Démonstration Feldenkrais – Centro Culturale Khatawat – Flickr
Qu’est-ce que la méthode Feldenkrais ?
La méthode Feldenkrais n’était pas conçue au départ pour travailler uniquement la voix. C’est une méthode holistique, d’approche de la personne dans sa globalité, aussi bien corps qu’esprit. Elle propose des expériences sensori-motrices très inhabituelles, qui se pratiquent soit en séance collective, un peu comme le yoga, soit en séances individuelles.
Lors des séances, les participants sont mis en situation avec des mouvements inhabituels, coordonnés avec de la respiration, des mouvements des yeux, des mains, des pieds… Ce ne sont pas du tout des étirements, du stretching, on ne cherche pas à aller au-delà de ses possibilités physiques, ce sont des mobilisations articulaires et musculaires douces.
On peut considérer aussi que c’est une forme de méditation, de voyage corporel, car on travaille aussi en imagination, on ne fait pas toujours des mouvements réels. Pour se préparer mentalement, les grands sportifs, comme les perchistes ou les skieurs, visualisent leur mouvement, leur trajet avant de se lancer. On utilise le même principe en Feldenkrais : dans une immobilité très active, on imagine un mouvement, et on s’aperçoit que lorsqu’on le réalise, il est beaucoup plus fluide, beaucoup plus intégré qu’il n’était en première intention.
En quoi cette méthode peut-elle être utile pour un enseignant ?
Les problèmes de voix chez les enseignants sont parfois dus au stress et à la surcharge émotionnelle. C’est un vrai métier de marathonien. C’est déjà compliqué de parler plus de 2h d’affilée, or les enseignants parlent toute la journée, 6h par jour ! Il y a un engagement physique qui est réel.
Le stress est vraiment un élément en plus qui va faire que la voix ne va pas tenir. Cette fragilité, due à des situations compliquées à l’école, ou à des soucis personnels, fait que la voix va être mise à mal. La voix est un juste équilibre, il en faut très peu pour que ça déraille.
Pouvez-vous donner quelques exemples d’exercices ?
Dans ma pratique, avec des directions verbales et parfois par le toucher, je vais proposer à la personne d’expérimenter, de ressentir. On va travailler beaucoup sur la détente de la région cervicale où se trouve le larynx, pour que le larynx soit plus libre de vibrer comme il faut, on fera des séances autour de la mâchoire, de la mobilité de la langue. Il y aura aussi des séances plus globales sur la mobilité du bassin, qui entraîne toute la mobilité de la colonne et donc une meilleure posture. Tout ça va permettre d’utiliser, que ce soit dans la parole spontanée ou la parole projetée comme dans des situations d’enseignement, une aisance et de nouvelles possibilités.
Sans remettre du tout en cause la méthode Feldenkrais, je suis en désaccord avec l’affirmation, posée comme une évidence que « les enseignants parlent toute la journée, 6 h par jour ». C’est là une vision archaïque de la pédagogie.
On peut enseigner mieux eu parlant peu… En parlant continuellement, l’enseignant se fatigue, fatigue les élèves et empêche les élèves d’apprendre. Le mathématicien et pédagogue Caleb Gattegno a développé une approche originale, applicable dans toutes les disciplines, basée sur un certain silence de l’enseignant, qui évite d’interférer dans l’apprentissage de l’élève. Pour l’pprentissage des langues, cette approche s’appelle « Silent Way ». Pour plus d’infos, voir l’article « Caleb Gattegno » sur Wikipedia