
© Monkey Business – Fotolia
En plus du traditionnel stage (obligatoire) d’observation en entreprise de 3e et des mini-stages durant les vacances scolaires, les collégiens et les lycéens devraient bientôt pouvoir effectuer également un autre stage, d’une journée par an, s’ils le désirent – en 4e, 3e, Première et Terminale.
L’amendement n° 1185, voté le 14 juin dans le cadre de l’examen du projet de loi pour « la liberté de choisir son avenir professionnel » (avec l’avis favorable de Jean-Michel Blanquer), a pour objectifs « d’encourager une part d’initiative de la part des élèves dans la découverte métier », et de leur permettre de découvrir un peu plus le monde du travail. Cette journée annuelle en entreprise, facultative, s’effectuera à la place d’un jour de classe : ainsi, il sera soumis à l’approbation du chef d’établissement, à chaque fois.
« L’idée est d’encourager l’initiative individuelle de l’élève et de renforcer l’information des élèves sur les métiers », a expliqué la députée Catherine Fabre (La République En Marche), à l’origine de l’amendement, lors de la séance à l’Assemblée, dont on peut lire le compte-rendu sur le site de l’institution.
« Vous pensez vraiment que c’est cela la révolution en matière de politique d’orientation ? »
Cette mesure a été vivement critiquée par plusieurs députés de droite et de gauche. Suite à la proposition de Catherine Fabre, le député LR (Les Républicains) Fabien Di Filippo, ancien cadre du groupe Auchan, a par exemple partagé sa surprise : « je me demande si on est bien sérieux… Revenons un peu dans la réalité ! Vous allez permettre à un enfant de manquer l’école pendant une journée, en considérant que, parce qu’il sera allé observer un métier chez un copain de ses parents ou quelqu’un qu’il connaît dans une association, il sera éclairé sur son orientation ? Vous pensez vraiment que c’est cela la révolution en matière de politique d’orientation ? »
« C’est complètement absurde, on nage en plein délire. Vous ne pouvez pas vendre cette promesse à nos enfants, en leur faisant croire qu’ils seront mieux orientés. Une journée par an ! Et vous leur faites manquer l’école ! Cela signifie donc qu’il va devoir la rattraper ensuite… Ce n’est vraiment pas sérieux ! », a-t-il ajouté, avant d’être applaudi par des députés de droite comme de gauche.

© Monkey Business – Fotolia
Jean-Paul Lecoq, député communiste, a ensuite interpellé Catherine Fabre : « vous voulez faire connaître le monde des entreprises ? Peut-être ne le connaissez-vous pas très bien vous-même. Dans ma ville (Le Havre), il n’y a quasiment que des industries chimiques. Et le rêve de beaucoup des gamins, c’est d’aller travailler dans la grande usine locale, parce qu’on y est bien payé et parce que papa y travaille déjà. Sauf qu’à leur âge, il est hors de question qu’ils y mettent les pieds, parce que c’est interdit ! Tout ce qu’ils verront, donc, c’est certaines catégories d’entreprises : le commerce, la boulangerie, des bureaux. »
Selon lui, « d’autres démarches que mènent certaines écoles, qui font par exemple venir des parents pour expliquer à la classe le métier qu’ils font », ont « davantage de sens ».
« Permettre aux élèves de se faire une idée plus concrète de certains métiers »
Défendant sa proposition d’amendement, Catherine Fabre, qui est agrégée d’économie et ex-maître de conférences en gestion des ressources humaines à l’Institut d’Administration des Entreprises de Bordeaux (IAE), a répondu qu’il était « plus facile d’accueillir un élève un jour, à des fins d’observation, pour avoir une illustration de ce qui se fait dans l’entreprise« . L’idée, explique-t-elle, « c’est que cette journée soit l’aboutissement de tout le travail de réflexion autour de l’orientation qui aura été mené pendant le parcours personnalisé d’orientation à l’école ». Selon la députée, « l’intérêt est d’ouvrir l’horizon des jeunes, au-delà des métiers qu’ils connaissent spontanément du fait de leur environnement familial ou parce qu’ils sont plus connus, comme ceux de boulanger ou de vendeur, et de leur permettre de se faire une idée plus concrète de métiers dont ils ont entrevu l’existence lors de leur parcours d’orientation. »

© goodluz – Fotolia
Patrick Hetzel, député LR, mais aussi ancien recteur de l’Académie de Limoges et ex-conseiller éducation de François Fillon, a également interrogé Jean-Michel Blanquer : « vous avez été recteur d’académie, directeur général de l’enseignement scolaire ; vous êtes aujourd’hui ministre de l’éducation nationale ; vous savez que la question de l’absentéisme est essentielle et qu’il faut lutter contre. Or, vous acceptez le fait qu’un élève pourra sécher une journée de cours pour aller en entreprise ? »
La députée La République en marche Cécile Rilhac, ancienne professeure d’EPS et ex-principale adjointe d’un collège en Seine Saint Denis, a de son côté défendu l’amendement n° 1185 : « lorsque des jeunes commencent à découvrir le monde de l’entreprise ou qu’ils se rendent compte que le système scolaire n’est pas adapté à eux, à un certain moment, le fait de pouvoir les faire sortir, accompagnés, tutorisés dans une entreprise, pour qu’ils puissent aller voir ce que c’est et voir autre chose, cela me semble intéressant ».
Véronique Hammerer, également députée LREM, et assistante sociale de formation, a ensuite partagé sa propre expérience : « il existe déjà, bien entendu, des conventions. Ma fille, en quatrième, a souhaité pendant les vacances de Pâques découvrir le monde d’une crèche. Parce qu’elle était dans un collège intelligent, avec un principal qui avait mis les choses en place, elle a pu faire son stage de quatre jours. En troisième, elle a voulu découvrir l’hôpital. En seconde, elle est partie pendant ses vacances pour découvrir un autre système, puisqu’elle veut être puéricultrice. Des choses existent. Une journée, cela vous paraît ridicule. Mais si des jeunes vous disent qu’ils ont envie de découvrir tel ou tel domaine, on aura gagné quelque chose. »
A Fabien Di Filippo, qui lui a demandé ce que les jeunes stagiaires « pourront bien retenir en une seule journée », la députée a affirmé qu’en fonction de la façon dont « les jeunes se mobiliseront dans le cadre de cette expérimentation », la durée de l’observation devrait pouvoir être adaptée et allongée. « Laissons faire les jeunes et offrons-leur cette expérience intéressante ! », a-t-elle conclu.
Et vous, enseignants, qu’en pensez-vous ?
Une journée en entreprise sera inopérante. Quand on sait à quel point le mini stage en entreprise de cinq jours durant la troisième est souvent une immense déception pour le jeune. Le plus souvent placé en observation, il s’ennuie. On aura le même problème sur une journée. Et un jeune, ce qu’il veut, c’est être en activité, qu’elle ait du sens. Et quelles entreprises vont ouvrir leur porte ? Certes certains jeunes tireront profit de cette journée mais ce sont ceux dont la famille a un réseau. Famille en capacité d’accompagner la démarche. L’exemple donné par Cécile Rilhac n’est pas un argument mais un simple témoignage qui n’a de valeur qu’à ce titre. De plus, c’est un témoignage d’une famille d’un milieu socioprofessionnel privilégié. On est dans une démarche individualiste qui place les très jeunes adolescents en situation de compétition pour se construire un parcours de découverte professionnelle. Combien de fois,doit-on intervenir sur les stages d’élèves de troisième pour rappeler à l’employeur la nécessité de s’occuper du jeune. La venue de professionnels dans les classes, comme c’est dit dans l’article, est une approche plus intéressante car elle multiplie les contacts pour tous les élèves. Elle est l’occasion d’échange et de débat avec le groupe classe quand cette intervention est bien préparée pédagogiquement. Cela est exploitable par un enseignant au bénéfice de tous. Plus intéressant serait l’idée de créer un réseau d’entreprises diversifiées partantes pour construire avec les partenaires de l’école un parcours fléché de découverte qui serait proposé à tous les élèves. Je ne sais pas si les collèges sont en mesure de se saisir du portfolio qui est un formidable outil quand il est bien exploité.
Pour avoir été confronté à un arrêt des cours en mai pour libérer le lycée pour le bac, des parents d’élèves de seconde du Lycée Marie Curie d’Echirolles se sont mis à la recherche d’un stage. Les entreprises ou administrations sollicitées ont demandé un contrat de stage, ce qui a été refusé par le proviseur du lycée, conformément à la position de son syndicat. Cette possibilité est offerte aux proviseurs de lycée technique, pas de lycée général !
Si l’on comprend que le lycéen qui s’oriente en première ou terminale générale n’a de la vie professionnelle que son expérience d’une semaine en troisième, celle de ses parents et celui de professeur, cela donne une piètre image de l’offre d’activités qui l’attend. A quand la possibilité de commencer de travailler pendant les vacances scolaires, comme cela se faisait il y a quelques dizaines d’années ? Cela ouvrait les yeux des adolescents sur le travail manuel, et valorisait les adultes qui les encadraient !
Bonjour,
Je suis une fille de 13 ans et je veut être infirmière.Je passerais le stage d’observation de 3e l’année prochaine.
Je veux être pendant mon stage à l’hôpital.J’ai entendu parler que c’était INTERDIT de faire le stage de 3e a l’hôpital.Je voudrais savoir si le stage est possible à l’hôpital?Et si c’est possible, que vais je faire comme boulot pendant le stage?
SVP RÉPONDEZ , MERCI