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Qu’est-ce que la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE)?
La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) est une organisation étudiante qui est composée de plus de 55 fédérations. Il y a des fédérations de territoire, basées sur une région, une université ou un département de France mais aussi des fédérations de filières qui représentent les étudiants d’une même filière comme les étudiants de médecine, de STAPS etc. La FAGE représente au total 2000 associations, dont 300.000 adhérents sur tout le territoire français. Il s’agit de la première organisation étudiante de France en termes de nombre d’adhérents mais aussi en termes de représentativité puisque nous sommes majoritaires dans les deux conseils nationaux qui nous concernent : le CNOUS et le Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER).
Quelle a été la réaction de la FAGE face à l’annonce du premier ministre Edouard Philippe sur la réforme visant à augmenter les frais d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers?
Nous nous sommes fortement opposés. En effet, notre syndicat est pour une démocratisation axée sur l’enseignement supérieur pour tous les étudiants, nous ne faisons pas de différenciation de nationalité. Aujourd’hui, on dépense plusieurs milliards d’euros pour des étudiants. Par exemple, si on dépense un euro pour un étudiant dans l’enseignement supérieur, cela nous rapporte quatre euros que ce soit pour un étudiant français, européen ou non. Chaque étudiant inscrit est un atout pour la France. C’est pour cette raison que différencier des frais d’inscription serait totalement injuste.
Si nous ne sommes pas capables de mettre en avant la qualité de nos enseignements et de nos formations en étant juste obligés d’augmenter les frais pour le prouver, c’est désastreux pour la vision qu’on porte de notre enseignement supérieur.
Les étudiants internationaux sont souvent très précaires –notamment ceux issus des pays africains– et viennent de pays en voie de développement. Ces derniers ont de grosses difficultés financières et ont déjà beaucoup de mal à venir étudier en France parce que les démarches pour arriver dans l’Hexagone –comme l’obtention d’un visa– sont très compliquées. Augmenter les frais d’inscription ne ferait que freiner leur arrivée. En Suède par exemple, les frais d’inscription ont augmenté pour les étudiants internationaux et la population de ces étudiants s’est drastiquement réduite. Je trouve ça triste que l’on parte sur une réflexion de hausse des frais de scolarité pour attirer des étudiants en France. Si nous ne sommes pas capables de mettre en avant la qualité de nos enseignements et de nos formations en étant juste obligés d’augmenter les frais, c’est désastreux pour la vision qu’on porte de notre enseignement supérieur. Ça voudrait dire quoi ? Que nos écoles en France qui coûtent cher sont meilleures que nos universités qui proposent des formations peu chères jusqu’à maintenant ? C’est ça le message que l’on veut faire passer ? Il y a un désaveu dans la vision qu’on donne de notre enseignement. Bien sûr qu’il faut attirer des publics que nous n’avions pas l’habitude d’attirer comme les étudiants d’Amérique du Nord ou des pays asiatiques mais pas au détriment des autres. L’intégration est plus importante, si on continue sur cette lancée, plus personne ne viendra étudier dans notre pays.
Que préconise votre syndicat concernant les mesures prises par le gouvernement et comment allez-vous vous organiser pour la manifestation qui aura lieu le 1er décembre?
La FAGE demande l’abandon de la mesure d’augmentation des coûts d’inscription à l’université pour les étudiants internationaux ainsi que la simplification des démarches pour l’obtention d’un visa, en supprimant les conditions financières. Actuellement, pour obtenir un visa il faut que l’étudiant justifie d’avoir 7800 euros sur son compte bancaire. Il doit aussi bénéficier d’un logement. Nous demandons par ailleurs la création d’un guichet unique d’accueil pour ces étudiants afin de tout centraliser et effectuer toutes les démarches de manière simplifiée. Enfin, nous souhaitons garantir les aides sociales au niveau des CROUS pour les étudiants internationaux.
Nous allons organiser des rendez-vous avec les différents ministères pour porter nos revendications et montrer notre désaccord. Cela va passer par le rassemblement de samedi, il y a une étape à Paris sur la place du Panthéon à 12h avec plusieurs autres organisations qui appellent à un rassemblement commun. Il y a la FAGE mais il y aura aussi l’UNEF, c’est une des premières fois que l’on a un rassemblement commun et cela montre bien l’importance du dossier. Les grandes villes françaises (Montpellier, Le Mans, Poitiers…) organisent également des mobilisations via les acteurs locaux du syndicat. Nos associations ne s’arrêteront pas là et nous allons aussi voir l’ensemble des parlementaires qui sont concernés. Même si ce ne sera pas une loi, qu’il n’y aura pas de vote au Sénat ou à l’Assemblée, les parlementaires peuvent aussi avoir un impact donc nous allons les rencontrer. Nous allons également mettre en place des actions de sensibilisation pour expliquer ce qui se passe aux étudiants : stands d’information dans les campus universitaires, interventions en amphithéâtre d’explication du projet, micro-trottoirs pour recueillir des témoignages etc.
Des systèmes de bourses sont prévus pour aider les étudiants étrangers, qu’en pensez-vous ?
Augmenter les bourses pour les étudiants étrangers c’est toujours une bonne mesure par contre, ça ne résoudra pas tout. Les étudiants les plus précaires vont y avoir accès mais ceux issus de la classe moyenne ne bénéficient pas des aides sociales car ils sont considérés comme « trop riches ». Pourtant ils ne seront en mesure de payer les droits d’inscription. Il va donc y avoir un vrai phénomène d’éviction des populations et une sélection sociale renforcée.
Par ailleurs, il y a eu un rapport de la Cour des Comptes qui préconise l’augmentation des frais d’inscription et c’est inacceptable. Le premier ministre a annoncé que jamais il n’augmenterait les frais d’inscription pour les Français, mais cela ouvre des portes sur ce gouvernement ou ceux d’après.
Pensez-vous que les mobilisations vont aider à négocier avec le gouvernement pour qu’il revienne sur sa décision?
Il faut cumuler les deux, rendez-vous et mobilisation. Nous sommes régulièrement en rendez-vous avec les cabinets du ministère de l’Enseignement Supérieur et nous serons reçus par l’Elysée la semaine prochaine pour échanger avec les conseillers du président de la République. Si derrière la mobilisation, il n’y a pas de rendez-vous, cela ne sert à rien.
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