
Comment s’est mis en place l’enseignement à distance à Rennes II ?
A Rennes II, les enseignements se sont terminés mi-avril. En réalité, le challenge d’assurer l’enseignement à distance est arrivé à la toute fin du second semestre, où il ne restait plus que trois semaines de cours à l’université. De fait, pour ces semaines-là, il y a forcément eu une semaine d’adaptation, puis nous avons paré au plus pressé.
Nous avons par ailleurs une bonne expérience de l’enseignement à distance car à Rennes II, nous avons 9 licences sur 13 concernées par ce dispositif.
La crise sanitaire a cependant été très révélatrice sur plusieurs points. Les étudiants qui étaient en difficulté ont été encore plus en difficulté. Ceux qui ne sont pas équipés ou qui doivent partager un ordinateur ont eu moins de possibilités de travailler normalement. Nous avons d’ailleurs fait tout un travail pour identifier tous les étudiants en grande difficulté, que ce soit pour des raisons financières et/ou matérielles.
La crise du coronavirus a engendré la fermeture des établissements scolaires et les notes se sont arrêtées. Comment allez-vous sélectionner les élèves?
J’ai déjà été sollicité par une association de lycéens de Bretagne avant le confinement sur la façon dont on allait sélectionner les élèves, à cause des grèves et des manifestations contre la réforme des retraites au premier trimestre. Mais il faut savoir que les résultats du bac ne sont pas pris en compte dans Parcoursup puisque le dépôt des dossiers des candidats est fixé au 7 avril. Donc les terminales n’ont raté que trois semaines et demi des notes prises en compte pour le dossier universitaire. Les notes que l’on prend en compte d’habitude sont à peu près les mêmes cette année. Même si évidemment, en discutant avec nos collègues du secondaire, on s’aperçoit que les dernières semaines sont importantes.
Ma plus grande crainte cependant, c’est la discussion entre l’équipe pédagogique au lycée et l’élève sur l’ensemble de ses vœux Parcoursup de sa Fiche Avenir. La fiche décrit l’avis de l’équipe pédagogique et du chef d’établissement sur la méthodologie du candidat, l’autonomie, la capacité à s’investir et un avis spécifique pour chacun des vœux du candidat. À l’université, on donne beaucoup d’importance à cette fiche. Elle contribue à 50% du classement de l’élève dans Parcoursup. Ce dialogue-là, en raison de la crise sanitaire, a sans doute été de moins bonne qualité cette année.
De plus, dans le cadrage que l’on fait à l’établissement, on n’impose pas la prise en compte des lettres de motivations car on ne sait pas si c’est l’élève qui l’a rédigée lui-même. C’est un élément qui reste difficile à intégrer dans une analyse objective du dossier.
En revanche, on a demandé aux équipes d’être bienveillantes et de faire confiance aux élèves, notamment sur la question des documents fournis par les candidats. Avec les conditions difficiles dans lesquelles les candidats ont préparé leur dossier, on a bien conscience que certains ne pouvaient pas fournir tous les documents ou les capacités attendues.
La « génération Covid » n’a pas eu cours depuis le 16 mars. Comment va se dérouler la rentrée de septembre ? Comment allez-vous préparer ces élèves à l’université ?
Nous avons été beaucoup questionnés pour savoir si les futurs étudiants auraient le niveau, s’il n’allait pas leur manquer des éléments méthodologiques nécessaires aux études universitaires. Les profils d’élèves des filières générales seront tout de même préparés.
Mais il est évident que certains lycéens ont décroché pendant le confinement et cela ne se voit pas forcément dans leur dossier. C’est sûr que, décrocheur ou pas, après 5 mois sans voir de professeur, la transition à l’université va être violente. Pour les remettre en selle, nous réfléchissons à la façon dont on va adapter nos dispositifs d’accueil. En temps normal, nous faisons déjà des animations avec deux semaines dédiées aux lycéens et aux étudiants en réorientation à la rentrée. L’idée est de le prolonger cette séquence et de décaler la rentrée.
Cela ne reste qu’un projet, nous faisons aussi avec nos propres contraintes puisque l’université demeure fermée jusqu’à septembre. Je sais que les lycées ont rouvert pour accueillir les terminales et faire un point sur leur orientation, nous allons également les rencontrer en présentiel à la rentrée pour faire de la thérapie de groupe. Il faut qu’ils prennent conscience qu’ils ont pu être isolés, en difficulté ou déboussolés. On va reprendre à la rentrée de façon plus progressive que les années précédentes.
En première, les E3C sont la grande nouveauté du bac . Avec les grèves, les manifestations et le covid-19, beaucoup d’élèves se retrouvent avec très peu de notes. Allez-vous les prendre en compte en 2021 ?
Je pense que l’on va créer une iniquité entre les élèves qui ont pu passer ces épreuves et ceux qui n’ont pas de notes pour telle ou telle raison. À Rennes II, nous n’en avons pas encore discuté puisque c’est encore loin mais je pense qu’il faut créer un dispositif pour ne pas défavoriser les élèves. On fera tout pour ne pas porter préjudice à ceux qui ont été malmenés par la réforme du lycée et du bac. On a beaucoup d’inquiétude pour l’année prochaine, il y aura des adaptations car les lycéens n’arriveront pas tous avec les mêmes bagages, mais nous avons conscience des enjeux.
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