L'eau liquide découverte se trouve sous la glace du pôle sud de Mars / ESA/DLR/FU Berlin/CC BY-SA

L’eau liquide découverte se trouve sous la glace du pôle sud de Mars / ESA/DLR/FU Berlin/CC BY-SA

Une source d’eau liquide sur Mars ? Dans la revue Science, des chercheurs italiens ont dévoilé le 25 juillet une découverte qui pourrait s’avérer capitale – celle d’un lac souterrain de 20 kilomètres de largeur, caché sous une couche de glace martienne, à 1,5 kilomètre de profondeur sous la surface du pôle Sud. Il ne s’agit pour l’heure que de calculs à confirmer, mais qui laissent envisager la présence de vie sur la planète rouge, l’eau étant l’une des conditions indispensables à son développement.

« Pas uniquement un ruissellement temporaire »

Concrètement, les astronomes ont utilisé des relevés réalisés entre 2012 et 2015 par un radar basse fréquence de la mission Mars Express, le “MARSIS”. Ils sont parvenu à la conclusion que des “reflets” anormalement brillants ne seraient possible qu’en présence d’eau liquide – hypothèse qu’ils ont ensuite confirmé par des calculs de permittivité (réponse d’un milieu donné à un champ électrique appliqué) et des simulations électromagnétiques.

Carte en relief du pôle sud de Mars, et de la zone (délimitée par un carré noir) où se trouverait un lac d'eau salé.

Carte en relief du pôle sud de Mars, et de la zone (délimitée par un carré noir) où se trouverait un lac d’eau salé.

Avec leur découverte, les scientifiques italiens viennent de fournir un solide argument permettant de penser que l’eau liquide (salée) découverte (sous forme de “coulées”) en 2015 sur Mars par un scientifique népalais ne serait “pas juste un ruissellement temporaire”, provoqué par la fonte des glaces en sous-sol consécutive au réchauffement de la planète ; mais aussi une “masse d’eau permanente qui crée les conditions pour de la vie sur une période de temps prolongée”, explique Alan Duffy, professeur associé à l’université de Swinburne (Australie) à l’AFP.

Une étude qui reste à confirmer

Cette étude devra toutefois être confirmée par d’autres observations. “Je dirais qu’il s’agit d’une interprétation plausible, mais que ce n’est pas encore un smash”, remarque ainsi Jeffrey Plaut, chercheur à la NASA et ex-membre de la mission Mars Express, dans Science.

Jean-Pierre Bibring, astrophysicien à l’Institut d’astrophysique spatiale (IAS), reste aussi sur ses gardes. Dans une interview à France Info, il remarque que “ça fait longtemps qu’on recherche des étendues d’eau liquide à la surface ou dans le sous-sol martien, et ce qui est bien, c’est que pour la première fois, on en a mis en évidence. Mais ce n’est pas une révolution, car ce n’est pas là que l’essentiel de l’eau qu’on aurait pu imaginer être présente à la surface de Mars se trouve.” Ainsi, selon le scientifique, “l’essentiel de l’eau a disparu de la planète il y a très longtemps, et ça ne ressemble pas aux grandes étendues d’eau qu’on aurait pu imaginer être l’équivalent de ce qui se trouve sur Terre”.

Le pôle sud de Mars, photographié par Mars Express / ESA/DLR/FU Berlin / Bill Dunford

Le pôle sud de Mars, photographié par Mars Express / ESA/DLR/FU Berlin / Bill Dunford

D’autres sources d’eau et de la vie sur Mars ?

Aujourd’hui désertique et froide, Mars était il y a plus de 3 milliards d’années une planète chaude, humide et bleue. Pour les scientifiques, qui cherchent depuis au moins les années 1970 des traces d’eau liquide dans sa calotte polaire, la découverte d’un tel lac devrait s’avérer essentielle dans leurs recherches sur la présence de la vie sur Mars, ainsi que pour aider les astronautes lors de futures missions d’explorations – en laissant envisager la possibilité que d’autres sources d’eau restent à découvrir. “Il y a d’autres domaines qui semblent être similaires, et il n’y a aucune raison de dire que c’est le seul endroit”, affirme ainsi Elena Pettinelli, physicienne à l’université Roma Tre, membre de l’équipe de recherche, dans le magazine National Geographic.

La découverte d’un lac eau liquide permet-elle de penser que la vie pourrait bel et bien exister sur Mars ? Celle-ci pourrait en tout cas être très différente de ce que nous pourrions penser trouver. Selon Roberto Orosei, chercheur à l’Institut d’astrophysique de Bologne et coordinateur de cette étude, cité par Futura Science, l’eau risque ainsi d’être trop froide ou trop concentrée en sels et minéraux pour qu’une vie “similaire” à celle que l’on trouve sur Terre y survive.