Pourquoi la MGEN a-t-elle souhaité créer une application dédiée à la voix ?
Pour les enseignants, la voix est beaucoup plus qu’un outil corvéable à merci, c’est un véritable instrument de travail. Je suis à l’origine artiste lyrique, j’ai eu des problèmes de voix, et je connais très bien cette frustration de ne pouvoir s’exprimer comme on le souhaiterait.
J’ai donc fait prendre conscience à la MGEN de la nécessité de s’occuper de ce problème. Nous avons créé l’application Vocal’IZ simultanément avec un parcours de 10 formations hébergées sur M@gistère, la plate-forme d’e-enseignement de l’Education nationale. Ce parcours, qui s’intitule Optimiser et protéger ma voix, est hébergé en national et chaque académie peut le télécharger. Il est piloté par une orthophoniste du réseau de praticiens MGEN et par une conseillère pédagogique d’éducation.
Vocal’IZ, quant à elle, n’est pas un outil professionnel. C’est une application tout public, gratuite, accessible sur téléphone Android et sur Iphone.
Pouvez-vous présenter cette application ?
Elle a été élaborée en collaboration avec l’Ircam (institut de recherche sur l’acoustique musicale), et la Fédération nationale des orthophonistes.
Elle débute par un questionnaire de forme vocale, afin notamment de réorienter les personnes qui présentent un risque vocal trop important vers un médecin ou un phoniatre.
L’application propose différents programmes de coaching vocal. Par exemple, Bien utiliser sa voix face à un public, Entretenir sa voix au quotidien, Maîtriser son souffle ou encore Travail de la posture.
On y fait notamment beaucoup travailler la voix chantée, car certains enseignants nous confient qu’ils n’arrivent pas à moduler leur voix et se plaignent d’endormir les élèves quand ils parlent. Or on peut apprendre à moduler sa voix en chantant.
L’application permet également de définir sa « carte d’identité vocale », valable à l’instant T. Elle donne par exemple la catégorie vocale de l’utilisateur (ténor, baryton…), la hauteur moyenne de sa voix, ou encore son timbre (riche, équilibré, pauvre en harmonies…).
Quels conseils pouvez-vous donner à un enseignant souffrant de problèmes de voix ?
Il faut absolument que les enseignants comprennent le fonctionnement de leur voix. Je les invite à la considérer comme un muscle qui s’entraîne. Quand on passe, après les grandes vacances, d’une utilisation « normale » de la voix pendant deux mois à une utilisation que l’on appelle supra-physiologique, avec une charge vocale énorme, sans avoir préparé le muscle, on peut s’attendre à des problèmes de voix dès le mois de novembre.
Pour se préparer avant la rentrée, les enseignants peuvent faire les exercices de l’appli, mais aussi, 15 jours avant la rentrée, s’entraîner à parler à haute voix, faire l’appel, chanter…. Ceci au moins 10 minutes par jour.
Ensuite, ils peuvent réaliser un petit entraînement vocal 5 à 10 minutes tous les jours après la rentrée, en pratiquant par exemple les exercices proposés dans l’application.
Il faut aussi qu’ils comprennent qu’un muscle se repose ! Toutes les heures et demi, il faudrait mettre leur voix au repos, ne serait-ce que 5 minutes. Et donc, je leur conseille d’établir leur programme pédagogique en fonction de la résistance de leur voix.
Et ils ne doivent pas hésiter non plus à se sonoriser en période d’aphonie !
Il est scandaleux que cette application ne fonctionne que sur aussi peu d’appareils. On devrait pouvoir télécharger une application sur ordinateur !
Quant à moi, je préfère remercier les personnes à l’origine de cette initiative plutôt que d’aller leur chercher des poux dans la tête.
Vous n’avez pas de téléphone ?
Allons… bon… Il vous suffit d’installer un émulateur (Memu par exemple).
Quel type de sonorisation portative peut-on utiliser en classe, sans rester bloqué(e) au bureau ? Merci de votre réponse.