisés sur tout le territoire.
L’enquête a réuni plus d’un million de contributions, ce qui fait de cette initiative l’une des démarches participatives les plus étendues jamais conduites par le CNRS. Ce lundi 8 décembre, les résultats de l’enquête ont été publiés, plus de deux tiers des Français considèrent que les mathématiques sont une matière sélective dès l’école.
Les mathématiques, un marqueur d’inégalités
« 76 % des personnes participantes constatent des discriminations dans ce domaine« . Cet échantillon estime que l’apprentissage des mathématiques est plus accessible dans les établissements disposant de plus de ressources éducatives ou d’un encadrement renforcé. À l’inverse, son apprentissage est moins propice dans les établissements des quartiers défavorisés ou ruraux. Cette différence s’explique par un éloignement des services périscolaires en zones rurales ou encore des lieux de médiation moins accessibles. Pour un des répondants « grandir en milieu modeste, c’est sentir que certaines filières ne sont pas faites pour toi ».
Les discriminations concernent également le rapport hommes / femmes. 26 % des femmes interrogées ne se sentent pas à l’aise avec les mathématiques contre seulement 10 % chez les garçons. Stanislas Dehaene, neuropsychologue, professeur au Collège de France, tente d’expliquer ce phénomène. Sur France Inter, il déclare que les garçons seraient plus interrogés par les professeurs tandis que les filles seraient davantage réceptives à l’anxiété de leurs professeurs.
Une discipline au centre de tout
Bien que les Français comptent parmi les moins bons en maths en Europe, la plupart lui reconnaît un caractère utile. 79 % des répondants à la consultation soulignent le rôle central et nécessaire des mathématiques dans le développement (scientifique, économique et démocratique) du pays, et la grande majorité lui reconnaît un rôle moteur dans l’innovation. Enfin, plus des deux tiers affirment que les mathématiques sont utiles dans leur vie quotidienne.
Le problème c’est que leur manque d’aisance vis-à-vis de la discipline les poussent à commettre des erreurs ou à négliger volontairement certaines situations du quotidien. Certains sondés ont affirmé qu’ils préféraient «perdre de l’argent plutôt que de vérifier un ticket de caisse trop compliqué ». Afin de corriger ces lacunes, certains interrogés ont émis le souhait de reprendre l’apprentissage des mathématiques.
Désacraliser la discipline
Cette enquête n’a pas comme unique vocation de recueillir des données et de présenter des statistiques. Le CNRS propose des pistes de réflexion et des lignes directrices afin de redonner aux mathématiques une place prépondérante au sein de la société française. Une des premières propositions serait de désacraliser la discipline. Pour ce faire, le centre de recherche souhaite offrir des « opportunités pour renouer avec les mathématiques à tout âge, notamment à travers des dispositifs de formation pour adultes ».
L’objectif est aussi de rendre la discipline plus inclusive, le CNRS en a d’ailleurs fait une de ses orientations prioritaires. Le centre de recherche déclare vouloir « soutenir des actions qui réduisent les inégalités de genre, sociales et territoriales en mathématiques en agissant sur les représentations, et en favorisant la participation des femmes et des publics éloignés ».
Enfin, le CNRS souhaite développer une culture mathématique. Afin de parvenir à ce résultat, le centre de recherche suggère une meilleure lisibilité et visibilité autour de la recherche scientifique. Le CNRS propose également de mettre l’accent sur la vulgarisation, celle-ci est devenue centrale dans l’apprentissage scolaire. Certaines initiatives commencent à apparaître : Lumni, la plateforme de l’audiovisuel public, a par exemple lancé une série éducative dédiée aux CM2-6e, intitulée « C’est mathématique ».
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