Capture d’écran Google

Le projet de loi Blanquer pour « l’école de la confiance » suscite de nombreuses interrogations, particulièrement pour les organisations syndicales et les enseignants de Seine-Saint-Denis, confrontés à un sérieux manque de moyens humains. Un ressenti partagé par Pauline Guittot, membre du syndicat Sud Education 93 et professeur de SVT au collège Jean-Pierre Timbaud de Bobigny, classé en REP. « Nous demandons une embauche massive d’enseignants et de professeurs encadrants, ainsi que des médecins scolaires. » affirme-t-elle. « Il y a très peu de médecins scolaires en Seine-Saint-Denis, les enfants ont plutôt intérêt à être en bonne santé. »

Des absences peu voire pas remplacées

Outre des effectifs insuffisants, l’absentéisme des professeurs en Seine-Saint-Denis est très largement répandu. Le seuil d’élèves par classe est très élevé et les classes sont censées être dédoublées. «La DSDEN a déjà annoncé qu’elle n’aurait pas assez de personnel pour le faire» relate Pauline Guittot. «J’ai un collègue professeur d’histoire-géographie qui s’est blessé, il a été arrêté un mois et demi et il n’a jamais été remplacé»

SUD Education 93 a ainsi demandé 2500 postes pour les établissements du second degré dans un contexte d’urgence pour le système éducatif du département. Concernant les écoles, le syndicat réclame 1000 postes au plus vite pour couvrir les besoins, avec la recréation de 200 postes de RASED.

  « Quand le rectorat recrute, il le fait normalement avec des gens qui ont des compétences dans la matière.  J’ai déjà eu une enseignante qui remplaçait une collègue en congé maternité, donc je me suis occupée d’elle en lui expliquant où ma collègue s’était arrêté dans le programme etc. Et cette enseignante ne savait même pas qu’il y avait un programme, qu’on n’enseignait pas n’importe quoi. Ces personnes remplaçantes n’ont pas du tout eu de formation par l’Education nationale. Le rectorat a besoin de personnels, donc il recrute des personnes peu compétentes. »

Prenons l’exemple des 282 postes créés dans le premier degré pour la Seine-Saint-Denis. Pauline Guittot explique que ces places ne sont pas toutes pourvues car les enseignants ne se présentent pas au concours. « Cela paraît énorme 282 créés pour un département aussi petit que la Seine-Saint-Denis mais c’est en réalité à moduler » explique-t-elle. « Ce n’est malheureusement pas suffisant pour couvrir les besoins car le DASEN a prévu d’embaucher 600 contractuels. » De la même manière, les postes pour les élèves handicapés restent vacants, car très peu d’enseignants bénéficient de la formation spécifique et le recrutement des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) demeure problématique.

La Seine-Saint-Denis peine à attirer les enseignants

Le faible taux de recrutement des enseignants est lié au manque d’attractivité du département. « Il y a une véritable crise, les affectations de professeurs de mathématiques titulaires sont très rares aujourd’hui dans le 93 » souligne la syndicaliste. « Il y a des endroits où plus personne ne veut venir. Quand on voit le salaire qu’on peut se faire avec un Master de mathématiques dans le privé, les gens ne veulent pas s’embêter à enseigner à Villetaneuse pour moins de 2000 euros par mois. » Les professeurs contractuels sont sur-représentés dans le département et enseignent pour la plupart dans des quartiers défavorisés.

Un manque d’attractivité qui accentue la souffrance et le surmenage des professeurs séquano-dionysiens. « On ne va pas se mentir, il y a un malaise du travail et certains collègues sont en souffrance » constate Pauline Guittot.