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Une décision de faire grève, à un plus d’un mois de la rentrée. À Sarcelles dans le Val-d’Oise, les enseignants du collège Voltaire, classé réseau d’éducation prioritaire (REP), ont déposé un préavis de grève pour la rentrée 2020, rapporte Le Parisien.

La décision a été votée à l’unanimité par les enseignants et soutenue par la FCPE locale début juillet, lors d’une assemblée générale. « Cette initiative, raisonnée et raisonnable, est la conséquence d’une série d’appels, de lettres, d’alertes commencée dès le mois de février » indiquent les enseignants, dans le préavis de grève déposé à la DSDEN du département.

« Nous refuserons de prendre nos élèves tant que nous n’obtiendrons pas une septième classe de 5e, des moyens humains en vie scolaire, chez les agents d’entretien, les personnels administratifs, le pôle santé-social, et à la cantine » poursuivent-ils.

Une ville durement touchée par le Covid-19

D’après un classement de l’observatoire des inégalités de 2017 relayé par le journal francilien, la ville de Sarcelles est classée 13ème ville la plus pauvre de France. La crise sanitaire liée au coronavirus a ainsi renforcé les inégalités.

De plus, la ville a été durement touchée par le Covid-19. Selon Le Monde, l’incidence -le nombre de nouvelles contaminations pour 100.000 habitants- était autour de 50 cas à Sarcelles en juin dernier, contre 4,2 au niveau national. « Sur 227 prélèvements réalisés le 10 juin, le taux de positivité était de 3,1 % contre une moyenne régionale de 0,7 % » explique le directeur de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France.

« Nous avons des élèves dont les parents sont décédés » renchérit un professeur du collège Voltaire au Parisien, qui indique que le taux de mortalité a plus que triplé dans la commune.

Des élèves décrocheurs

Par ailleurs, suite au confinement et à la mise en place de l’enseignement à distance, les personnels d’éducation du collège, qui dépend de l’académie de Versailles, constatent un décrochage scolaire important. « Pendant le confinement, nous avons enregistré à minima 130 à 140 élèves perdus, soit environ 12% » précisent les enseignants. À titre de comparaison, il y a eu 4 à 5% d’élèves décrocheurs sur l’académie et 4% au niveau national. « Il va falloir rattraper ce retard, comment sans moyens ? » s’alarme l’équipe pédagogique.

De son côté, la FCPE tire la sonnette d’alarme. « C’est dur de se dire que nos enfants ne reprennent sans doute pas l’école à la rentrée, mais c’est dans l’espoir d’obtenir plus de moyens » explique une parent d’élève.

Les parents d’élèves ont écrit au ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, à l’épouse du président, Brigitte Macron, afin de « faire appel à sa sensibilité d’enseignante » et à Sébastien Jallet, préfet à l’égalité des chances.

« Nous ne voulons pas que nos enfants soient sacrifiés, ils doivent avoir les mêmes droits à l’éducation que tous » déclarent les parents d’élèves.

Enfin, le maire PS de Sarcelles, Patrick Haddad, a également réagi. Il parle d’une « situation préoccupante » et demande à ce que l’académie prenne « des mesures très concrètes ».