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Alors que la France est plongée dans une seconde vague épidémique très virulente, les établissements scolaires sont toujours ouverts. En EPS, quelles sont les mesures prises pour lutter contre le Covid-19 ?

La seconde vague de l’épidémie a poussé le ministère à prendre des mesures visant à renforcer les protocoles sanitaires. Le but ? Freiner la propagation du virus. Ces mesures se sont essentiellement tournées vers une limitation du brassage des élèves. Mais elles se sont vite révélées impossibles à mettre en œuvre notamment en lycée où la réforme de JM Blanquer a destructuré les groupes classes, les effectifs sont lourds et les conditions matérielles pas adaptées pour répondre aux règles de distance physique, d’aération et de nettoyage. C’est la raison pour laquelle le ministère a ouvert des possibilités de mettre en œuvre localement des solutions d’allègement des effectifs (demi-groupes, accueil des élèves par périodes…) dans le respect de 50% en présentiel. Pour l’Education physique, la seule règle stricte qui est venue renforcer le protocole est la distance de deux mètres entre chaque pratiquant et l’interdiction, pour le sport scolaire, d’organiser des rencontres inter-établissements. Néanmoins, nous avons une permission de continuer les activités de l’association sportive avec des groupes constitués et fixes.

La difficulté est réelle pour respecter les mesures sanitaires et les distances physiques

Que pensez-vous des mesures adoptées par le gouvernement ?

Ces mesures ont très largement compliqué l’exercice quotidien du métier. Il a fallu adapter les contenus dans un temps extrêmement court : les instructions ont été publiées sur le site du ministère la veille de la rentrée de septembre. Elles sont difficiles à mettre en œuvre et ces difficultés sont renforcées par des interprétations locales, des interdictions émanant de chefs d’établissement (qui interdisent par endroit le fonctionnement de l’association sportive par exemple), des problématiques d’installations sportives mises à disposition, de vestiaires… Dans ce contexte, la difficulté est réelle pour respecter les mesures sanitaires et les distances physiques : les effectifs de classe ne permettent pas un travail sécurisé, la gestion des masques est compliquée (masque obligatoire quand les élèves ne sont pas en activité, sans masque au moment de l’activité…), la désinfection du matériel prend du temps sur les pratiques, les déplacements d’élèves sur les installations sportives…

D’autres choix politiques auraient pu être faits pour cette rentrée 2020 : allègement des effectifs de classes, recrutement supplémentaire d’enseignants, recrutements d’agents techniques, mobilisation d’autres espaces pour faire cours… Des mesures exceptionnelles pour une rentrée dont on savait qu’elle serait sous la menace persistante du virus auraient dues être prises pour permettre la continuité des enseignements, l’ouverture des établissements scolaires. Une période encore plus compliquée par les mesures sécuritaire suite aux attentats : les sorties pour aller en pleine nature, pourtant recommandables pour une EPS dans le contexte sanitaire, sont interdites…

Est-ce difficile d’enseigner avec de telles contraintes ?

Oui, car il faut aménager de nombreuses activités pour respecter les contraintes. De plus, quand les effectifs sont de 30 élèves voire plus, la disponibilité de l’enseignant est amoindrie par les actions qu’il doit entreprendre constamment pour le respect des règles et la pratique effective des élèves diminue. D’autre part, de nombreuses installations sont peu adaptées (vestiaires, sanitaires, capacité d’aération, disponibilité d’agents pour le nettoyage) et rendent difficile les conditions d’enseignement. C’est une situation exceptionnelle, qui demande énormément d’efforts.

Selon le dernier bilan du ministère, 13.870 élèves ont été testés positifs au Covid-19 sur les 7 derniers jours et 2.011 du côté des personnels. Estimez-vous que l’école est un lieu à risque ?

Tous les lieux rassemblant du public sont potentiellement propices à la diffusion du virus. Même si les chiffres du ministère semblent sous-évalués, sur les effectifs globaux des agents et des élèves, on peut sans doute dire que les mesures prises permettent dans une certaine mesure de limiter la propagation du virus.

 L’enseignant se retrouve face à des élèves non masqués pendant la pratique sportive

Les enseignants d’EPS sont-ils suffisamment protégés ?

L’enseignement de l’EPS a un aspect particulier et non négligeable : l’enseignant se retrouve face à des élèves non masqués pendant la pratique sportive. De ce point de vue, la protection des enseignants peut être insuffisante, la dispersion des gouttelettes étant beaucoup plus importante et la distance requise pas toujours possible…

Que demandez-vous concrètement au ministre de l’Éducation ?

Nous demandons au ministre la mise à disposition de masques plus protecteurs que ceux qui sont distribués actuellement dans les établissements. Mais aussi la possibilité de travailler à des organisations permettant des demi-groupes quand les effectifs et les locaux l’exigent pour que la sécurité sanitaire puisse être garantie. Si ces modalités sont permises en lycée, pour l’heure rien n’est prévu pour les collèges ! Nous réclamons aussi la mise à disposition de l’ensemble des installations sportives pour permettre l’enseignement de l’EPS dans les meilleures conditions.

Ces quelques mesures viseraient à éviter de freiner l’enseignement de l’EPS dans les écoles qui restent ouvertes. Le pire scénario envisagé ? Des restrictions si élevées que l’EPS ne serait plus possible ou encore que l’on se dirige vers une nouvelle fermeture des établissements scolaires tant les impacts ont été importants pendant la période de confinement strict. Les besoins d’activités physiques et sportives sont considérables pour les jeunes d’aujourd’hui. Il faut absolument que le service public leur donne l’occasion de ne pas rester rivés aux écrans. Dans cette logique, nous lancerons, du 7 au 11 décembre, une « semaine de l’EPS » afin d’aborder tous ces sujets.