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Suite au déconfinement et à la réouverture des écoles, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer exprimait sa volonté d’accueillir des “publics prioritaires” et d’aller chercher les élèves décrocheurs et ceux en voie de décrochage. « Chaque semaine qui passe est dangereuse sur le plan pédagogique, sur le plan sanitaire, sur le plan éducatif » alertait-il.

Pourtant, de nombreux élèves n’ont toujours pas repris le chemin de l’école. A Paris, deux directeurs d’école expliquent avoir tenté de garder le contact avec les familles, sans succès. « Le lien a été coupé totalement. Pour nous, en fait, l’école s’est arrêtée le 16 mars » explique une directrice d’une école REP dans le 18e arrondissement à Europe 1. Cette dernière n’a plus aucune nouvelle de 50 élèves sur les 200 de son établissement.

Le second directeur, lui, s’inquiète des graves lacunes des élèves. « On arrive avec des CP qui ne savent pas lire et qui ne sont absolument pas capables de travailler tout seuls et là, c’est très inquiétant. Il faut qu’on puisse refaire venir le maximum de décrocheurs possible » a-t-il expliqué. 

De son côté, Gilles Pécout, recteur de l’académie de Paris, constate que dans les écoles classées REP, « les familles sont un peu plus réticentes », malgré la mise en place d’un protocole sanitaire strict. Dans la capitale, la peur du virus est plus importante dans les quartiers moins favorisés. Ainsi, 21% des élèves ont repris le chemin de l’école, contre 12% dans les écoles REP, selon Europe 1.

Deux départements rouges tirent la sonnette d’alarme

Tandis que certains collèges en zone verte ont pu rouvrir depuis une semaine, d’autres en zone rouge exigent des réouvertures. Le gouvernement avait annoncé, lors du plan de déconfinement, que les établissements d’enseignement secondaire resteraient fermés dans les départements rouges, où le virus circule encore activement.

Dans une tribune, les présidents des départements de Meurthe-et-Moselle et de Seine-Saint-Denis plaident le retour des collégiens en décrochage. « Si la période de confinement a contribué à creuser les inégalités scolaires, le déconfinement en ordre dispersé qui s’amorce renforce notre inquiétude à l’endroit des enfants déjà éloigné.e.s de l’écoles dont les familles sont aussi les plus réticentes au retour progressif et volontaire à l’école, notamment par crainte pour leur sécurité » lit-on dans le communiqué.  

Les présidents de ces départements en zone rouge demandent à organiser « un accompagnement personnalisé » pour les élèves les plus en difficulté. Un accompagnement « sur la base de petits groupes encadrés par des enseignant.e.s volontaires » qui se déroulerait de la même façon qu’avec l’accueil des enfants des soignants pendant le confinement.

De plus, les présidents des départements du 54 et du 93 s’engagent à respecter un protocole sanitaire strict si les collèges venaient à rouvrir. « L’idée n’est pas de renvoyer 100% des collègien.ne.s […] mais de permettre un retour pour des petits groupes d’élèves prioritaires dont celles et ceux qui ont décroché » poursuivent-ils dans leur tribune. « C’est pour cette raison que nous plaidons pour qu’un retour au collège ciblé et progressif soit envisagé dès maintenant dans tous les départements, verts ou rouges ».  

Ces départements s’inquiètent également pour la rentrée de septembre. « Nous ne voyons rien venir et pourtant nous serons tôt ou tard confrontés aux conséquences sociales et éducatives du confinement » alertent les présidents, avant de conclure  : « qu’attendons-nous pour nous préparer ? »