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Alors que les résultats du Bac approchent (ils sont prévus pour vendredi 6 juillet), des profs de philosophie de plusieurs académies (Paris, Amiens, Orléans-Tours, Créteil, Versailles) ont adopté des motions dans lesquelles ils appellent à une “rétention des notes” (durant 24 heures), en protestation face au “nouveau Bac” prévu pour 2021. Des rassemblements devant chacun de leurs rectorats, ainsi que devant le ministère de l’Éducation nationale, sont aussi prévus ce mardi 3 juillet.

Il s’agit d’une action symbolique, puisqu’elle ne devrait pas retarder les résultats du Bac : “la remise des notes est prévue mardi midi. Les correcteurs mobilisés ne les rendront donc que mercredi. Mais je doute que cela retarde, réellement, les jurys de délibération convoqués jeudi. Ni même la remise des résultats définitifs, vendredi”, indique Nicolas Franck, président de L’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (Appep), au Monde. Comme l’expliquent deux enseignants correcteurs, l’objectif est surtout “d’attirer l’attention des médias”, et de “se faire entendre, en faisant peur”.

« Une réforme du Bac qui conduirait à marginaliser la philosophie »

Copies notées © Andrzej Wilusz - Fotolia.com

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Restent les motifs de la contestation des professeurs de philo et de l’Appep, qui réclame une “remise à plat de la réforme du lycée” et du baccalauréat. Comme nous l’expliquait Nicolas Franck en avril dernier, “avec la réforme qui s’annonce, notre discipline est fortement menacée. Tout d’abord parce que l’épreuve de philosophie aura lieu en juin, à la différence des épreuves de spécialité qui seront passées au printemps. Ce qui veut dire qu’en juin, les élèves ne viendront au lycée que pour réviser la philosophie et leur grand oral… Cerise sur le gâteau, leurs notes à ces épreuves ne compteront pas dans leur orientation post-bac, puisqu’elles sont obtenues trop tardivement, de quoi démotiver fortement les élèves”. Et d’alerter aussi sur la création d’une spécialité “Humanités, Littérature et Philosophie”, seule spécialité dans laquelle la philosophie serait présente en terminale, et qui “ne serait ni de la littérature, ni de la philosophie.”

Dans leurs motions, les enseignants de philo ne disent pas autre chose, en dénonçant une réforme qui “conduirait à marginaliser” leur discipline. “L’épreuve de philosophie aura lieu un mois et demi après que les élèves auront déjà validé 82 % de leurs notes. Le calendrier du nouveau Bac éparpillera donc les épreuves et posera des problèmes d’assiduité ; un coefficient ne représentant plus que 8 % de leurs résultats récompense bien mal l’investissement demandé aux élèves tout au long de l’année ; la disparition des séries et l’organisation des enseignements autour d’un tronc commun aura pour effet une dégradation des conditions d’études ; la réussite des élèves dans leurs études supérieures est menacée par la réduction des choix de spécialités proposées en Terminale ; enfin, malgré les promesses de décloisonnement, la présence de la philosophie dans la seule spécialité Humanités, Littérature et Philosophie revient à la réduire à une discipline uniquement littéraire, ce qu’elle n’est pas”, écrivent-ils.

Les correcteurs demandent finalement dans leurs motions un “ajournement de l’application de la réforme” du lycée, ainsi que “l’élaboration d’un nouveau projet après concertation réelle avec l’ensemble des enseignants”. Selon Le Monde, l’Appep, qui soutient les revendications des enseignants frondeurs, mais pas “leur méthode” de protestation, n’aurait “plus été reçue par le cabinet de Jean-Michel Blanquer depuis l’officialisation de la réforme du Bac”.