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« Le niveau des élèves remonte! » estime dimanche 3 novembre Jean-Michel Blanquer dans un entretien au JDD, d’après les premières résultats des évaluations en CP et CE1. La deuxième édition des évaluations de CP-CE1 s’est déroulée du 16 au 27 septembre 2019. Leur objectif est, selon le ministère, de « connaître les compétences de chaque élève nécessaires pour un bon apprentissage de la lecture et des mathématiques.» Jean-Michel Blanquer, ravi, assure que « les évaluations réalisées en cette rentrée montrent des progrès significatifs sur les points clés : la fluidité de lecture et la capacité de calcul. »
Une évolution par rapport à 2018
Selon le communiqué du ministère, le niveau des élèves de CP est « resté stable » tandis qu’en CE1, des progrès en français sont notables « dans cinq domaines sur six » et en mathématiques « dans cinq domaines sur sept. »
En CP, pour les résultats de français, 84% des élèves comprennent les phrases lues par l’enseignant, soit une hausse de 1,9%, par rapport à 2018. Mais, en baisse, 59% des élèves peuvent reconnaître des lettres (-2,1 points) et 70% comprendre des mots lus par l’enseignant (-3,1%). En mathématiques, on constate des évolutions « plus marquées » avec 87,7% des élèves qui savent écrire un nombre entier (+5%) et 46% des élèves qui ont réussi l’exercice de la ligne numérique.
En CE1, les élèves ont progressé en français. 72,5% (+4,2) d’entre eux savent lire des mots à haute voix et 82,4 (+5) d’entre eux comprennent des mots lus par l’enseignant. En mathématiques, les progrès sont visibles dans tous les exercices, à « l’exception du calcul mental« , qui baisse de 0,2%.
Une réduction de l’écart avec les écoles REP/REP+
Même si les résultats sont plus bénéfiques pour les élèves scolarisés dans des établissements hors éducation prioritaire, les écarts avec les réseaux d’éducation prioritaires (REP) et les réseaux d’éducation prioritaire renforcés (REP+) ont diminué. En CP, l’écart évolue très légèrement en 2019 par rapport à 2018. En revanche, en CE1, pour le français, les écarts diminuent dans tous les domaines (exceptée la compréhension orale des mots). Par exemple, en 2018, 70% des enfants hors REP lisent correctement contre 58% des élèves en REP/REP+. Cette année, l’écart est de 10 points, avec respectivement 72% et 62%.
Face à ces résultats, le ministère se félicite : « Nous vivons un moment historique pour l’école : d’une part, la maîtrise des savoirs fondamentaux est en hausse – autrement dit : le niveau des élèves remonte – et d’autre part, l’amélioration est plus forte pour ceux qui viennent des territoires les plus défavorisés. Le ministre souhaite porter un « effort sur l’école maternelle » -en particulier la grande section- face aux résultats stables du niveau en CP : « la maternelle joue un rôle essentiel pour l’épanouissement, la sociabilité, la logique et le langage. À l’entrée en CP, il peut y avoir une différence de vocabulaire importante entre deux enfants, vectrice d’inégalités futures très fortes. La maternelle doit compenser cela. »
« On va un peu loin quand on dit que le niveau des élèves remonte«
Tandis que Jean-Michel Blanquer se réjouit des résultats, le syndicat SE-UNSA appelle à la « prudence ». Son secrétaire national Gilles Langlois explique à Franceinfo :« Je suis beaucoup moins enthousiaste. On a des résultats plutôt positifs, dans une certaine mesure, mais c’est une fanfaronnade. Les résultats annoncés au niveau du CP montre une très légère progression, mais avec des points qui peuvent nous alerter : les élèves cette année reconnaissent moins bien les lettres à l’entrée au CP que l’an passé ».
Il reconnaît toutefois que le dédoublement des classes de CP et de CE1 (en REP/REP+) « porte ses fruits » mais qu’il faut « prendre du recul » et ne pas oublier que l’école primaire continue ensuite, du CE2 à la CM2. « On oublie trop souvent qu’il n’y a pas de transition pensée pour des élèves fortement accompagnés. On passe d’un enseignant pour douze élèves à des classes de vingt-quatre. Et rien n’est prévu pour les élèves de CM1 et CM2, alors qu’eux aussi rencontrent des difficultés » avertit Gilles Langlois.
Pour la FCPE, les évaluations servent de « propagande gouvernementale«
De son côté, la fédération des parents d’élèves FCPE estime que les évaluations deviennent de la « propagande gouvernementale« . Son président Rodrigo Arenas explique à Franceinfo que les évaluations devraient servir uniquement « d’outil d’appui » pour les enseignants. « L’année dernière elles n’étaient pas bonnes, et c’était la faute des prédécesseurs. Cette année, par miracle, elles sont devenues géniales, de son point de vue en tout cas car il y a des points qui ne sont pas au niveau attendu » considère-t-il.
Il explique aussi que les préoccupations des parents sont plutôt portées sur d’autres problématiques comme les professeurs qui ne sont pas remplacés, le harcèlement scolaire ainsi que les ouvertures ou fermetures des classes. « Tout cela, c’est sérieux, c’est autre chose que de se donner des autosatisfactions sur des évaluations qui portent sur des années qui ne sont même pas comparables. Par définition, des évaluations doivent s’analyser sur plusieurs années » martèle t-il, avant d’ajouter que ces évaluations ont été faites « sur des critères académiques de français, d’anglais, qui permettent de redorer l’imager de la France à l’étranger« .
« J’en veux pour preuve la hausse extraordinaire des cours particuliers parce qu’on met la pression sur des évaluations qui n’apporteront pas de réponses à leurs (les parents) préoccupations » conclut Rodrigo Arenas.
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