Getty. Les enseignants hongrois craignent une fragilisation de leur statut.

Le Parlement hongrois, poussé par le gouvernement – très conservateur – du premier ministre Viktor Orbán, a adopté le mardi 4 juillet 2023 une loi qui prévoit de supprimer le statut de fonctionnaire des enseignants et de réduire leur autonomie.

La liberté pédagogique, sujet de discorde

Pour beaucoup, cette loi est interprétée comme une « vengeance » de la part du gouvernement Orbán, contre lequel la communauté enseignante a été particulièrement mobilisée ces dernières années. En cause : la dégradation de la liberté pédagogique dans l’enseignement. Le droit de grève de la profession a par ailleurs été supprimé en 2022 pour étouffer les oppositions.

Cette loi, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier prochain, ôte ainsi aux enseignants leur statut de fonctionnaire : ils auront celui d’employé de l’éducation publique, qui n’est pas régi par la même réglementation. Les enseignants devront notamment accepter les mobilités géographiques et les heures supplémentaires imposées. Ils seront également soumis à une notation annuelle qui aura une influence directe sur leur rémunération.

Les enseignants les plus mal payés de l’OCDE

C’est un nouveau coup porté aux enseignants hongrois, qui touchent les salaires les plus bas des pays de l’OCDE (entre 500 et 1000 euros par mois) et exercent souvent dans des conditions difficiles – des classes surchargées, par exemple. Récemment, une étude de la DEPP révélait que les enseignants hongrois étaient stressés et se sentaient peu valorisés dans la société.

Ce manque d’attractivité a par ailleurs entraîné une forte pénurie d’enseignants en Hongrie, qui est actuellement en déficit de 16 000 enseignants. 5000 enseignants avaient annoncé qu’ils quitteraient la profession si la loi était adoptée – la crise du recrutement dans le pays risque donc de s’aggraver prochainement.