Getty

La conférence de presse de rentrée des INSPÉ qui s’est tenue mardi 27 septembre 2022, a fait le point sur les problématiques de formation initiale des enseignants. Il en ressort que si le métier d’enseignant n’attire plus, les études pour le devenir souffrent également d’un déficit d’attractivité. 

Quelques chiffres ont tout d’abord été donnés. Pour les masters MEEF :

  • M1 premier degré : 10 500 étudiants, un chiffre stable depuis 2020 après trois années de forte baisse.
  • M1 second degré : 8 000 étudiants, en légère baisse depuis cinq ans.
    (Il n’y a pour le moment pas de chiffres disponibles pour les M2).

Et en préambule de cette conférence, le réseau des INSPÉ a qualifié cette rentrée 2022 d’ « inédite » et d’ « exceptionnelle ». En raison de la réforme de la formation initiale qui place désormais le concours en deuxième année de Master (avant cette réforme, le concours se passait en première année), de nombreux étudiants qui ont obtenu leur concours en M1 l’an passé, ne l’ont pas repassé en M2. Ce qui a grandement diminué le vivier de candidats pour la session de recrutement 2022. Mais ce n’est pas la seule raison pour la désaffection envers le métier.
Le réseau des INSPÉ a également dévoilé une enquête dans laquelle de nombreux étudiants se plaignent du rythme et de la charge de travail pendant la deuxième année de Master. Les études pour devenir enseignant semblent elles aussi poser un problème d’attractivité.

Une deuxième année de Master intenable

Selon le gouvernement, le positionnement du concours en fin de M2 présente l’avantage de ne plus couper le master en deux années et de permettre aux étudiants d’étaler les objectifs : la préparation du diplôme en M1 ; le concours et le diplôme en M2 puis la titularisation l’année suivante. A cela s’ajoute l’alternance de la deuxième année de formation mise en place sous sa forme actuelle depuis 2021. 

Mais dans son enquête menée dans 10 académies différentes pour une population légèrement supérieure à 300 étudiants, l’INSPÉ constate que si ce nouveau format d’alternance présente des avantages, le nouveau positionnement du concours provoquerait du surmenage.

  • 72% des étudiants interrogés par exemple, trouvent la charge de travail trop lourde
  • 27% d’entre eux considèrent qu’il faut alléger le programme de formation. 
  • Au moins autant souhaitent un renforcement de l’accompagnement de la part de l’INSPÉ

Résultat, de nombreux étudiants reconnaissent privilégier l’expérience professionnelle offerte par l’alternance, à la préparation du concours et du mémoire. Cependant, le réseau des INSPÉ souhaite se montrer prudent quant à s’engager dans une nouvelle réforme. « Les systèmes où réussissent les élèves sont ceux où la formation est stabilisée« , assure Thierry Philippot, vice-président en charge de la commission Relations internationales. Les INSPÉ sont toutefois favorables à la mise en place d’un parcours post-bac beaucoup plus lisible pour les étudiants qui souhaitent devenir enseignant.

Le choix d’être contractuel

Emmanuel Macron lors de son discours pour la rentrée des recteurs le 25 août 2022 avait plaidé pour “repenser” la formation initiale des enseignants et permettre à des étudiants de s’engager dans un parcours ad hoc pour devenir enseignant rapidement après le bac. L’objectif serait de représenter la réalité du métier enseignant le plus rapidement possible pour les néo-bacheliers. Pour les INSPÉ, c’est une piste à explorer.

Un autre problème soulevé par le réseau des INSPÉ lors de cette conférence de presse : une génération qui ne se voit pas rester enseignant toute sa carrière. Une inquiétude aggravée suite à l’annonce de concours spécifiques pour les contractuels souhaitant devenir enseignant. Le réseau des INSPÉ craint donc que certains étudiants ne deviennent contractuels pour contourner les concours de la fonction publique.

« Un fonctionnaire-stagiaire à mi-temps va suivre 220-250 heures, encore moins pour ces contractuels, alors qu’un étudiant en master Meef va suivre 800-850 heures de cours. Ce n’est pas du tout le même ordre de grandeur » a averti Alain Frugière, président du réseau des INSPE. Le réseau espère qu’un avantage sera donné aux titulaires d’un Master MEEF, afin de valoriser la formation, et « déconstruire l’idée qu’il serait plus avantageux de ne pas passer par un master MEEF » .