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Depuis le début de la semaine, les enseignants dénoncent la campagne de « prof bashing » dont ils sont actuellement la cible. Plusieurs articles et enquêtes parus dans les médias pointent en effet du doigt les professeurs « décrocheurs », n’ayant pas donné de nouvelles depuis le confinement. Le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer s’est exprimé ce mercredi sur le sujet dans une interview accordée à RTL.

« Quelqu’un qui ne fait pas son travail est sanctionnable »

« Comme dans chaque métier […], l’immense majorité de la corporation est absolument remarquable », a d’abord tenu à rappeler le ministre. Il a souhaité « rendre hommage à ce que les professeurs ont fait durant la période de confinement. Il y a eu une mobilisation générale, la France est un des pays qui a fait le mieux en matière d’enseignement à distance. Les enquêtes montrent d’ailleurs 75 % de satisfaction des parents ».

Toutefois, « il y a des personnes qui n’ont pas été tout à fait à la hauteur de leur devoir », a-t-il admis. « Au mois de mai il y avait une tolérance sur le sujet. […] Par ailleurs il y avait des raisons de santé valables », a-t-il tempéré. Aujourd’hui, « le vrai problème c’est quand il n’y a rien : ni présence, ni télétravail. Dans ce cas-là, quelqu’un qui ne fait pas son travail est sanctionnable », a-t-il estimé. « Bien entendu, nous serons très attentifs en matière de carrière à ceux qui ont été particulièrement mobilisés ».

« L’objectif d’améliorer la rémunération des professeurs est resté intact »

Jean-Michel Blanquer a d’ailleurs confirmé le versement d’une prime pour les professeurs spécialement engagés durant la crise. « Elle peut être de 3 ordres : 330 euros, 660 euros ou 1 000 euros. Elle est notamment pour les professeurs qui se sont occupés des enfants de soignants », a-t-il rappelé. Pour les autres, « c’est au niveau de chaque département que ça s’apprécie, de la part de l’inspecteur d’académie ».

Parallèlement, les négociations pour les augmentations de salaires annoncées en février vont continuer, a indiqué le ministre. « Nous allons avoir dès le mois de juin la poursuite de ce que nous avons commencé avant le confinement. Le contexte a changé mais l’objectif d’améliorer la rémunération des professeurs est resté intact parce que c’est indispensable. […] Notamment nous visons à améliorer la rémunération des jeunes professeurs, l’attractivité du métier ».

Enfin, « c’est la semaine prochaine » que la liste des admis aux concours internes de l’enseignement sera publiée, a annoncé Jean-Michel Blanquer. Suite à la crise sanitaire, « nous avons fait des aménagements, nous avons accepté que la première moitié des admissibles soient considérés comme admis ». Cette solution ne convient toutefois pas aux candidats, qui réclament le recrutement de tous les admissibles.

Une « déferlante démagogique qui s’attaque insidieusement à l’ensemble de la profession« 

Dans une tribune publiée vendredi 12 juin, l’Association des professeurs d’Histoire et de Géographie (APHG) dénonce les enquêtes et articles parus dans les médias sur les enseignants « décrocheurs ».

L’association rappelle que « c’est le confinement décidé par le gouvernement » qui a fermé les établissements scolaires en mars dernier. L’APHG rappelle aussi que chaque enseignant « a fait de son mieux » pour garder un lien avec ses élèves. « Nous sommes tous conscients des difficultés de cette continuité pédagogique, comme celle du retour en classe » précise-elle.

L’association dénonce « cette déferlante démagogique qui, sous prétexte de viser le pourcentage d’enseignants jugés décrocheurs, s’attaque insidieusement à l’ensemble de la profession ». Les personnels de l’éducation sont « fatigués, sous pression et excédés de devoir se justifier en permanence » s’insurge l’APHG.