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« Une loi existe déjà, mais elle n’est pas mise en oeuvre » : pour Marlène Schiappa, secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, la circulaire de 2003 qui prévoyait de dispenser trois séances d’éducation « à la vie sexuelle et affective » par an dans les collèges et les lycées, doit être réellement appliquée – afin, notamment, de lutter contre le sexisme, le harcèlement de rue et la culture du viol.

« Dans le domaine de la santé et de l’éducation, la loi n’est guère appliquée. Un texte puis un décret rendent obligatoires 3 séances annuelles d’éducation sexuelle et affective pour toutes les classes, de l’école primaire au Bac. Dans les faits, cette matière obligatoire se résume à quelques cours de SVT en 4ème sur la reproduction. Or, ce n’est pas ce dont les enfants ont besoin pour se développer au mieux », notait Cécile de Kervasdoué, journaliste pour France Culture, dans un reportage sur le sujet, en novembre dernier.

Selon Marlène Schiappa, qui s’exprimait au micro de RMC le 19 juillet, à partir de la rentrée 2018, « tous les recteurs de France » seront donc enjoints par le gouvernement d’appliquer ce texte – une demande du Défenseur des droits de l’enfant, émise dans son rapport annuel de 2017.

« Favoriser des attitudes de responsabilité individuelle et collective »

Les trois séances d’éducation sexuelle par an prévues par la circulaire de 2003 sur « l’éducation à la sexualité dans les écoles, les collèges et les lycées » poursuivent plusieurs objectifs : « comprendre comment l’image de soi se construit à travers la relation aux autres », « analyser les enjeux, les contraintes, les limites, les interdits et comprendre l’importance du respect mutuel », « développer l’exercice de l’esprit critique notamment par l’analyse des modèles et des rôles sociaux véhiculés par les médias, en matière de sexualité », « apprendre à connaître et utiliser les ressources spécifiques d’information, d’aide et de soutien dans et à l’extérieur de l’établissement », « favoriser des attitudes de responsabilité individuelle et collective notamment des comportements de prévention et de protection de soi et de l’autre » et « apprendre à identifier et à intégrer les différentes dimensions de la sexualité humaine, biologique affective, psychologique, juridique, sociale, culturelle et éthique ».

élèves collège

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Les séances d’éducation à la vie sexuelle et affective, venant en complément des cours de SVT, « parleront du consentement, du respect d’autrui, des rapports entre les femmes et les hommes, et de la manière dont ce n’est pas faire la fête que d’aller mettre une main aux fesses à une femme ou l’embrasser de force », explique la secrétaire d’État, faisant allusion aux incidents à caractère sexistes intervenus lors des célébrations de la victoire de l’équipe de France en Coupe du Monde. Elles seront dispensées, indique-t-elle, non pas par des enseignants, mais par des associations ayant un agrément IMS (intervention en milieu scolaire).

Une éducation « fondée sur les valeurs de tolérance et de liberté, du respect de soi et d’autrui »

« L’éducation à la sexualité en milieu scolaire est une composante essentielle de la construction de la personne et de l’éducation du citoyen », peut-on lire dans la circulaire de 2003.

« Dans le cadre de sa mission d’éducation et en complément du rôle de premier plan joué par les familles, l’école a une part de responsabilité à l’égard de la santé des élèves et de la préparation à leur future vie d’adulte : l’éducation à la sexualité contribue de manière spécifique à cette formation dans sa dimension individuelle comme dans son inscription sociale. Cette démarche est d’autant plus importante qu’elle est à la fois constitutive d’une politique nationale de prévention et de réduction des risques – grossesses précoces non désirées, infections sexuellement transmissibles, VIH/ sida – et légitimée par la protection des jeunes vis-à-vis des violences ou de l’exploitation sexuelles, de la pornographie ou encore par la lutte contre les préjugés sexistes ou homophobes », précisait le ministère de l’Éducation nationale, alors dirigé par Luc Ferry, lui-même secondé par Xavier Darcos.

« Cette éducation, qui se fonde sur les valeurs humanistes de tolérance et de liberté, du respect de soi et d’autrui, doit trouver sa place à l’école sans heurter les familles ou froisser les convictions de chacun, à la condition d’affirmer ces valeurs communes dans le respect des différentes manières de les vivre. C’est pourquoi il est fondamental qu’en milieu scolaire l’éducation à la sexualité repose sur une éthique dont la règle essentielle porte sur la délimitation entre l’espace privé et l’espace public, afin que soit garanti le respect des consciences, du droit à l’intimité et de la vie privée de chacun », pouvait-on lire encore.