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Après la réforme du lycée, le nouveau bac change une nouvelle fois de formule.

Un décret et un arrêté publiés au J.O. du 28 juillet l’actent définitivement.

Ces évolutions seront mises en oeuvre dès la session 2022.

40% de contrôle continu réel

Aujourd’hui, le contrôle terminal compte pour 60% de la note finale (français, philosophie, Grand oral et enseignements de spécialité) et le contrôle continu pour 40%. Or ce dernier est composé à 10% de contrôle continu « réel » – les notes du bulletin scolaire – et à 30% d’évaluations communes (les E3C)- évaluations organisées dans tous les lycées dans les enseignements communs.

Avec la nouvelle formule, les évaluations communes seront supprimées au profit des résultats obtenus par l’élève en première et terminale dans tous les enseignements. Seront alors évalués en contrôle continu « réel » les disciplines communes, l’enseignement de spécialité abandonné en classe de terminale et l’enseignement moral et civique. Les enseignements optionnels seront également évalués sur la base des moyennes annuelles.

Pour garantir une évaluation homogène sur tout le territoire, les professeurs recevront des « formations spécifiques » et des « repères nationaux » de notation dès la rentrée 2021.

Une formule inégalitaire ?

Alors que les proviseurs seraient en majorité favorables à ces changements, plusieurs syndicats s’y sont opposés dès la première annonce. C’est notamment le cas du Snes-FSU, qui avait participé au comité de suivi de la réforme organisé le 22 juin.

Le syndicat accuse le ministère d’instrumentaliser la crise du Covid – qui a renforcé le rôle du contrôle continu ces deux dernières années scolaires – pour en faire un pilier du baccalauréat. Il dénonce un « projet politique » qui éluderait la « réalité du terrain » :

La crise sanitaire a conduit à renforcer sa place dans le baccalauréat à titre exceptionnel. Les personnels en ont vu les conséquences tout au long de l’année : augmentation de la charge de travail, des pressions des familles sur les enseignants, dénaturation de nos métiers et augmentation des inégalités entre les élèves.

Pour préserver l’égalité des chances entre les élèves français, le Snes-FSU défend donc un « baccaulauréat national avec des épreuves terminales et anonymes. »

Le Sgen-CFDT soutient quant à lui cette initiative. Dans un communiqué, le syndicat affirme que cette nouvelle organisation « simplifie » le bac et « marque une confiance envers les équipes. » Il estime que le baccalauréat était déjà « fondé sur ce contrôle continu » depuis le début de la crise sanitaire et de la mise en oeuvre de la réforme, mais était resté jusqu’ici sans « repères clairs » d’évaluation.

Sur Twitter, de nombreux enseignants ont réagi dès les premières annonces publiées par le ministère de l’Education nationale, fin juin :

« Face au champ de ruines« 

Dans un communiqué publié le 13 juillet, l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP) tire également la sonnette d’alarme sur ce nouveau bac. Pour la session 2022, elle réclame entre autres :

  • que les épreuves de spécialités et des ex-«E3C» soient programmées pour le mois de juin 2022, à titre d’épreuves nationales et anonymes
  • que le «grand oral» soit supprimé et que l’année scolaire soit mise à profit pour concevoir dans la concertation une épreuve orale qui consacre un travail effectif des élèves et puisse en conséquence être réellement évaluée lors d’un examen.
  • que les sujets de philosophie soient choisis avec davantage de discernement et de soin, dans le respect des programmes et des instructions officielles ;
  • que pour la spécialité HLP les épreuves soient mieux définies et que les jurys de «grand oral» soient tous composés d’un professeur de lettres et d’un professeur de philosophie

« Face au champ de ruines » l’association appelle à défendre l’égalité républicaine au travers d’épreuves de baccalauréat nationales, terminales et anonymes.