
« Parlez vous le finnois? » – Shutterstock
La Finlande bénéficie de l’un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. En effet, selon le classement PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves), la Finlande est dans le Top 5 (sur 70 pays) des meilleurs élèves performants en sciences, en compréhension de l’écrit et en mathématiques et la première en Europe. Depuis plus de quarante ans maintenant, le pays a développé l’école publique unique, accessible à tous les enfants. Plusieurs particularités du système éducatif finlandais font qu’il fonctionne très bien et qu’il est présenté comme un modèle à suivre. Aija-Leena Nurminen, native finlandaise et enseignante de finnois à l’INALCO nous l’explique.
La scolarité à sept ans
En mars dernier, le président Emmanuel Macron annonçait l’abaissement de la scolarité obligatoire de six à trois ans. Depuis 1959, la scolarité est obligatoire en France de 6 à 16 ans. En réalité, la mesure vise plutôt la reconnaissance de l’école maternelle, puisque 97% des enfants sont déjà scolarisés à l’âge de trois ans. Contrairement à la France, les Finlandais commencent l’école à l’âge de sept ans. Aija-Leena Nurimen explique qu’en Finlande les écoles maternelles n’existent pas, et qu’il s’agit plutôt de jardins d’enfants préscolaires où l’enfant va apprendre à vivre avec les autres enfants. «C’est très ludique, c’est justement pour que les parents puissent travailler et c’est ouvert à tout le monde» explique-t-elle. «Avant d’aller à l’école, on apprend aux enfants à travailler en petits groupes, de sorte que quand les enfants arrivent à l’école ils savent déjà comment se déroulent les travaux en groupe.»
En Finlande, on estime que jouer est très important pour un enfant. «Même si je comprends le point de vue du gouvernement français, commencer l’école à 3 ans en Finlande ça ne marcherait pas, pour les enfants le plus important c’est de jouer, pas de travailler trop tôt» raconte Aija-Leena. A noter aussi que les enfants sont à l’école 19h par semaine, ce qui leur laisse beaucoup de temps libre pour faire des activités extra-scolaires.
Le redoublement n’existe pas
Autre cas particulier de la Finlande : il n’y a pas de redoublement. La professeure de finnois précise que cela a existé pendant un moment : «On a constaté que cela ne servait à rien en Finlande, que les enfants qui redoublaient n’apprenaient pas plus et étaient plutôt démotivés. On a donc créé un système de soutien pédagogique pour éviter le redoublement» affirme-t-elle. Ainsi, si un enfant venait à échouer, l’échec est considéré comme un échec pédagogique de l’enseignement et pas de l’élève.
La Finlande a mis en œuvre dans l’éducation une aide personnalisée aux élèves qui en ont besoin. Il y a des spécialistes à disposition dans les écoles pour aider les enfants en difficulté. C’est à l’enseignant de penser avec une équipe comment contourner les difficultés d’un enfant afin d’éviter le découragement. «La formation est centrée sur la pédagogie plutôt que sur les savoirs» admet Aija-Leena.
La contribution financière de l’Etat est très importante
En Finlande, l’école est totalement gratuite. Les cours, mais aussi les cantines scolaires, les transports pour venir à l’école et les manuels scolaires sont pris en charge par l’Etat. Ce dernier finance même les études des futurs enseignants pour obtenir le diplôme exigé. Aija-Leena Nurminen explique qu’il n’y a pas d’écoles privées et que les cours se terminent aux alentours de 14h pour pratiquer des activités sportives et/ou artistiques. Elle affirme aussi qu’être enseignant est un métier très exigeant : «On continue d’avoir une formation continue toutes les semaines une fois notre diplôme en poche et même quand on enseigne». Enfin, le nombre d’élèves par classe est restreint : ils sont entre 15 et 20. Bien que les effectifs soient restreints, l’enseignant aide et assiste chaque élève dans son apprentissage. Il y a un véritable soutien pédagogique.
De fait, pour seulement égaler le taux d’encadrement finlandais rien qu’au collège, il faudrait, en France, recruter plus de 130.000 professeurs…
Oui, mais l’école ne commence qu’à 7 ans!
Si vous récuperez tous les postes de maternelle, vous arriverez au même équilibre.
Il faudrait alors désolidariser la maternelle du reste… ce n’est pas la voix que nous prenons.
Si la Finlande incluait le financement de l’accueil des jeunes enfants, le budget alloué à l’accompagnement des enfants serait considérable.
On compare l’ incomparable. C’est aussi notre problème.
L’état Finlandais ne finance pas les écoles privées en plus du publique.
En Finlande, il n’y a tout simplement pas d’écoles privées. Par ailleurs, le nombre d’élèves par classe est un faux problème : ce n’est qu’un paramètre parmi d’autres. Avec sensiblement le même budget (eh oui) nous avons choisi en France d’avoir beaucoup d’heures de cours (et un service enseignant assez limité), nous sommes donc obligés d’avoir beaucoup d’élèves par classe. En Finlande, ils ont 10% d’heures de cours en moins que la moyenne de l’OCDE…