Italien – Getty images

Jean-Michel Blanquer met-il en péril l’enseignement de l’italien comme LVC (3e langue vivante) au lycée ? La question se pose depuis la publication en avril dernier d’une pétition du SIES (Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur) publiée dans Le Monde.

Cette pétition, soutenue par des universitaires, des enseignants et des personnalités a déjà obtenu plus de 10 000 signatures, et a pour but d’alerter sur « les fâcheuses conséquences de cette situation d’asphyxie de l’italien ». En France, l’avenir de la langue italienne est clairement menacé par une diminution des postes de professeurs.

En effet, depuis plusieurs années, les postes ouverts au CAPES ne cessent de diminuer. En 2013, on dénombrait 64 postes de professeurs d’italien. Ils n’étaient plus que 35 en 2016, 28 en 2018, et enfin 16 cette année.

À l’agrégation externe, le nombre de postes ouverts au concours a été divisé par deux en deux ans. Et cette année, il n’y avait que 5 postes ouverts. « Aucune autre langue vivante, dans la même période, n’a subi des amputations aussi violentes » précise la pétition.

Ce constat, Olivier Morin, président de l’APIRP (association des professeurs d’italien de la région parisienne) et professeur d’italien au lycée Paul Bert à Paris le partage. « Aujourd’hui, on met l’italien en concurrence avec d’autres choses indispensables au bon fonctionnement d’un établissement, comme les groupes dédoublés en maths ou en français, les aides personnalisées » explique-t-il inquiet.

Un intérêt constant

Or, comme l’indique Olivier Morin, « l’italien est une langue qui attire chaque année de plus en plus d’élèves ». D’après lui, l’italien comme LV3 représente aujourd’hui « 40% des choix des élèves ». Attirés par un coefficient 4 en Terminale L, les élèves sont « conscients que cela représente du bonus pour le Bac » admet également Lorenza. Professeure d’italien dans le Doubs, elle reconnaît volontiers que ce qui motive les élèves, « c’est de découvrir une langue vivante proche du français, donc aussi simple d’apprentissage pour eux que l’espagnol, plus chantante que l’allemand, mais aussi et surtout le fait de découvrir la culture et la civilisation italienne au travers des voyages scolaires qu’ils pourront faire au pays de la dolce vita ».

Malheureusement, la réforme Blanquer « anéantit le coefficient de la LV3 (prochainement LVC) pour nos très nombreux élèves » et « assène un coup mortel à l’enseignement de l’italien en France » précise la pétition du SIES. Par conséquent les élèves bouderont sûrement cette langue optionnelle « qui ne rapportera plus autant de points que l’histoire-géographie ou le théâtre » ajoute Olivier Morin.

Pas d’enseignement de l’italien

Autre problématique soulevée par le SIES dans sa pétition, la disparition constante de la section italien dans les établissements publics situés en zones blanches. Conséquence  : l’italien n’est pas proposé dans tous les départements français ! En effet, dans ces territoires plus ou moins ruraux, l’enseignement de cette langue vivante n’est peu ou pas assuré faute d’enseignants ou de moyens. D’après Olivier Morin de l’APIRP, « il y a environ 10 départements en France dans lesquels l’enseignement de l’italien n’est pas présent ». Ainsi, « les effectifs de débutants explosent dans les universités, car les étudiants n’ont pas eu la possibilité d’apprendre la langue de leur choix au collège ou au lycée ». Les signataires plaident donc pour que « l’enseignement de l’italien soit soutenu comme enseignement de spécialité avec des moyens spécifiques » et espèrent un geste fort du ministre de l’Éducation nationale.

Quelques jours après les commémorations du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci auxquelles ont assisté Emmanuel Macron et son homologue italien Sergio Mattarella à Amboise, le ministère de l’Education nationale annonçait « la fin des coupes des postes d’italien au concours et la promesse de leur augmentation de 40% dès cette année ». Par ailleurs, le ministre plaide désormais pour que soit proposé l’enseignement de l’italien dans au moins un établissement public par département. Deux bonnes nouvelles pour Olivier Morin et Lorenza, qui se disent soulagés et entendus.