Les immeubles vétustes de la rue d’Aubagne à Marseille avant leur effondrement (Capture d’écran Google)

En février 2016, une enseignante des quartiers du nord de Marseille avait signalé au gouvernement, par le biais d’une lettre, l’état d’insalubrité de certaines écoles de la ville. L’ancienne ministre de l’Education Najat Valaud-Belkacem jugeait que la situation n’était «pas digne de la République». Ainsi, un plan “écoles de Marseille” avait été élaboré entre la ville et le gouvernement. Un grand programme de réparations qui avait été accompagné d’une dotation de 5 millions d’euros de la part du gouvernement, pour plusieurs centaines d’écoles.

Le Snuipp-FSU des Bouches-du-Rhône a réalisé une enquête à partir de septembre 2018 suite à celle déjà réalisée en 2016 «auprès des directions des 444 écoles de Marseille», selon AEF. Dans un courrier destiné au préfet du département, le syndicat affirme que les premiers résultats «soulignent que peu de choses ont changé malgré les engagements pris alors par la municipalité devant la ministre de l’Education».

Des risques liés aux effondrements d’immeubles vétustes

Le 5 novembre dernier, deux immeubles de la rue d’Aubagne se sont effondrés, provoquant la mort de huit personnes et l’évacuation de 48 immeubles dans le seul périmètre de la rue, situé dans le quartier de Noailles. Dans ce contexte, le débat sur la sécurité publique est discuté à Marseille. «Pour les écoles primaires, suite à l’évacuation de plus de 1 105 personnes [1139 à ce jour] d’immeubles vétustes ce sont plusieurs dizaines d’élèves qui se retrouvent éloignés de leurs écoles, dans une période où il leur serait nécessaire de garder une continuité» note le syndicat.

Les immeubles du 63 et 65 rue d’Aubagne se sont effondrés dans le 1er arrondissement de Marseille.

 

Les inquiétudes concernant les bâtiments vétustes se multiplient dans la cité phocéenne. L’organisation syndicale des Bouches-du-Rhône demande, dans la lettre au préfet, «la mise en place d’une table ronde pour faire un état des lieux et le point sur les constructions, rénovations d’urgence et travaux d’entretien à réaliser dans les écoles marseillaises».

Des problèmes qui persistent

Au total, 70 écoles ont répondu à l’enquête du Snuipp-FSU 13, «soit deux fois moins qu’en 2016.» La secrétaire adjointe du syndicat interrogée par AEF, Barbara Miret estime que les directeurs d’écoles expriment une lassitude vis-à-vis des difficultés que rencontrent les écoles. Parmi ces difficultés, elle cite des problèmes de chauffage, d’inondations, d’effondrements de plafonds ainsi qu’un manque de produits d’hygiène et d’entretien.

Barbara Miret s’insurge également contre les services municipaux de Marseille qui «colmatent au mieux et au plus pressé». Le projet des partenariats public-privé (PPP) qui consiste à la destruction puis reconstruction de 34 écoles marseillaises est «la seule réponse d’ampleur de la mairie» qui «délaisse les 410 écoles restantes», ce qui endette les habitants, martèle-elle. Elle note aussi que huit des dix piscines municipales demeurent fermées.

Pour la mairie de Marseille, c’est « un réel progrès »

Un avis qui diffère, selon la mairie. L’AEF a contacté l’adjointe au maire déléguée des écoles, Danièle Casanova, qui défend le bilan et la mise en place du numéro « Allô mairie école » ; «Les directeurs d’écoles n’errent plus d’un service à l’autre, c’est un réel progrès» explique-t-elle, avant d’ajouter : «la mairie dépense au total 40 millions d’euros chaque année de travaux dans les écoles». Un montant qui a servi à la rénovation et à l’entretien des écoles.

Le Plan écoles de la ville de Marseille prévoyait «un suivi mensuel du dossier». Dominique Beck, directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) des Bouches-du-Rhône, exprime une «relation de qualité et de confiance». Il explique que les problèmes survenus lui sont transmis par les directions d’écoles, les inspecteurs et les enseignants. «Nous aidons la municipalité à prioriser ses interventions et ses travaux dans les écoles», défend-il. «Personne ne nie qu’il y a des problèmes, mais l’académie et la ville travaillent ensemble de manière très opérationnelle et on constate des améliorations réelles dans les bâtiments».

Jean-Michel Blanquer, invité de l’émission « Audition publique » sur Public Sénat et LCP le 12 novembre dernier, s’est engagé de son côté à faire un audit sur l’état des écoles de Marseille.