ParcoursupMi-juillet, à Béziers, Ghislaine Weber, professeure principale d’une terminale STMG (Sciences et technologie du management et de la gestion), n’a pas encore la tête en vacances. Les déboires de certains de ses élèves n’ayant obtenu aucun des BTS qu’ils souhaitaient, malgré des dossiers qu’elle juge « très corrects », la travaillent, quand elle ne pense pas aux autres, « sur liste d’attente, parfois au 600e rang ».  L’enseignante confiait sa difficulté à prendre des vacances : « cette année, j’ai l’impression de laisser ses élèves se débrouiller tout seuls  pendant l’été, alors que Parcoursup continue ».

« Ne pas rester sans rien faire à la rentrée »

Elle s’inquiète également pour ceux qui se sont vu proposer des études universitaires dans des filières d’études qui ne les motivent pas du tout et les ont acceptées « pour ne pas rester sans rien faire à la rentrée ». « Demander l’université était conseillé pour être sûr d’avoir une place, rappelle la professeure principale. Le problème, c’est qu’on peut se demander si cela ne consiste pas juste à les caser quelque part pour qu’ils restent dans le système. Quelles sont les chances de réussite à l’université dans une filière pour laquelle on n’a aucune motivation a priori ? »

Frapper à la porte des BTS privés

Parmi les cas d’orientation les plus incompréhensibles à ses yeux, celui d’une élève d’origine espagnole, qui voulait faire des études en LEA (lettres étrangères appliquées) en espagnol et anglais, et se retrouve en anglais-chinois « parce qu’il y a des places, alors qu’elle est bilingue en espagnol et n’a jamais fait de chinois », relève l’enseignante incrédule. Autre phénomène observé par cette professeure principale : « de nombreux élèves sur listes d’attente ont décidé de frapper à la porte des BTS privés ». Une réponse à l’angoisse de ne pas savoir si on va faire sa rentrée à Montpellier ou Narbonne, dans quelle filière, et pire, de se retrouver sans rien. Mais tout le monde ne peut pas se le payer ! », déplore la professeure principale.

« L’incapacité de notre système public à accompagner les plus fragiles »

Sous couvert d’anonymat, une autre professeure principale de terminale STMG de la région bordelaise s’insurge. « Ce ne sont pas les élèves qui ont le plus de facilités scolairement, qui préparent leur BTS en alternance. S’ils font ce choix, c’est parce qu’ils sont refusés dans les BTS publics et que cela leur permet d’intégrer une école privée sans supporter les 1000 euros par an de frais de scolarité. » L’enseignante en management peste également de voir que « les élèves de STMG qui ont les moins bons dossiers se retrouvent à l’université ». Elle s’emporte : « C’est chronique d’un échec annoncé ! Ca veut dire quoi ? Que ces jeunes n’ont pas à viser un BTS ? ». « À voir ces inégalités-là, c’est-à-dire l’incapacité de notre système public à accompagner les plus fragiles, je crois vraiment que Parcoursup n’a rien résolu  », conclut-elle.