école de la confiance

DONGSEON_KIM – Getty

Depuis hier, le Sénat examine le projet de loi « pour une école de la confiance », porté par le ministre de l’Education nationale. Ce même projet qui suscite depuis plusieurs mois la colère des enseignants, et contre lequel ils ont manifesté ce jeudi 9 mai. Deux articles font particulièrement polémique.

Article 1 sur l’exemplarité des personnels de l’éducation

Particulièrement décrié, l’article 1 stipulait que « par leur engagement et leur exemplarité, les personnels de la communauté éducative contribuent à l’établissement du lien de confiance qui doit unir les élèves et leur famille au service public de l’éducation. Ce lien implique également le respect des élèves et de leur famille à l’égard de l’institution scolaire et de l’ensemble de ses personnels. ». Une « dérive autoritariste », avait estimé le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, lors d’une précédente manifestation. Pour certains enseignants, qui ont participé à la manifestation du 9 mai dernier, cet article générera forcément un « climat de raidissement ».

Pourtant, pour le cabinet de Jean-Michel Blanquer, cité par le Monde, « l’article ne modifie en rien la liberté d’expression, il rappelle simplement le devoir d’exemplarité des enseignants ».

Adopté, l’article 1 a toutefois été réécrit par le Sénat, qui y a introduit la notion d’autorité : « L’engagement et l’exemplarité des personnels de l’éducation nationale confortent leur autorité dans la classe et l’établissement et contribuent au lien de confiance qui unit les élèves et leur famille au service public de l’éducation », indique le Café pédagogique. Le ministre a d’ailleurs « souscrit pleinement » à cette nouvelle rédaction, et a « bien volontiers » reconnu qu’elle « apporte une amélioration. Et que l’ajout du terme autorité est très important ».

Article 6 quater sur les établissements publics des savoirs fondamentaux

Autre point de tension, l’article 6 quater qui permettra aux collectivités de regrouper écoles et collèges dans une nouvelle structure baptisée établissement public des savoirs fondamentaux. Ce regroupement ne se traduira pas forcément pas un rapprochement physique, mais donnera la possibilité aux écoles et collèges appartenant au même établissement d’organiser des projets pédagogiques, sorties ou voyages scolaires communs, afin de créer une meilleure continuité entre l’école et le collège. En mars dernier, Jean-Michel Blanquer avait assuré que ce regroupement ne serait pas imposé, mais cela n’a pas suffit à calmer les inquiétudes.

Certains syndicats craignaient en effet que ce regroupement entraîne un affaiblissement du rôle du directeur d’école. « S’il existe un lien hiérarchique entre le principal de collège et le directeur d’école, le risque est que les besoins des élèves et des enseignants du premier degré soient mal compris », déplorait notamment Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa, dans 20 minutes. Pour Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU,  « cela risque d’entraîner une perte de lien de proximité avec le directeur d’école, puisque celui-ci ne sera plus que l’adjoint du chef d’établissement. Et on ne sait pas s’il sera à plein temps, quelles seront ses missions… ». Quant à Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-Fsu, elle craignait que « l’ambition de cet article soit surtout de mutualiser des locaux et des moyens humains et qu’il conduise à des fermetures de classes ».

Supprimé par la Commission éducation du Sénat, cet article pourrait être, sur amendement proposé par les députés LREM, rétabli avec une modification : l’ouverture d’un tel établissement ne se ferait qu’après autorisation du maire, du conseil d’administration du collège ainsi que des conseils d’école.

L’examen du projet de loi au Sénat devrait se prolonger au moins jusqu’au jeudi 16 mai.