Dans le film, vous êtes Fanny, une maman parfaite qui se transforme en furie pour défendre son fils harcelé. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce rôle ?
J’ai trouvé l’histoire très forte, sur un sujet qui peut être un peu sensible mais qui est traité de manière à être accessible à tous. Le film aborde un sujet de société très très important, puisqu’il s’agit de harcèlement, mais le dédramatise par l’humour. Ça permet d’en parler, d’y réfléchir et en plus, de toucher un public assez large, puisqu’il s’agit d’une comédie familiale.
Comment avez-vous préparé ce rôle de maman décalée ?
Je me suis identifiée à elle ! Attention, je ne suis pas le personnage, sinon je serais clairement folle ! Disons que j’ai utilisé les sentiments que peut ressentir une maman pour son fils, que je connais puisque j’ai un petit garçon de deux ans. Je me sens donc forcément concernée par l’histoire. Aujourd’hui mon garçon ne va pas à l’école mais au parc, il se fait embêter, on lui tire les cheveux, on lui pique ses affaires, on le pousse, on le mord, donc je suis déjà un peu confrontée à tout cela. Pour le rôle, je suis donc partie d’une vraie sincérité, et j’ai forcé le trait quand il y avait des situations vraiment poussées dans la comédie.
L’enseignante a un peu le mauvais rôle dans ce film, elle ne remarque pas le harcèlement dont est victime un de ses élèves…
Non, elle n’a pas le mauvais rôle. Elle a le rôle d’une institutrice, pour qui il est très compliqué de gérer les trente élèves de sa classe, plus les soixante parents autour. Quand je vais la voir, affolée, pour lui raconter qu’on a piqué le goûter de mon fils, c’est moi qui suis ridicule, ce n’est pas la prof ! Elle lui répond justement : « calmez-vous, madame Frobert, on lui a juste volé son goûter », elle me recommande de voir comment la situation évolue, et je trouve qu’elle a raison. C’est mon personnage qui en fait des tonnes. L’institutrice a ce côté très mature que Fanny n’a pas du tout.
Mais elle ne voit pas que le petit se fait harceler…
Elle ne le voit pas, le père ne le voit pas non plus, souvent quand les enfants sont victimes de harcèlement, personne ne le voit. C’est là où il est difficile de comprendre ce que subissent les enfants à l’école parce qu’en général, ils ne mettent pas de mots dessus. Il y a des signaux qu’on peut parfois détecter, comme le fait qu’ils ne veulent plus aller à l’école, mais sinon c’est très difficile de le voir.
Avez-vous vous-même été confrontée au harcèlement scolaire ?
Il y a différents degrés de harcèlement scolaire. Je n’ai pas vécu l’enfer que vit mon petit garçon dans le film mais j’ai été embêtée, comme beaucoup d’enfants à l’école. C’est pour ça qu’il est important d’être à l’écoute et d’essayer de communiquer avec son enfant pour savoir s’il se sent bien, s’il se sent accepté par les autres. Dans une cour de récréation c’est un peu la guerre. On se moquait de moi parce que j’étais petite, par exemple. Certes, ça n’a pas beaucoup changé aujourd’hui, j’ai toujours la même taille !
Avez-vous eu des retours d’enseignants lors des avant-premières ?
On a rencontré une enseignante vraiment géniale, qui voulait absolument qu’on montre le film dans les écoles. Le film est gentil parce qu’on voulait en faire un divertissement familial, mais le harcèlement peut aboutir à des situations dramatiques. C’est pour cela que l’enseignante souhaitait que le film soit diffusé dans les écoles, pour montrer aux enfants qu’il faut oser en parler, et aux parents qu’il faut être vigilants.
Le point de vue des parents sur le harcèlement n’est pas souvent abordé dans les films. Avez-vous eu un retour des parents ?
Il y a des parents qui pleurent, parce qu’ils se disent que ce qui arrive à ce petit garçon peut arriver à leurs enfants. Ce qui est drôle, c’est qu’ils viennent aux avant-premières pour faire plaisir à leurs enfants et finalement, eux aussi trouvent ça super. Parce qu’au final, au-delà du harcèlement scolaire, ce que le réalisateur a voulu montrer, c’est qu’une maman est prête à faire n’importe quoi pour ses enfants.
J’ai vu le film : » Ma Reum « plein d’enseignement pour les parents et les enseignants contre le harcèlement des enfants à l’école
Film très mignon qui ne casse pas trois pattes à un canard. Semble plaire aux tout jeunes (moins de 12 ans). Admettons qu’il était nécessaire d’aborder le sujet, mais cette fiction semble tournée dans le monde rêvé des prospectus immobiliers de la banlieue ouest de Paris. Pas un pissenlit sur les pelouses, des fleurs partout, des mères « canon » et « classieuses », quasiment aucun physique exotique, une forte homogénéité sociale et ethnique … un vrai décalque des USA prospères (mais fictifs) du temps de Kennedy, sans SDF, sans noirs, sans chômeurs, sans problèmes sociaux, mais adapté à l’immobilier français pavillonnaire et riquiqui.
On attend maintenant un film plus réaliste, donc beaucoup plus brutal, qui n’aurait pas peur de mettre les pieds dans le plat en abordant de front le sexisme, la délinquance, le racisme, les irrémédiables faiblesses de certains élèves, le crypto-fascisme de certaines familles ainsi que l’envahissante religiosité de certains. Cela doit être possible tout en gardant une bonne dose d’humour. On attend donc avec impatience un « reum 2 » nettement moins irénique.