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Comment est née l’idée du jeu vidéo « Le prisonnier quantique » ?

Depuis plus de 15 ans, le CEA créé et publie sur son site Internet des vidéos et des animations interactives pour présenter des sujets scientifiques de façon vulgarisée. Par exemple, comment fonctionnent une pile à combustible ou un ordinateur. Il y a deux ans, nous avons souhaité aller vers davantage d’interactivité et créer un vrai jeu vidéo. Notre but était de toucher le grand public, friand de jeu vidéo, en lui proposant de s’amuser tout en lui inculquant quelques notions de sciences. Nous voulions aussi que le jeu puisse intéresser la sphère pédagogique, que les enseignants puissent l’utiliser pour faire découvrir les sciences de manière ludique et interactive.

Pour cela, nous avons travaillé pendant deux ans avec plus d’une vingtaine de scientifiques du CEA, chimistes, physiciens… Et nous avons lancé le jeu en octobre 2019.

Pouvez-vous le présenter ?

Le prisonnier quantique est un jeu totalement gratuit, accessible dès la 4e, qui possède une durée de vie de 8 à 12h. Le joueur suit l’aventure de Zoé, qui enquête sur la disparition mystérieuse d’un éminent physicien dans les années 50. Ce dernier travaillait sur des hypothèses de physique quantique touchant à l’infiniment petit. Le joueur va suivre le voyage de Zoé sur les traces de ce professeur et tout au long de son aventure, va tenter de récolter des indices pour comprendre les causes de sa disparition et l’objet de ses recherches.

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Au cours du jeu, il devra résoudre une trentaine d’énigmes, ou puzzles, scientifiques, qui ne tournent d’ailleurs pas uniquement autour de la physique quantique. Le jeu traite de la science au sens large du thème, aussi bien de physique que de chimie, de technologie ou de SVT.

Quel est le dispositif pédagogique autour de ce jeu ?

Les enseignants peuvent utiliser les puzzles rencontrés au cours du jeu de façon modulaire. Ils ne pourront certainement pas faire jouer les élèves pendant 8 à 12h durant leur cours, mais pourront se servir des puzzles comme de situations déclenchantes, d’introduction au cours proprement dit, ou même de mini-TD. En effet, pour résoudre un puzzle, il faut manipuler, faire des essais, mettre en place un début de démarche scientifique. Par exemple, dans l’énigme du mix énergétique, le joueur doit maintenir un certain niveau d’électricité sur un camp de base, en utilisant les différentes sources d’énergie renouvelables à disposition : éolien, solaire, pile à combustible…

Sur le site dédié aux enseignants, les puzzles sont accessibles individuellement. Ils sont accompagnés de fiches pédagogiques proposant des indications sur les différentes manières d’utiliser le jeu en classe, ainsi que des ressources pour permettre à l’enseignant d’aller plus loin dans la thématique.

Le dispositif pédagogique a été monté en partenariat avec le réseau Canopé, certains des puzzles seront d’ailleurs bientôt mis en ligne sur leur plateforme Etincel, accompagnés de ressources et de scénario pour guider les enseignants dans leur utilisation.

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Quel est l’intérêt pour un enseignant d’utiliser le jeu en classe ?

L’idée de ce jeu est aussi d’être un outil de médiation pour l’enseignant, de provoquer le dialogue en cours. Pour résoudre les énigmes, les élèves discutent beaucoup entre eux, s’écoutent, mettent en place une démarche collective pour trouver ce qui fonctionne le mieux. Ce jeu est donc très intéressant pour le travail de groupe et la stimulation.

Avez-vous eu des retours d’enseignants sur le jeu ?

Nous avons eu des retours très sympathiques d’enseignants référents numériques, convaincus de l’intérêt du jeu et des puzzles pour mobiliser les jeunes sur des notions scientifiques. J’ai eu moi-même l’occasion de tester le jeu dans des établissements en zones prioritaires et les élèves étaient très réceptifs. Les échanges étaient constructifs, il y avait un réel dialogue entre équipes pour progresser. Quand les élèves sont ainsi acteurs, je pense que l’apprentissage est beaucoup plus efficace. Et cela peut aider à capter l’intérêt des élèves les moins attentifs en cours.