parcoursupParcoursup et APB, bonnet blanc et blanc bonnet ? Selon les chiffres de Parcoursup du 22 juillet, à presque un mois de la rentrée scolaire, 115.815 candidats n’ont pas encore reçu de proposition d’admission dans un établissement supérieur, ou sont toujours “en attente de place” – soit environ un bachelier sur dix.

93 000 candidats dans l’attente, 23 000 dans la nature

Plus précisément, ils sont 60.409 à rester en attente d’une proposition et 32.623 à avoir reçu des réponses négatives à leurs voeux (dont 18.033 sur des formations “sélectives”). 22.783 candidats ont de leur côté quitté Parcoursup “avant d’avoir reçu une proposition”.

En outre, sur les 93.032 bacheliers à être au total dans l’attente (sans avoir quitté la plateforme), 14.590 candidats ont demandé à être accompagnés par le recteur et la “commission d’accès à l’enseignement supérieur” (CAES) de leur académie – une nouvelle instance créée cette année.

Des défaillances aussi grandes que celles d’APB

Un an auparavant, le 21 juillet 2017, lorsque les bacheliers utilisaient Admission Post-Bac (plateforme déjà très critiquée pour ses défaillances), ils étaient 65.000 inscrits à rester “en attente de proposition” pour la rentrée – parce qu’ils n’avaient alors reçu “aucune proposition” sur leurs voeux, ou parce qu’ils n’avaient postulé que dans des “filières sélectives”.

amphi université

Matej Kastelic-Shutterstock

Face à une situation pire que celle de l’année dernière, plusieurs organisations syndicales liées au monde de l’éducation (Unef, Ferc-CGT, Snesup-FSU, FCPE, UNL, Snuep-FSU, CGT-éducation) ont saisi, le 17 juillet, le Défenseur des droits afin de lui demander la publication des “algorithmes locaux” de Parcoursup (et en particulier des critères utilisés par les universités pour classer les candidatures), afin de rendre les modalités de sélection plus transparentes.

“Ces critères ont eu un impact plus que déterminant sur la possibilité des jeunes de pouvoir étudier dans la filière de leur choix. Les témoignages démontrant les limites de ce système se multiplient : un pourcentage de boursiers inégalement réparti entre académies, une surreprésentation des jeunes d’origine sociale modeste parmi ceux se retrouvant sans solution d’inscription, des pratiques de pondération des notes en fonction du classement des lycées, et une mise au ban des candidats issus de baccalauréats professionnels ou technologiques”, écrivent les syndicats dans leur communiqué.

133 000 bacheliers restent sur liste d’attente

A noter qu’aux 115.815 bacheliers à rester dans l’attente, s’ajoutent aussi, sur les 696.235 candidats ayant reçu au moins une proposition d’admission, quelque 133.607 jeunes à ne pas avoir définitivement accepté ce que Parcoursup leur a proposé, car ils continuent d’attendre de remonter sur les listes d’attente afin d’obtenir une meilleure affectation. Au total, donc, sans compter ceux qui ont quitté la plateforme avec ou sans proposition (123.662, soit 15% des inscrits), les lycéens actuellement réellement dans l’attente (d’une meilleure proposition, ou d’une proposition tout court) sont au nombre de 226.639.

Parcoursup fermera ses portes le 21 septembre 2018. Lors de son ouverture, en janvier dernier, Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, tenait à assurer que “le principe de la plateforme, c’est de dire oui à tout le monde”, et qu’il n’était “pas question que les universités disent non”.

Sur le site Usbek et Rica, Paul Ghorra et Clément Schaff, data scientists chez BCG GAMMA, se sont penché sur l’algorithme de Parcoursup, rendu public en mai. Selon eux, il serait “plus rapide” que celui d’APB, “mais moins efficace”. En outre, remarquent-ils, les universités étaient dès le départ “mal préparées, faute de temps”.