Valérie Deltour

L’association ECI propose des séjours linguistiques et des voyages scolaires à l’étranger.

Les voyages scolaires ont été très impactés par la crise sanitaire. Aujourd’hui est-il toujours possible pour un enseignant d’en organiser ?

Honnêtement, pour l’année 2021, il y a peu de possibilités. Le ministère de l’Education nationale interdit tout déplacement qui implique de passer une nuitée quelque part. Tout ce qui est regroupement est interdit, les centres d’hébergement et les collectivités ne peuvent pas ouvrir. De plus, beaucoup de frontières sont fermées, donc aucun voyage scolaire ne peut se faire à l’étranger. Les établissements scolaires ne se risquent pas à organiser un voyage en ce moment, même en France. 

Cette année, probablement aucun voyage scolaire ne sera organisé, car ils se font généralement entre février et juin.  Or, nous n’avons eu aucune commande, et n’en aurons sûrement pas d’ici juin : les établissements ne peuvent pas s’y prendre au dernier moment pour organiser ce type de déplacement. C’est très long administrativement à mettre en place. Même si les choses s’améliorent, ils n’auront pas le temps de partir avant les vacances scolaires.

Nous espérons un petit rebond à la Toussaint, mais ce n’est pas assuré. Pour l’instant, nous tablons plus sur 2022.

Qu’en est-il des séjours linguistiques ?

Les séjours linguistiques courts sont également impactés. Aujourd’hui, les frontières sont toujours fermées, il n’est pas possible d’aller en Angleterre sans faire de quatorzaine, ni en Irlande, par exemple. 

Ça limite beaucoup les perspectives, et nous n’avons pas de visibilité sur les améliorations. 

En revanche, les séjours linguistiques longs, où les élèves partent pour un trimestre ou une année scolaire, sont possibles. Les jeunes peuvent faire une quatorzaine en arrivant dans le pays de destination, ce n’est pas aussi pénalisant que s’ils ne restaient que trois semaines. Nous avons d’ailleurs beaucoup de demandes, de plus en plus je trouve, car les établissements scolaires français sont favorables à ces césures. 

Des mesures sanitaires spéciales ont-elles été mises en place pour ces séjours ?

Pas spécialement, car le voyageur doit s’adapter aux mesures en vigueur dans son pays de destination, qui ne sont pas les mêmes d’un endroit à un autre. De plus, elles changent tout le temps en ce moment ! Bien sûr, le jeune est informé avant le départ du protocole qu’il devra respecter une fois arrivé dans le pays.

Globalement, quelles ont été les conséquences de la crise sanitaire sur les organisateurs de séjours linguistiques et voyages scolaires ?

Nous sommes parmi les professionnels les plus touchés par la crise, comme tout le secteur du tourisme. Il y a eu un arrêt net de l’activité depuis mars 2020, dès le début de la crise, et je pense que nous serons parmi les derniers à revenir à une activité normale. Heureusement, nous avons rapidement reçu des aides, et l’activité partielle a été mise en place. Mais cela ne suffit pas si l’organisme n’a pas une ancienneté et une trésorerie suffisantes. 

L’année dernière, l’Office avait adressé une lettre au ministre de l’éducation nationale pour l’alerter sur la situation des organismes de voyages scolaires et séjours linguistiques. Aujourd’hui, que lui demandez-vous ?

Aujourd’hui, nous n’avons pas d’horizon, nous n’avons pas de perspective sur la reprise. Comme nous travaillons avec des jeunes, qui seront les derniers à être vaccinés, même une reprise des voyages avec un passeport vaccinal ne nous permettra pas de retrouver notre activité. 

Donc, tout ce que nous pouvons demander, c’est que ces aides soient maintenues le plus longtemps possible.