Enseignement professionnel

Quelles sont les grandes lignes de la réforme de la voie professionnelle ?

Il y a un principe que le ministre de l’Éducation nationale a suivi à la demande du président de la République et du premier ministre : la généralisation de l’apprentissage.

C’est un principe inadapté auquel nous nous opposons, car pour devenir des citoyens les élèves auront toujours besoin de l’école. Nous pensons que l’apprentissage ne peut pas intervenir avant une première formation. L’École doit donner une première chance à chaque jeune.

Quels sont les autres changements majeurs ?

Il y a par exemple la diminution du volume horaire par élève, passant de 34h à 30h30 par semaine. Nous considérons que les élèves n’ont pas forcément besoin de plus de temps mais d’un meilleur temps de classe. Nous veillerons à ce que cette nouvelle grille horaire soit appliquée et qu’elle n’entraîne aucune diminution du nombre de postes !

Autre changement, la co-intervention, qui permet une heure par semaine à deux enseignants, un d’une matière générale et un d’une matière professionnelle, de faire cours ensemble.

Il y a de nouvelles modalités pédagogiques, les élèves devront notamment en fin de cursus rendre une production qui agrègera toutes les matières abordées lors de leur parcours.

Les programmes d’enseignements généraux ont été totalement revus et seront appliqués dès la rentrée pour les classes de seconde. Le SNETAA sera reçu en début d’année prochaine pour aborder avec les instances d’éventuels ajustements.

Globalement, est-ce que cette réforme va dans le bon sens ?

Nous sommes opposés à cette réforme à cause de la place qu’elle accorde à l’apprentissage. Si cette dernière permet cependant de redorer le blason de l’enseignement professionnel en respectant à la lettre la grille horaire, ce sera une bonne chose. Nous n’étions pas demandeurs de cette réforme, mais si elle répond aux attentes des élèves, nous saurons alors le reconnaître.

Quels effets néfastes redoutez-vous avec cette réforme ?

Il n’y avait auparavant pas de sélection, désormais l’apprentissage en instaure une, puisque les élèves devront être choisis par des entreprises ! Les apprentis n’auront bien sûr pas de promesse d’embauche ensuite, et ils pourront être facilement remerciés en cas de mauvaise expérience.

Il y a une immense contradiction au sein du gouvernement avec la ministre du Travail qui souhaite également développer l’apprentissage, mais dans des CFA générés par des grandes entreprises qui entrent en concurrence avec l’Éducation nationale. Le développement de ces structures est une menace pour l’enseignement professionnel au sein de l’Éducation nationale. La ministre du Travail veut créer une école qui n’en est pas une.

Quelle est l’actualité de votre syndicat ?

Le SNETAA est sur tous les fronts, nous répondons aux préoccupations des collègues et veillerons à ce que leurs grilles horaires soient respectées !

Nous faisons également de l’inclusion une de nos priorités. Nous demandons à ce que les jeunes en situation de handicap puissent être mieux accompagnés dans les lycées professionnels. Pour cela les enseignants doivent avoir plus de moyens, accéder à des formations, et être accompagnés par d’avantage d’AESH.

Autre bataille : le retour dans l’éducation prioritaire de nos établissements. Que ceux qui y étaient soient réintégrés, et que ceux dont la situation s’est dégradée puissent y rentrer.

Nous espérons désormais que l’administration et ses inspecteurs sauront accompagner les enseignants qui vont naviguer vers l’inconnu. Les exemples qui remontent sont à l’opposé de l’attente des collègues. Les formations se transforment en moments d’inspection, ce qui est inacceptable. C’est le cas par exemple dans l’académie de Nice.