Si les méthodes d’apprentissage visuelles et auditives sont bien connues, la kinesthésique, elle, est souvent délaissée en classe. Or pour certains élèves, c’est le mode d’apprentissage dominant. « La méthode kinesthésique fait appel au mouvement, au corporel, aux sensations internes (émotions) et externes (toucher, mouvement) pour percevoir et comprendre le monde », souligne Valentine Armbruster, coach professionnelle formée à la PNL et aux techniques théâtrales, et auteure de « Dépasser les difficultés scolaires », aux éditions Albin Michel.
Elle-même s’est découverte kinesthésique sur le tard, alors qu’elle rédigeait son mémoire universitaire. « En parallèle, je faisais une école de coaching à la pédagogie très pratique. J’intégrais tout très rapidement à la différence du système scolaire dans lequel j’avais évolué. Je me suis dit que si j’avais rencontré des difficultés à l’école, ce n’était peut-être pas parce que j’étais une mauvaise élève mais parce que les méthodes ne me convenaient pas », confie la coach.

Détecter un profil kinesthésique

Pour savoir si un élève est plus visuel, auditif ou kinesthésique, on peut lui demander d’expliquer quelque chose qu’il connait. S’exprime-t-il uniquement à l’oral, s’appuie-t-il sur un support visuel ou va-t-il faire des gestes, bouger ou utiliser des objets ? Quels mots emploie-t-il ?
Un élève kinesthésique emploie des éléments concrets, des phrases courtes, des métaphores. Il peut dire « j’ai la boule au ventre », « c’est pesant »… Il a plutôt un débit de parole lent car il a besoin d’intégrer les choses physiquement d’abord pour pouvoir les exprimer ensuite. Il est souvent à l’aise dans les activités physiques et se montre débrouillard.

Prévenir les difficultés de compréhension

A travers son livre, Valentine Armbruster donne de précieux conseils aux enseignants qui ne sont pas toujours bien informés sur les spécificités de ce fonctionnement. « Beaucoup de mes amis professeurs pensaient que leurs élèves n’apprenaient pas par mauvaise volonté. Eux-mêmes ont été de bons élèves et ont très bien appris grâce au système visuel et auditif. Ils ont tout naturellement reproduit ce qui avait fonctionné pour eux, sans penser que ça ne convenait pas à tout le monde », explique l’auteure. Or si l’élève ne comprend pas un cours, il peut décrocher, se montrer impatient ou agressif ou perturber la classe. La coach propose donc d’expliquer les cours en utilisant également le canal kinesthésique. Ainsi, en plus de parler et d’écrire au tableau, elle recommande aux enseignants d’inviter les élèves à être actifs, à s’entraider et à expérimenter pour mieux comprendre.
Enseigner en utilisant les trois modes sensoriels (visuel, auditif et kinesthésique) est bénéfique pour tous les élèves. « Cela demande une préparation des cours un peu plus longue. Il faut, en effet, trouver comment intégrer le mode kinesthésique dans l’enseignement. C’est accepter de perdre du temps pour en gagner ensuite car l’apport de connaissances est plus complet pour tous les élèves. On a moins besoin de réviser ces points car ils sont mieux mémorisés par chacun », explique Valentine Armbruster.

Inclure du kinesthésique dans ses cours

Pour faciliter cette approche kinesthésique, l’auteure suggère de regrouper les tables pour circuler plus librement et permettre le travail en sous-groupe. Cela encourage aussi l’entraide, crée de l’émulation et évite d’isoler l’élève en difficulté.
Le cours peut être rendu plus concret grâce à des matériels aux formes, matières, couleurs, dimensions et poids différents (sensations externes). Le professeur peut recourir à des dessins, des illustrations, des photos, des schémas animés (sensations internes).
Place également à l’autonomie des élèves, sous l’égide de l’enseignant qui reste le guide. Il peut les inciter à participer davantage, leur demander de construire, par exemple, une maquette, de choisir un atelier. Ils peuvent aussi se mettre dans la peau du professeur pour expliquer ce qui a été vu lors du précédent cours…
Valentine Armbruster conseille également d’évoquer des histoires vécues, des anecdotes du quotidien pour davantage toucher les élèves et rendre les propos plus concrets. Ils retiendront mieux les exemples si cela a suscité chez eux des émotions comme la joie, la surprise, la tristesse.