Un voyage dans les coulisses du cerveau et de la mémoire, pour en booster le fonctionnement : c’est ce que propose la BD Une mémoire de roi, co-écrite par le champion de France de la mémoire Sébastien Martinez et le bédéiste Mathieu Burniat.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’écrire une telle BD ?
Sébastien Martinez : J’ai eu une scolarité classique pour quelqu’un qui a des facilités en sciences : maths sup, école d’ingénieur, mais je n’ai jamais aimé apprendre par cœur. En 2009, je me suis demandé quelles méthodes existaient pour « apprendre à apprendre ». J’ai alors découvert qu’il existait des championnats du monde de mémorisation. Cela a été un vrai choc culturel, c’était la première fois que je voyais des personnes qui aimaient apprendre par cœur des listes, des chiffres, des jeux de cartes… et je trouvais ça bizarre de prendre du plaisir à faire ça.
Ça a été un vrai déclic, et j’ai commencé à m’entraîner, à transmettre ça à des amis. Je me demandais pourquoi je n’avais pas appris ces méthodes à la maternelle ! J’ai publié un premier livre en 2016, Une mémoire infaillible, et en 2018, j’ai sorti deux ouvrages sur le sujet, dont la BD Une mémoire de roi.
Mathieu Burniat : J’étais designer industriel et j’ai décidé de bifurquer vers la BD quand je me suis rendu compte que je n’aimais pas fabriquer des objets, que je préférais raconter des histoires. J’ai écrit une bande dessinée sur la gastronomie, puis une sur le monde quantique. Puis j’ai voulu continuer sur d’autres projets didactiques, j’ai par exemple participé à la Bédéthèque des savoirs. Un jour, j’ai reçu un mail de Sébastien et de notre éditrice pour me proposer de travailler sur les méthodes de mémorisation. Et j’ai directement répondu non ! Les méthodes de mémorisation et la mémoire en général m’avaient toujours fait peur. Ça me rappelait la souffrance de mes examens. J’ai quand même lu le livre, et ça a été un vrai choc. Je me suis rendu compte que ces méthodes fonctionnaient, et qu’en plus elles étaient vraiment fun. Moi qui cherchais à faire des BD qui se démarquent d’un livre, je me suis dit que les images apporteraient un vrai plus à la compréhension du propos de Sébastien.
Quel est l’objectif de la BD ?
SM : C’est de vulgariser ces stratégies d’apprentissage. La BD reprend les méthodes de mon premier livre, mais les dessins les rendent beaucoup plus concrètes et immédiates.
Le principe de ces techniques, c’est d’utiliser des histoires pour pouvoir imaginer, se représenter les informations. Ce qui est super avec cette BD, c’est qu’il y a une histoire qui permet de captiver l’attention du lecteur, et en même temps, d’expliquer ces méthodes.
Pouvez-vous parler des techniques qui sont évoquées dans la BD ?
SM : Les premières traces de ces stratégies remontent à l’Antiquité. Selon la légende, c’est Simonide de Ceos (l’un des personnages principaux de la BD) qui les aurait inventées. Lors d’un banquet où il était invité, la maison s’est écroulée et il a été le seul survivant. Il a ensuite pu identifier tous les cadavres d’après leur position dans la maison. C’est l’une des méthodes dont on parle dans la BD, les Palais de mémoire.
MB : Je n’y connaissais strictement rien aux techniques de Sébastien, mais celle qui m’a le plus enthousiasmé, c’est justement les Palais de mémoire. Ça prend un chapitre assez important dans la BD car tout le monde peut la pratiquer, indépendamment de son type de mémoire.
Vous disiez que ces méthodes devraient être enseignées dès la maternelle. Pensez-vous que c’est quelque chose qui manque à l’école ?
SM : J’ai le souvenir d’un de mes profs en primaire, qui nous disait toujours qu’il fallait apprendre à apprendre. Et en fait, une grande majorité des profs nous font passer ce message. Mais ce qui est paradoxal, c’est qu’on ne nous explique jamais comment faire, quels sont les processus et les méthodes qui peuvent exister. La BD apporte une partie de ces outils qu’on peut s’approprier pour apprendre à mémoriser.
MB : A l’école, on me demandait effectivement d’apprendre à apprendre. Et la technique, c’était de nous laisser faire nos recherches par nous-mêmes, de nous faire faire des présentations, des exposés, afin qu’on soit curieux et qu’on n’ait pas le nez rivé dans les cours. Mais pour ce qui est des méthodes d’apprentissage, on ne voyait absolument rien. Du coup je faisais du par cœur, ce qui est totalement inutile. Et qui allait à l’encontre de ce que l’école voulait nous enseigner.
Pensez-vous que la BD pourrait être utilisée par les enseignants ?
SM : Clairement ! En tout cas dans la vulgarisation et dans une première accroche sur ce que sont les stratégies de mémorisation et comment elles peuvent fonctionner. Il y a des exemples très concrets, qui facilitent aussi le travail de l’enseignant.
MB : Je pense que cette BD pourrait vraiment intéresser les jeunes élèves. Et c’était une motivation de me dire qu’on pourrait trouver cette BD dans les écoles.
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