À partir de la rentrée 2025, tous les enseignants devront suivre une sensibilisation de deux heures aux biais de genre. Image : Getty

Aujourd’hui, les filles représentent 42 % des élèves en terminale générale à suivre la spécialité mathématiques. Mais elles ne sont que 25 % à intégrer ensuite des formations supérieures menant aux métiers de l’ingénierie et du numérique. Une proportion qui n’a pas évolué depuis vingt ans. Pour inverser la tendance, un rapport des inspections générales des finances et de l’Éducation nationale a été remis à Élisabeth Borne. En effet, les stéréotypes de genre, présents dès le début de la scolarité, freinent les ambitions scientifiques des filles.

Dès le CP, leur appétence pour les mathématiques commence à décroître par rapport à celle des garçons. Face à ce constat, la ministre de l’Education nationale a annoncé aujourd’hui un plan d’action intitulé  » Filles et maths » décliné en trois volets, l’objectif : mobiliser la communauté éducative et les familles.

Former les enseignants aux stéréotypes de genre

Le premier pilier de ce plan, c’est la formation des personnels éducatifs. À partir de la rentrée 2025, tous les enseignants devront suivre une sensibilisation de deux heures aux biais de genre, avant le 15 septembre. Cette intervention sera animée par les chefs d’établissement ou référents égalité, formés au préalable. De plus, des données statistiques propres à chaque établissement seront utilisées pour analyser les écarts filles/garçons, en particulier dans le choix des spécialités au lycée.

Un plan de formation pluriannuel est également prévu pour les professeurs des écoles et de mathématiques du second degré. Objectif : les aider à identifier et à éviter les pratiques involontairement discriminantes, dans les interactions en classe comme dans les appréciations écrites. Une charte de lutte contre les stéréotypes sera aussi affichée dans toutes les salles des professeurs.

Objectif : 30 000 filles de plus dans la spécialité maths d’ici 2030

Le deuxième pilier vise à renforcer la présence des filles dans les enseignements scientifiques. Le ministère souhaite qu’en 2030, 30 000 filles de plus aient choisi et conservé la spécialité mathématiques entre la première et la terminale, soit 5 000 supplémentaires chaque année à partir de 2025. Cette cible sera intégrée dans les objectifs des chefs d’établissement. En plus, des « classes à horaires aménagés » en 4e et en 3e, en mathématiques et sciences, seront expérimentées dès la rentrée 2025 dans cinq académies (Amiens, Bordeaux, Martinique, Nancy-Metz et Normandie), avec des effectifs composés d’au moins 50 % de filles.

Le plan s’étend aussi à l’enseignement supérieur : les classes préparatoires scientifiques devront compter au moins 20 % de filles dès la rentrée 2026, et 30 % en 2030. Le gouvernement prévoit également de féminiser les équipes pédagogiques en prépa, avec un objectif de 30 % de femmes parmi les nouvelles nominations.

Susciter des vocations dès le collège

Le troisième pilier repose sur l’augmentation des rencontres avec des femmes exerçant dans les domaines scientifiques et techniques. Chaque élève, de la 3e à la terminale, bénéficiera d’une rencontre par an avec une « rôle modèle ». Des associations, étudiants et branches professionnelles seront mobilisés pour intervenir dans les établissements. Ce dispositif sera expérimenté à la rentrée 2025 dans des académies volontaires, avant une généralisation prévue en 2026.

Alors que la France manque chaque année de 20 000 ingénieurs et de 60 000 techniciens, le plan « Filles et maths »  devrait répondre à un double enjeu : favoriser l’égalité entre les filles et les garçons, mais aussi, répondre aux besoins croissants du pays en compétences scientifiques.