l'EPS à la rentrée 2018

Christian Couturier

Le SNEP-FSU a rencontré Jean-Michel Blanquer il y a un an. Quelle était sa position par rapport à l’EPS ?

Le ministre nous avait fait part de son intérêt pour l’éducation physique, qu’il considérait comme une discipline importante. Il nous avait assuré qu’il n’était pas question de toucher à l’EPS, de la faire régresser par rapport à ce qu’elle propose actuellement : horaires, encadrement…

Nous avions pris cela comme une bonne nouvelle, le problème c’est que cela ne s’est pas traduit dans les faits. Au contraire !

Les attaques paraissent imperceptibles pour les gens qui ne suivent pas minutieusement comme nous l’évolution de la discipline, mais mises bout à bout elles commencent à être problématiques.

Quelles sont ces attaques ?

Il y a eu pour commencer la diminution des postes au concours de recrutement, pour une discipline qui n’était pas en déficit de demandes. Cette baisse du nombre de postes va mécaniquement entraîner la hausse du nombre de contractuels. Or, augmentation du nombre de contractuels est souvent synonyme d’enseignement de moins bonne qualité, dans la mesure où les contractuels sont parfois embauchés pour « boucher les trous », pour faire des remplacements ici ou là, et  n’assurent pas une éducation physique stable.

Nous estimons que pour couvrir les besoins (départs à la retraite, encadrement des groupes de niveaux pour la natation par exemple…), il faudrait recruter autour de 1 500 personnes par an. Or, nous sommes descendus à environ 600 postes. Il y a eu une baisse d’environ 200 postes par rapport à l’année dernière.

De plus, comme la question des inégalités d’accès aux pratiques sportives ne peut être traitée que par le service public, si ce service est diminué, nous savons très bien que les jeunes les plus défavorisés auront un niveau de pratique bien moindre, notamment les filles.

Qu’en est-il de la place de l’EPS dans les réformes qui impactent le collège et le lycée ?

Là encore, le ministre aurait pu donner un signe en faveur de l’EPS. Prenons par exemple la question du brevet des collèges. Jean-Michel Blanquer a renforcé les fondamentaux et a redonné une visibilité à certaines disciplines comme les mathématiques. Il aurait très bien pu remettre une épreuve spécifique d’éducation physique ! Cela ne générait strictement aucune dépense puisque les enseignants l’auraient réalisée sur leur temps de travail. Non seulement il ne l’a pas fait, mais en plus, il a renforcé notre marginalisation en redonnant une identité à certaines autres disciplines dans les épreuves finales du DNB.

Il y a eu ensuite la suppression pure et simple des options d’enseignement d’exploration et d’enseignement de complément au lycée qui étaient importantes, parce qu’elles permettaient un approfondissement en éducation physique. Toutes les disciplines ont une épreuve de spécialité dans le cadre de la préparation du bac, sauf l’EPS !

Jean-Michel Blanquer détruit l’éducation physique et sportive, pas de façon massive car il ne veut pas mettre en avant une attaque frontale, mais par petites touches. Et nous nous demandons jusqu’où il va aller !

Quelles sont les revendications du Snep-FSU ?

Nous souhaiterions que les horaires obligatoires à l’école primaire soient assurés. Normalement les élèves de primaire ont 3 heures d’éducation physique par semaine, ce qui est relativement peu pour nous à cet âge là. Cela ne fait même pas 2 heures de pratique !

Concernant le collège, nous demandons à ce que les programmes disciplinaires, réécrits par le Conseil supérieur des programmes sous le précédent gouvernement, soient repensés pour remettre en perspective de véritables apprentissages, nécessaires dans les activités physiques et sportives programmées.

Au lycée enfin, nous avons des revendications en terme d’horaires, car c’est la période où il y a une chute importante de la pratique des jeunes, y compris en extra-scolaire. Et c’est justement à ce moment là que l’horaire d’EPS baisse à 2 heures par semaine. Ça fait 1h10 en moyenne d’activité pour les élèves. On est loin des recommandations de l’OMS qui préconise 30 minutes d’activité par jour !