Alors que la période de révision des affectations des enseignants stagiaires (lauréats des concours enseignants 2024, titulaires d’un M2, devant effectuer une année de stage pour être titularisés ndlr) pour la rentrée 2024 vient de s’achever, le SNES alerte, dans un communiqué, sur leur désarroi. « Les militant·es du SNES-FSU répondent à des centaines de mails et d’appels depuis le 28 juin. Des centaines de lauréat·es, probablement, ont, cette année encore, contesté leur affectation auprès du ministère » indique ainsi le syndicat. Qui précise que « la plupart reçoivent une réponse de refus stéréotypée, sans aucun élément d’appréciation. »
Le syndicat ajoute que « pour les futur·es enseignant·es, CPE et Psy-EN, les débuts dans la carrière sont parfois très brutaux », et que cela risque d’engendrer des démissions au cours de l’été.
« Une telle violence »
Les enseignants titulaires ne sont pas épargnés par le problème des affectations, comme en témoignent ces deux enseignantes, qui ont décidé de quitter l’Education nationale :
Je comptais déjà partir, je crois que je vaux mieux que ce que l'éducation nationale fait de nous.
— Schnappi (@InfernoSchnapp) July 12, 2024
Je ne pensais cependant pas partir dans une telle violence.
Image d’accueil : Getty
Je trouve ce système complètement anormal d envoyer les professeurs à des centaines de kilomètres de chez eux voire à l autre bout de la France. A mon avis c est la raison principale des démissions dans l EN et du manque d enseignants. Le jour où le gouvernement comprendra ça, ils auront fait un grand pas
Cela fait 35 ans que je suis enseignante. Cela fait suite à une reconversion. J’ai vu évoluer le climat de travail de façon dramatique. On ne nous fait plus confiance, on a de moins en moins d’autonomie. Les profils des directeurs (trices) academiques et de leur adjoint (e) a changé. On a de plus des DASEN violents qui se réjouissent de faire craquer les gens de terrain alors que le métier est de plus en plus difficile. Aucune bienveillance, aucune compréhension, en tout cas dans mon département. Pour les jeunes qui débutent, c’est pire, on leur demande de faire classe et de suivre la formation en étant très loin de chez eux
Les évaluateurs sont intransigeante et ne laissent rien passer… Mais si vous êtes contractuel et accepté de travailler pour un maigre salaire et dans la précarité, alors on vous prend même si vous n’avez aucune competence pour enseigner !! Certains sont biens mais pour d’autres c’est la catastrophe. Tout cela m’interroge, qui pense aux élèves ?
Nous sommes belges et avons emménagé en France il y a près de deux ans. Mon mari est enseignant collège et lycée en math, physique et chimie. Malgré une solide expérience, une excellente lettre de recommandation et une équivalence de diplôme, il est considéré comme un prof débutant, un CDD de prof remplaçant baladé à gauche et à droite sans aucune logique ni considération. Je ne parle même pas du salaire. On manque cruellement d’enseignants mais l’EN ne fait rien pour les garder. Il ne retournera pas enseigner en septembre. J’adore vivre en France mais il serait peut-être utile que l’EN s’inspire un peu de ce qui se passe chez ses voisins proches. Nous, on est dégoûtés…