
Jean-Paul Udave
Vous êtes directeur de la Faculté d’Education de l’Université de Montpellier. Depuis la rentrée 2018, une nouvelle licence sciences et technologies parcours « pluridisciplinarité et métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » a vu le jour dans votre établissement. Pourquoi a-t-elle été créée ?
Depuis septembre 2018, la Faculté d’Éducation de l’Université de Montpellier propose une licence pluridisciplinaire sur trois sites distincts : Carcassonne, Montpellier et Nîmes. Elle a été créée pour répondre à un besoin ressenti par des lycéens déconcertés, qui ne savaient pas quel parcours emprunter pour devenir professeur des écoles. Avant la création de cette formation, les étudiants étaient forcés de passer par une licence disciplinaire très générale qui ne leur permettait pas d’acquérir les outils nécessaires pour devenir professeur des écoles. Cette nouvelle licence apporte justement dès la 1re année les connaissances et les compétences pluridisciplinaires et professionnelles indispensables à la réussite au concours de professeur des écoles et à l’exercice du métier. Elle répond également à une volonté politique du gouvernement d’améliorer la formation des enseignants du 1er degré, de la faire commencer plus tôt et de mieux maîtriser les disciplines fondamentales à enseigner afin que les performances des élèves soient meilleures.
Elle n’est donc destinée qu’aux futurs enseignants…
Cette formation a principalement été conçue pour former au métier de professeur des écoles. Toutefois, un étudiant a tout à fait le droit de se réorienter dès lors qu’il se rend compte que cette profession ne lui plaît pas. Au-delà du métier de professeur des écoles, cette nouvelle licence peut aussi déboucher, d’une manière plus large, vers les métiers de formation et de l’éducation. On peut par exemple citer des métiers tels qu’éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants ou encore formateur en didactique des langues.
Que trouve-t-on dans cette licence et à qui s’adresse-t-elle ?
D’une durée de trois ans, cette licence compte environ 250 heures de cours par semestre et est structurée par un référentiel de 8 compétences cognitives, méthodologiques et relationnelles : développer et exercer sa pensée critique, communiquer de façon adaptée, exploiter l’information, développer et exercer sa créativité, résoudre des problèmes, coopérer et travailler en équipe, se donner des méthodes de travail efficaces et développer une relation non violente à soi, à l’autre et au groupe. Ce référentiel de compétences permet de faire converger les différentes disciplines enseignées (français, histoire-géographie, sciences, EPS, arts visuels, musique, pédagogie générale, mathématiques, documentation et numérique, etc.) vers les attendus des métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation.
En L2, un séjour d’études de plusieurs mois est proposé à l’étranger. Ceux qui ne souhaitent pas partir peuvent effectuer des stages dans des structures et organismes à vocation éducative, culturelle ou sociale.
Cette licence s’adresse essentiellement à des étudiants avec une solide motivation, très intéressés par les métiers de l’éducation en général et possédant de bons résultats scolaires. En revanche, si un jeune dont le niveau scolaire est faible souhaite intégrer cette licence, nous pouvons accepter conditionnellement sa candidature tant qu’il suit un renforcement dans la discipline où il se sent fragile.
Quelles différences avec une licence en sciences de l’éducation ?
L’originalité de notre licence est la part conséquente attribuée aux maths et au français. Celle-ci est beaucoup plus importante que dans une licence en sciences de l’éducation. A titre d’exemple, les étudiants suivent 152 heures de français par an et 160 heures de maths, ce qui correspond à des volumes horaires importants. Par ailleurs, l’idée de notre licence est de mettre en place une pédagogie innovante fondée sur l’acquisition par compétences, l’approche par projets, l’utilisation du numérique et l’autonomie des étudiants. Très peu de cours sont proposés en amphi, à l’inverse des licences en sciences de l’éducation. Le nombre de places est ainsi réduit sur chacun des sites : 54 étudiants à Montpellier, 48 à Nîmes et 48 à Carcassonne. Nous voulons vraiment que nos étudiants soient acteurs de leur formation : qu’ils se mettent à produire, à penser par eux-mêmes, à rechercher des informations, etc. Nous avons la conviction que si nous voulons que les professeurs des écoles de demain enseignent différemment et créent des situations plus dynamiques en classe, nous devons penser la formation autrement.
Est-ce un bon tremplin pour accéder au master MEEF ?
Bien évidemment. La Faculté d’Education de l’Université de Montpellier propose un master MEEF 1er degré. Les étudiants titulaires de la licence « pluridisciplinarité et métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » ont le profil adéquat et sont privilégiés pour intégrer ce master. C’est d’ailleurs une continuité logique de parcours !
A la rentrée prochaine, nous comptons ouvrir la licence dans deux autres villes : Mende et Perpignan.
Excellente initiative, bien argumentée et convaincante.