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Tandis que le projet de loi pour « l’école de la confiance » a été voté à l’Assemblée Nationale ce mardi, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche, ont annoncé aux organisations syndicales la mise en place d’un nouveau concours enseignant en fin de M2. La réforme prendrait effet au printemps 2022.
#FormationInitiale Le #concours en fin de M2 sera en un seul bloc avec tout le caractère solennel des concours dit Édouard Geffray DGRH . @ReseauEspe @sup_recherche @EducationFrance
— loureiro franck (@FranckLoureiro) February 20, 2019
Bernard Saint-Girons, ancien recteur de Créteil et Monique Ronzeau, inspectrice générale de l’administration de l’Education nationale, sont à l’initiative de cette réforme. Ils proposent, dans leur rapport « Quelles évolutions pour les concours de recrutement des enseignants », deux options : l’admissibilité en fin de L3 puis l’admission en M2 ou les deux combinés en M2.
Option 1 : l’admissibilité en L3 et l’admission en M2
Le rapport indique que positionner les épreuves d’admissibilité en fin de troisième année de licence apporte «une clarification dans l’organisation, le temps, le contenu de la formation de master » ainsi qu’une consolidation «des attentes de l’employeur sur les compétences professionnelles» du métier d’enseignant. Autrement dit, une formation améliorée dans laquelle le M1 n’est plus «consacré en même temps à la préparation d’épreuve d’écrite de concours et à la formation professionnelle.»
Cette option était recommandée par la Cour des Comptes, selon AEF. « Le déplacement des épreuves d’admissibilité en L3 permettrait aux universités de préparer les candidats sur le plan disciplinaire ; les épreuves d’admission seraient plus axées sur la professionnalisation afin de sélectionner ceux des admissibles qui présentent les meilleures aptitudes et la plus forte motivation pour le métier « .
Option 2 : admission et admissibilité en M2
Cette deuxième option a été retenue par Frédérique Vidal et Jean-Michel Blanquer. Elle consiste à «valoriser davantage la dimension professionnelle acquise au cours de la formation» dans le cadre d’un master des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation (MEEF) en alternance. D’après le rapport, cette option met en lumière plusieurs questions : « une évolution des concours dont l’organisation, le contenu des épreuves et la composition des jurys devront impérativement être revus, afin notamment de mieux reconnaître l’expérience pédagogique acquise au cours du master. » Bernard Saint-Girons et Monique Ronzeau ont souligné que les épreuves du concours doivent évoluer de façon « très significative ».

Source : rapport de Monique RONZEAU et Bernard SAINT-GIRONS du 18 février 2019
La formation en alternance reste très importante
Le concours pour devenir enseignant se déroule aujourd’hui en fin de première année du master MEEF. Brigitte Marin, présidente du réseau des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé), forme de futurs enseignants. Interrogée par le Figaro étudiant, elle juge cette réforme utile, car elle permet d’alléger le travail des étudiants qui doivent à la fois valider leur M1 et préparer le concours.
Cependant, la présidente des ESPE estime que l’alternance reste très importante dans la formation du futur enseignant. « Le métier d’enseignant ne peut s’apprendre qu’avec un lien très fort entre la pratique et l’apprentissage » explique-t-elle. « Le métier d’enseignant a beaucoup évolué depuis quelques années, et les apprentis enseignants en ont parfois une vision très datée. »
Brigitte Marin a également affirmé que les futurs professeurs doivent avoir la rigueur « que requièrent les méthodologies de la recherche », tout en adoptant « un regard critique sur leur façon d’enseigner, afin d’améliorer leurs pratiques professionnelles pour la réussite de tous les élèves. »
Bonjour,
Ayant passé, non pas un mais deux concours de l’enseignement, je tiens à indiquer que cette stratégie de dissocier l’admissibilité et l’admission sur 3 ans (scénario 1) ou de « professionnaliser » les étudiants dès le L2 et de faire passer le concours en M2 (scénario 2) auront l’un comme l’autre nécessairement pour conséquence d’augmenter considérablement le nombre de contractuels titulaires d’un M2 et de réduire à peau de chagrin le nombre de titulaires du M1.
Le problème du niveau des enseignants n’est ni nouveau, ni insurmontable. C’est un problème qui a deux aspects principalement.
D’une part le coût financier de la formation initiale puis supérieur qui détermine la capacité des étudiants à réussir (ainsi depuis presque une décennie on refuse des candidats car leur niveau est médiocre et donc fort logiquement leur interdit d’enseigner). Plus on réduira les horaires d’enseignements reçus par les futurs professeurs depuis le CP, plus on réduira leur capacité à être des adultes capables d’éduquer et d’enseigner. Or depuis 1945, le nombre d’heures passées en classe et en amphi n’a fait que baisser pour se réduire à peau de chagrin. or l’enfant, l’élève, l’adulte ne comprend un savoir que s’il est transmis par un autre adulte dans un délai raisonnable pour l’appréhender.
D’autre part, il y a une confusion entre la dimension scientifique et la dimension professionnelle du travail d’enseignant. C’est une confusion qui s’appuie sur le mépris hiérarchique que l’on rencontre dans l’Education Nationale depuis fort longtemps. Le professeur d’université méprise le professeur de lycée qui méprise le professeur de collège qui méprise l’instituteur … or l’éducation ne se construit jamais à partir de rien, c’est un système en synergie avec les acquis et les innés de l’enfant ou de l’adulte, de son parcours et de son environnement. De là est née l’idée que l’université renfermait les savoirs et que le primaire et le secondaire ne se contentaient que de la pratique. Or il est indispensable de maîtriser les savoirs scientifiques pour espérer les transmettre correctement à autrui. Et d’autre part le savoir scientifique n’existe que parcequ’il est transmis à autrui. C’est d’ailleurs l’handicap principal de l’université c’est que l’on exclue l’idée de faire un effort didactique envers son public, tandis qu’au collège et au lycée on fait des réformes pédagogiques à tour de bras sans se soucier des savoirs transmis.
Il nous faut, à mon sens, aujourd’hui dépasser ces querelles et ces distinctions. L’Education légale est une construction fragile qui n’existe que s’il y a un consensus entre ses acteurs et la société avec laquelle elle coexiste. Or aujourd’hui ce n’est pas le cas. Le système scolaire n’est pas en adéquation avec son monde et ses habitants. Ce n’est pas une réforme qui pourra changer cela mais une approche humaniste par à coups avec une réflexion sur le moyen et le long terme car aujourd’hui le citoyen quitte l’école à un âge avancé entre 18 et 25 ans et que le bagage culturel et social qu’il y a acquis le suivra pour au moins 60 ans.