Blanche Lochmann

Blanche Lochmann

Quels sujets ont été abordés lors de la récente Assemblée Générale de la Société des Agrégés ?

Le vœu adopté à l’issue de cette Assemblée générale porte sur le baccalauréat mais aussi sur la reconnaissance du travail des enseignants. Nous évoquons le baccalauréat car nos collègues sont inquiets de la façon dont les choses vont se passer concrètement : ils n’ont pas, à l’heure actuelle, de réponses à toutes leurs questions. L’organisation pratique de cette réforme posera problème aux professeurs comme aux chefs d’établissement.

C’est le cas pour les conditions pratiques du contrôle continu, pour le déroulement et les conditions d’évaluation des épreuves qui auront lieu en cours d’année comme pour le grand oral, pour lequel aucun dispositif de préparation ad hoc n’est prévu.

Comme à chaque réforme, il y a, sur le papier, de grands objectifs et, dans la réalité, une organisation extrêmement complexe, dont le succès n’est pas évident ou qui peut aboutir au contraire de l’effet escompté. Il en est ainsi des filières, qui sont en train de se reconstituer, avec le risque de voir les études littéraires pures disparaître.

Pensez-vous que les études littéraires puissent vraiment disparaître avec cette réforme ?

Nous avons demandé au ministère de pouvoir disposer d’un bilan des choix des options et des spécialités pour voir si un équilibre est conservé entre les disciplines ou si certaines dominent par rapport aux autres. Pour le moment, il semble que le choix le plus fréquent se porte sur la spécialité « mathématiques ».

Le problème, comme dans toutes les réformes, est que ses effets ne pourront être évalués que dans quelques années. Nous déplorons qu’il n’y ait pas de réflexion approfondie sur les exercices ni sur la préparation des élèves pour l’examen. En première, la dissertation revient à l’honneur, on ajoute des questions de grammaire, mais il n’y a pas d’heures de français supplémentaires pour s’y préparer. Nous redoutons la mort des études littéraires “sérieuses”.

Avez-vous alerté le ministère de l’Éducation nationale d’une possible disparition de ces études ?

Depuis deux ans, nous alertons les institutions, et aucun fait précis n’a pu répondre à nos inquiétudes.

Par exemple, les programmes de spécialités mélangent lettres et philosophie et les sujets zéro présentés font craindre un manque d’analyse. Ce sont à la fois la précision philosophique et le sens de la beauté littéraire qui risquent de se perdre. De même, l’histoire et la géographie sont excessivement tirées vers les sciences politiques.

Comment expliquer cela ?

Cette réforme se fait sous l’influence de Sciences Po, ce n’est pas un mystère. Il n’est pas étonnant de constater que cette école renonce à ses concours d’entrée pour se fonder sur les résultats du baccalauréat : cette réforme est l’introduction de l’état d’esprit « Sciences po » dès le lycée. Qu’on apprécie ou pas ce modèle dans le supérieur, on est en droit de se demander s’il a un sens dès le second degré.

Quelles sont les revendications de la Société des Agrégés ?

Dans nos vœux nous réclamons des mesures qui permettent de contrôler l’efficacité de la réforme et d’en mesurer les effets.

Nous avons également demandé la poursuite en terminale des 3 spécialités prises en 1ère ainsi que la création d’heure de préparation à l’oral pour les lycéens : si l’on crée une nouvelle épreuve, il faut donner les moyens aux élèves de s’entraîner.

Nous souhaitons que des réponses soient apportées aux inquiétudes des professeurs.