Le concours enseignant du premier degré pourrait être déplacé en fin de licence. Getty

Le 23 novembre 2022, les députés Rilhac (Renaissance) et Arenas (LFI) faisaient part de leurs conclusions sur « le recrutement, l’affectation et la mobilité des enseignants du premier degré » et proposaient notamment de faire passer le concours enseignant à la fin de la troisième année de licence plutôt qu’en fin de master, les étudiants de M2 cumulant actuellement mémoire, stages et concours. Le but : restaurer l’attractivité du métier et des études. Cette proposition ne remettait néanmoins pas en question la titularisation à bac+5.

A noter que le concours avait déjà été déplacé, cette fois du M1 au M2, pendant le mandat de l’ex-ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer. Et avant la réforme dite « de la masterisation » mise en oeuvre en 2010, le recrutement se faisait à partir de bac+3.

Une mauvaise idée, pour le SGEN-CFDT

Dans un communiqué publié le 5 janvier 2023. le SGEN-CFDT a exprimé son désaccord avec le rapport Rilhac-Arenas. Bien que les députés aient assuré que le recrutement à bac+5 n’était pas mis en cause, et que les deux années de master seraient des années de professionnalisation, le syndicat ne souhaite pas voir réapparaître la distinction entre les premier et second degrés en matière de recrutement : « quand les professeurs des écoles étaient des institutrices ou des instituteurs. »

« Incroyable marche arrière qui ferait peser sur la dernière année de licence les mêmes problématiques que celles qui pèsent actuellement sur l’année de M2 : une année où il faudrait, à la fois, valider un diplôme universitaire, pour le coup déconnecté des problématiques professionnelles du métier de professeur des écoles (ce qui n’est pas le cas du master MEEF), tout en préparant un concours aux épreuves nécessairement académiques »

SGEN-CFDT

Le syndicat note également que les épreuves devront être repensées pour « s’adapter à la fois à la formation préalablement reçue des candidat.e.s et à leurs compétences acquises lors d’expériences professionnelles antérieures » ainsi que le fait que « la majorité des étudiant.e.s auront besoin d’une « année blanche » pour finalement préparer le CRPE après leur licence. » Le communiqué interroge aussi le statut et la rémunération des étudiants pendant leurs deux ans de professionnalisation.

Enfin, le SGEN-CFDT rapelle qu’une année de plus s’écoulera avant la titularisation des étudiants, qui doivent effectuer une année en tant que fonctionnaires-stagiaires à la suite de leurs études. « Ce n’est plus une vocation, c’est un chemin de croix ! » peut-on lire dans le communiqué.

Une remise en cause des études universitaires ?

Mais le syndicat s’inquiète également de voir disparaître bientôt « le caractère universitaire » des études de l’enseignement du premier degré pour un retour « au temps révolu des écoles normales » , estimant que :

« La mastérisation en 2010 et la création des ESPE et du master MEEF en 2013 ont répondu au besoin de qualification croissante des enseignant.e.s dans le cadre d’une formation universitaire diplômante et professionnelle. »

Le SGEN-CFDT souhaite ainsi que la formation des enseignants de demain reste protégée des « injonctions de l’employeur. »