TProf

Pouvez-vous nous raconter votre parcours et l’origine du projet ?

Nous avons créé la société T-Lipps en mars 2018 avec mon associé Jordane Paquet, qui est le président à l’initiative du projet. Nous nous sommes rencontrés lorsque nous occupions des postes de direction au sein d’un groupe de communication et de formations digitales innovantes et nous avons uni nos forces pour créer cette société.

Mon parcours est le suivant : j’ai travaillé plus d’une vingtaine d’années en agence de communication. Jordane Paquet a travaillé pour des studios de jeux vidéo, plus précisément dans le serious game car il est ingénieur pédagogique. Nous allions 2 forces, la communication et la technologie !

Comment est venue l’idée de créer T-Prof® ?

L’idée du projet est issue d’un constat. Il y a plusieurs années, Jordane Paquet a voulu devenir professeur d’EPS, et il a remarqué que pendant ses années d’études il a eu beaucoup d’apprentissage sur la théorie et très peu sur la pratique de l’enseignement. Nous avons alors eu l’idée de créer une application qui a pour ambition de devenir le premier simulateur numérique d’enseignement.

En quoi consiste ce simulateur numérique ?

Durant toutes ces années d’études pour devenir professeur, il y a beaucoup d’enseignement de la théorie, mais seulement 4 à 6 semaines d’immersion en stage auprès des élèves, ce qui est très peu pour comprendre le fonctionnement d’une classe. L’idée ici est de créer un simulateur qui puisse nous immerger au sein d’une classe virtuelle.

Nous nous basons sur des expériences antérieures, puisque nous avions précédemment développé un simulateur dans le domaine de la santé, pour apprendre aux personnels à faire les bons gestes auprès des patients. De son côté, Jordane Paquet avait développé un simulateur d’entretiens pour une grosse compagnie d’assurance. Notre modèle utilise la même méthode que ce que l’on a pu tester auparavant, de façon à en tirer le meilleur au service de l’éducation. L’utilisateur est mis en situation derrière un ordinateur, une tablette, un smartphone, où il va pouvoir composer une classe, choisir un lieu géographique, définir tout un nombre de paramètres qui vont rendre plus ou moins difficile la tâche et ainsi commencer une simulation avec une classe virtuelle. Ce démarrage va aider aux bonnes pratiques, au même titre qu’un pilote d’avion s’entraîne sur un simulateur ! L’utilisateur pourra interagir avec des élèves qui ont une intelligence artificielle.

A qui s’adresse ce simulateur ?

La cible est assez large, puisque pour ce simulateur nous travaillons avec des laboratoires de recherche, notamment le laboratoire EMA de l’Université de Cergy Pontoise. Ses membres ont suivi durant plusieurs années de nombreuses classes, et ont beaucoup de notes et de vidéos, et grâce à ces contenus nous pouvons reproduire des histoires. Nous y intégrons de la psychologie de l’enfant en collaboration avec le laboratoire CHArt, nous avons la chance de travailler avec le LIP6 qui est le premier laboratoire d’intelligence artificielle de France. Car chaque avatar a sa propre intelligence. Nous avons fait un premier pas en présentant notre projet à la direction du numérique du ministère de l’éducation, et le ministère a fait part de son intérêt. D’abord la découverte du métier, car avec la pénurie actuelle de professeurs, ce simulateur offre un véritable aperçu de la profession. Un lycéen qui ne sait pas ce qu’il fera à l’avenir, qui se demande “et si je devenais professeur ?” pourra tester le simulateur.

Nous ciblons également les étudiants en ESPE et les professeurs en poste, qui vivent parfois des expériences difficiles au quotidien. Le domaine du handicap est quelque chose que l’on aborde également. Il faut savoir que de 2014 à 2017, il y a plus de 300% des élèves stagiaires qui démissionnent, 68% des professeurs du second degré qui voudraient changer de métier et 37% d’enseignants victimes de violences à l’école. Ce sont quelques chiffres qui font froid dans le dos mais qui sont réels et qui ont un coût, car lorsqu’il y a un malaise de la profession il y a des arrêts maladies, des démissions, pour un coût de 4 milliards par an dans la profession. Notre volonté est de proposer un outil qui va améliorer le quotidien et le bien être des professeurs par cette immersion et qui permet d’infléchir le coût financier de l’éducation.

Quelles formules proposez-vous ?

En mars 2019, nous allons publier une première version sur l’Apple store et GooglePlay.

Elle permettra déjà d’avoir une classe du 1er degré (ce qui inclue Cycle 1, Cycle 2 et Cycle 3) avec 12 situations différentes dans un premier temps, d’autres situations seront téléchargeables tout au long de l’année. « En tant qu’utilisateur vous incarnez le professeur et devez faire face aux situations du quotidien. Prêt pour la classe ?». Cette application existera en 2 versions : une “découverte” qui sera totalement gratuite, avec une mise à disposition d’une situation complète en tant qu’utilisateur, et qui disposera d’une rubrique pour s’informer avec les questions/réponses les plus fréquemment posées dans le domaine de l’éducation. Il y aura également une version “complète” avec 100 questions et 30 situations différentes pour le prix de 5,49 euros.

Quand sera développé le simulateur ?

La mise en ligne de l’application sur l’Appstore et GooglePlay sera en mars, et nous développerons ce simulateur courant 2019 pour une mise à disposition en 2020.

Avez-vous déjà fait tester cette application à des enseignants ?

Oui, nous l’avons déjà fait tester à un groupe de l’ESPE d’Antony. Il y avait une pluralité, car il y avait de jeunes élèves en master et des gens en reconversion professionnelle, qui font également partie de nos cibles.

Nous avons fait tester plusieurs situations et les résultats sont assez encourageants. Cela nous permet d’affiner des choses. A la fin du test, l’utilisateur a un compte-rendu qui permet de comprendre la manière dont il s’est comporté avec les élèves. En matière d’éducation, il n’y a jamais une seule bonne réponse. Aujourd’hui il n’existe que très peu de solutions numériques et pas de simulateur pour accompagner les futurs enseignants. Les élèves et enseignants investissent majoritairement dans des ouvrages spécialisés en pédagogie à 40€ l’unité pour compléter leur formation sur le terrain.

Souhaitez-vous développer votre simulateur sur d’autres technologies comme la réalité virtuelle ?

Pour l’instant nous avons choisi de ne pas utiliser la réalité virtuelle pour une question d’accessibilité. Acheter un bon casque en réalité virtuelle coûte autour de 700 euros.

T-Prof® utilise le meilleur de la technologie actuelle, les utilisateurs pourront découvrir cela dès mars prochain.