Sophie Venetitay déclare que l’enseignement par groupe de niveau est un “échec cinglant”. Image : Getty

Les groupes de niveau, prévus pour adapter l’enseignement du français et des mathématiques en fonction du niveau des élèves, ont été mis en place à la rentrée 2024 dans les classes de 6e et 5e. Mais selon le rapport de l’IGESR, leur mise en place a rencontré plusieurs obstacles : forte opposition syndicale, manque de temps pour l’organisation, difficultés liées aux moyens humains et matériels.

L’enquête menée dans 39 collèges, répartis dans huit académies, montre une mise en place très variable selon les établissements, confrontés à un manque de locaux, de professeurs ou de remplaçants. Le rapport note aussi une quasi-absence de mobilité des élèves entre les groupes, alors que le dispositif était censé être évolutif.

Les élèves les plus fragiles peu soutenus

Sur le fond, les inspecteurs estiment que les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Le dispositif a permis de mieux repérer la grande difficulté scolaire, mais n’a pas permis de la résorber. “Les élèves les plus fragiles, à forts besoins, n’ont clairement pas bénéficié des avancées attendues”, précise le rapport, qui alerte sur un “risque majeur de creusement des écarts” entre les élèves. Le retour en classe entière en début de 4e pourrait ainsi s’avérer problématique. Le ministère nuance toutefois ce constat, estimant qu’il est encore “trop tôt” pour évaluer précisément les effets du dispositif.

Des ajustements pour la rentrée

Malgré les critiques, Élisabeth Borne souhaite maintenir les groupes de niveau à la rentrée 2025. Selon France Info, dans une note adressée aux recteurs, la ministre demande plusieurs ajustements : concentrer les apprentissages sur des compétences ciblées, éviter de regrouper des profils d’élèves trop différents (comme un élève allophone avec un élève au comportement perturbateur), et prévoir un retour dans la classe de référence dès que les acquis sont consolidés. Elle insiste également sur l’importance d’éviter de constituer ces groupes de manière systématique sur toutes les heures de français et de mathématiques, et recommande de redonner plus d’autonomie aux chefs d’établissement dans l’organisation locale.

Les syndicats réclament un arrêt du dispositif

Du côté des syndicats, les critiques sont vives. La secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Venetitay, déclare à l’AFP que c’est un “échec cinglant”. Selon elle, le rapport “confirme toutes nos analyses sur les effets délétères des groupes de niveaux”, dénonce “une désorganisation” et alerte sur “le risque de creusement des inégalités”. Elle demande un “coup d’arrêt définitif” au “choc des savoirs”. Un nouveau bilan, plus quantitatif, est attendu à l’automne après le retour d’expérience de 1 500 collèges. Selon le ministère, d’autres décisions pourraient alors être prises.