Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Jessica Mamane, j’enseigne l’allemand dans un collège de Seine-Saint Denis depuis 15 ans maintenant.

En plus de mon activité de professeure d’allemand, j’ai d’autres missions : je suis professeure principale sur différents niveaux depuis 13 ans. Je suis également référente décrochage scolaire depuis bientôt 4 ans : j’essaye de particulièrement m’investir auprès des élèves en difficulté.

Comment devient-on référente décrochage scolaire ?

Le rôle de référent décrochage scolaire relève d’un dispositif national, dans le cadre du plan « Tous mobilisés pour vaincre le décrochage. » Ce sujet est l’une des priorités du ministère.

Pour être référente, j’ai donc suivi des formations pendant un an (plusieurs courtes formations en présentiel et des parcours M@gistère) pendant lesquelles les missions des référents étaient expliquées. Aujourd’hui, cette formation donne accès à des certifications professionnelles.

En quoi consistent vos missions ?

En tant que référente décrochage, j’ai plusieurs missions. D’abord, repérer les élèves en voie de décrochage : c’est un travail qu’il faut faire auprès des profs principaux, des collègues enseignants, du CPE ou des chefs d’établissement… Dans mon établissement, un GPDS (groupe de pévention contre le décrochage scolaire) a lieu une fois par mois. Nous y étudions des cas d’élèves en situation de décrochage, pour leur proposer une solution.

L’autre grand aspect de mes missions concerne la prévention. Cela prend la forme d’actions menées au quotidien, notamment chez les 6e-5e, pour agir en amont. Je travaille avec mes élèves sur la méthodologie, la motivation et la confiance en soi. Lorsque je constate qu’un élève est en difficulté, je fais un point avec cet élève le plus rapidement. J’ai aussi la possibilité de mettre en place des PPRE (programme personnalisé de réussite éducative).

Une fois le décrochage avéré, il faut proposer des solutions : du tutorat (un enseignant suit alors l’élève sur une période donnée, avec des objectifs), un projet individualisé, des stages pour travailler le projet personnel, des séjours en classes ou ateliers relais

Pourquoi avez-vous eu envie de vous engager comme référente décrochage ?

Lorsque l’on est professeur d’allemand, on garde approximativement les mêmes classes d’année en année. Quand je passais dans les couloirs du collège, il y a quelques années, je me rendais compte que je ne connaissais pas les autres élèves. Je suis devenue référente car je voulais être en contact avec un autre public que mes élèves germanistes, et me confronter à d’autres enjeux. Je voulais notamment aider les élèves en difficulté, travailler avec eux leurs projets personnels…

J’étais à l’époque co-référente sur un dispositif d’aide et soutien mis en place pour les 4e dans notre établissement. Les élèves qui y participaient bénéficiaient d’heures de soutien scolaire, et d’une heure de découverte des métiers. Voyant que j’étais investie auprès d’eux, mon chef d’établissement m’a proposé de devenir référente décrochage scolaire.

L’un des moments forts du dispositif contre le décrochage scolaire est la Semaine de la persévérance scolaire. Pouvez-vous nous en parler ?

En tant que référents décrochage, nous avons aussi cette mission de promouvoir la persévérance, et cet évènement en est l’occasion. L’année dernière, j’ai proposé un atelier au cours duquel les élèves devaient interviewer Nordine Oubaali, boxeur et champion du monde, en radio. Ils ont travaillé pendant un semestre sur ce projet. L’interview a été diffusée sur Radio Déclic, une radio associative.

Cet atelier a permis aux élèves d’être confrontés aux notions de persévérance et de confiance en soi, en ayant la possibilité de prendre exemple sur un sportif, qui connaît les victoires et sait appréhender les défaites. En 2019, nous avions déjà mené une action « boxer les préjugés » avec Nordine Oubaali, qui est très impliqué dans les enjeux éducatifs. A la suite de cette intervention, j’ai découvert le monde de la boxe et me suis rapprochée du club Top Rank de Bagnolet dont j’ai pris la présidence en 2020. 

Dans le cadre de la Semaine de la persévérance, nous avons également des actions ponctuelles comme « l’arbre de la persévérance » que nous installons dans le hall du collège, et sur lequel les élèves disposent des mots sur leur sentiment d’appartenance au collège. Nous organisons aussi une remise de diplômes de la persévérance lors de cette semaine, qui récompense les élèves. C’est une action forte, car cela représente en général une réelle fierté pour eux et pour leurs parents.

Image homepage : Getty