
Pourquoi avoir créé l’association Femmes de l’Éducation ?
L’idée était de combler un manque. Avec plus d’1,2 million d’agents, le ministère de l’Éducation nationale est l’un des plus grands employeurs de France, mais les femmes restent sous-représentées dans le haut encadrement. Dans d’autres ministères, il existe déjà des réseaux féminins comme Femmes de la Défense ou l’AFDESRI pour l’enseignement supérieur. L’Éducation nationale n’avait pas son propre réseau. Deux membres des Talenteuses (un programme dédié aux femmes de la fonction publique, Ndlr) ont donc impulsé la création de cette association, avec le soutien de Sophie Béjean, aujourd’hui rectrice des Hauts-de-France et présidente de l’AFDESRI.
L’objectif de Femmes de l’Éducation est d’accompagner les femmes dans l’accès aux fonctions de haut encadrement et agir pour l’égalité professionnelle.
Combien de personnes y adhèrent aujourd’hui ?
Nous comptons plus d’une centaine d’adhérents… et j’insiste sur le masculin autant que le féminin ! Les hommes sont les bienvenus, car l’équilibre femmes-hommes est une responsabilité partagée. D’ailleurs, le directeur de l’encadrement du ministère, Raphaël Muller, est un homme très engagé sur ces sujets. L’association rassemble donc des femmes et des hommes convaincus de l’importance de faire progresser la parité au sommet.
Quelles actions menez-vous concrètement ?
Nous travaillons sur plusieurs volets. Il y a d’abord les petits-déjeuners, des rendez-vous réguliers et ouverts largement, qui permettent de créer une dynamique, de s’inspirer et d’élargir le réseau. Chaque rencontre met en lumière une personnalité ou une initiative autour du leadership et de l’égalité.
Sur le long terme, nous développons le mentorat. Nous proposons aussi du media training, des préparations à l’entretien, un travail de visibilité à travers des données statistiques que nous partageons chaque année avec la Direction générale des ressources humaines et la Direction de l’encadrement du ministère. Et enfin, nous nouons des partenariats, ce qui permet de multiplier les actions ponctuelles. Par exemple, une session sur l’« executive presence » a récemment réuni une vingtaine de personnes à Paris. Des expertes y ont expliqué l’importance de la posture, de l’incarnation, dans l’exercice du management. Ce sont des apports concrets pour renforcer la confiance et la façon de prendre sa place.
Justement, comment fonctionne le mentorat ?
Il repose sur une demande formulée par une personne qui souhaite réfléchir à son projet professionnel à moyen terme, interroger sa posture managériale, ou se préparer à évoluer. Nous avons constitué un groupe de mentors aux profils variés. Lorsqu’une demande arrive, un appariement est réalisé avec une mentor, en privilégiant la complémentarité des expériences.
Les échanges s’étalent sur plusieurs mois, encadrés par une charte et soumis à une confidentialité très stricte. Seul un très petit groupe de responsables connaît les binômes formés.
Ce dispositif est-il ouvert à tous les personnels de l’Éducation nationale ?
Pour bénéficier du mentorat, il faut être adhérente, ou adhérent, et déjà être ou se destiner à un poste de haut encadrement. Notre action se concentre vraiment sur cet enjeu-là. En revanche, les petits-déjeuners sont ouverts bien plus largement. Ils permettent à chacun de découvrir l’association, d’écouter des témoins inspirants et de commencer à faire réseau.
Lors de votre dernier petit-déjeuner, l’inégalité entre femmes et hommes dans le haut encadrement a été mise en avant. Quels freins observez-vous chez les femmes qui souhaitent se lancer ?
Les freins que nous voyons sont ceux de la société en général. Le premier, c’est oser. Certaines femmes ont envie… mais n’osent pas encore se projeter. Il faut donc aussi constituer un vivier de femmes qui s’autorisent ces ambitions.
Vient ensuite la conciliation vie personnelle-vie professionnelle. Dans l’encadrement, la mobilité géographique peut être importante, et ce n’est pas neutre dans l’organisation familiale. Des questions de santé peuvent également intervenir.
Enfin, le réseau. Beaucoup de femmes sous-estiment l’importance de se faire connaître, d’occuper l’espace professionnel, de valoriser leurs réussites. Certaines pensent que leur excellent travail parlera de lui-même. Or, le réseau compte.
Quel premier bilan tirez-vous ?
Il est positif pour plusieurs raisons. D’abord, le nombre d’adhérents est important. Ceux-ci viennent de diverses régions de France et représentent aussi la belle variété de postes d’encadrement présents dans notre ministère.
Ensuite, nous avons su très rapidement nous structurer en de nombreuses actions de nature variée. Petit déjeuner, mentorat, outils sur la visibilité pour être en dialogue avec la direction de l’encadrement. Nous avons également des partenaires fidèles avec lesquels nous avons signé des conventions : la CASDEN, la MGEN, la GMF.
Pour soutenir cette mise en visibilité, avez-vous une newsletter ou un support régulier d’information ?
Nous diffusons largement notre rapport d’activité chaque année, qui permet de mettre en lumière nos actions et nos indicateurs. Mais nous n’avons pas encore de newsletter. Nous sommes une association bénévole et nos membres occupent déjà des fonctions très prenantes. Nous avançons étape par étape, mais avec ambition.
Quand aura lieu votre prochain petit-déjeuner et quel sera le thème ?
Il se tiendra le mercredi 19 novembre. Nous sommes en train de finaliser la venue de notre intervenant ou intervenante. Ce sera, comme toujours, quelqu’un d’inspirant, capable de nourrir la réflexion de tous les participants. Je ne peux pas encore dévoiler le nom, mais cela ne saurait tarder ! Toutes les informations sont à retrouver sur nos réseaux sociaux.





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